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"Enfin libérés!": dans la grande cour de la Faculté de lettres de l'Université de Damas, des centaines d'étudiants en liesse piétinent dimanche une statue, symbole de l'ancien pouvoir, une semaine après la chute de la capitale.
"L'ambiance est extraordinaire, tout le monde est heureux, regardez la joie des gens", s'exclame Rinad Abdallah, une étudiante en médecine de 18 ans.
Devant elle, la statue de plusieurs mètres de Hafez al-Assad, qui a régné sans partage sur la Syrie de 1971 à 2000 avant que son fils lui succède, a été jetée à terre.
"J'ai une ancienne photo où je pose devant la statue, maintenant je vais prendre la pose au même endroit, sans la statue!", lance la jeune femme en riant.
Le doyen de la faculté, le Dr Alia Allaham, indique à l'AFP que les cours ont repris dimanche avec la présence d'environ 80% des employés et un "grand nombre" d'étudiants.
"C'est un moment qu'on attendait depuis tellement longtemps. Et puis, il n'y a plus cette statue qui nous oppressait par sa présence", affirme Yasmine Chehab, une étudiante en littérature anglaise de 29 ans.
"On se sent enfin libérés! On peut enfin dire ce qu'on pense sans avoir peur", poursuit l'étudiante qui se dit confiante dans l'avenir de la Syrie.
"Il y aura une place pour toutes les communautés, qui avanceront main dans la main", ajoute-t-elle.
Des milliers d'étudiants se sont dirigés, dans une manifestation spontanée, en direction de la place centrale des Omeyyades où les Syriens célèbrent depuis une semaine la chute de Bachar al-Assad.
Le Premier ministre Mohammad al-Bachir, chargé de la transition en Syrie, avait assuré mercredi que la coalition menée par les islamistes de Hayaat Tahrir al-Sham (HTS) garantirait les droits de tous, dans un pays multiethnique et multiconfessionnel.
- Des drapeaux partout -
Les écoliers aussi, certains en uniforme, ont repris dimanche les cours à Damas, pour la première fois depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, selon des journalistes de l'AFP.
Sur le chemin de l'école, des filles font le signe de la victoire. L'une d'entre elles a dessiné le drapeau à trois étoiles sur sa joue. D'autres brandissent fièrement des drapeaux qui flottent au vent.
"L'école nous a (...) demandé d'envoyer les élèves de collège et lycée en cours. Les plus jeunes reprendront dans deux jours", a indiqué à l'AFP Raghida Ghosn, 56 ans, mère de trois enfants.
A l'intérieur d'une salle de classe, rien n'a beaucoup changé, ou presque. Un grand drapeau, symbole de la révolution, a été accroché au mur.
Selon un employé d'une école publique, le taux de fréquentation dimanche "ne dépasse pas les 30%", mais "les chiffres devraient augmenter progressivement".
La vie a aussi repris son cours dans les commerces et les entreprises et des habitants se sont rendus à leurs bureaux dès les premières heures de la journée.
Devant une boulangerie du quartier résidentiel et populaire de Rokn-Eddine, une dizaine de personnes faisait la queue, dans le calme, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sur les trottoirs, des vendeurs ambulants proposent des bidons d'essence aux habitants, qui souffrent de la pénurie de carburants.
A Damas, comme partout en Syrie, les coupures de courant répétées sont fréquentes. Elles privent les habitants de longues heures d'électricité, allant parfois jusqu'à 20h par jour dans certains quartiers.
Ch.Siegenthaler--NZN