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Des coups de feu retentissent dans la salle de classe. Des élèves, couverts de sang, hurlent tandis que des agents tentent d'appréhender l'auteur des tirs. La scène se déroule dans une école de Floride et est, heureusement, fictive.
Une centaine de policiers et de secouristes ont participé cette semaine à cet entraînement destiné à les rendre plus efficaces en cas d'intrusion d'un tireur dans un établissement scolaire.
Ce type d'exercice très réaliste - avec fausses blessures, armes en plastique et élèves volontaires - existe de manière marginale aux Etats-Unis depuis quelques années mais connaît un regain d'intérêt depuis le fiasco policier du 24 mai dans une école du Texas.
Ce jour-là, un jeune homme, armé d'un fusil semi-automatique, a tué 19 enfants et deux enseignantes. Les 400 agents avaient attendu 73 minutes avant d'entrer dans la salle de classe où le tueur s'était retranché avec ses victimes, une réponse "chaotique" selon les élus locaux.
A Miami, "notre règle est que le premier policier arrivé sur place aille au contact du tireur", explique à l'AFP Carlos Fernandez, de la police scolaire du district. "Tout est fait pour sauver des vies."
La plupart des forces de police américaines ont aujourd'hui la même approche, mais cela n'a pas toujours été le cas. Jusqu'à l'attaque du lycée de Columbine en 1999 (13 morts), la norme était d'attendre l'arrivée d'unités d'élite, relève le major Fernandez.
- Traumatisant -
Dans le cadre de l'exercice à Hialeah, dans la banlieue de Miami, l'assaillant est neutralisé trois minutes après les premiers tirs - tous tirés à blanc.
Jaillissant de voitures garées dans la rue, des renforts entrent en courant dans l'établissement et fouillent une à une les salles de classe et les toilettes.
Une fois les vérifications terminées, les pompiers entrent à leur tour dans le bâtiment pour évacuer les "blessés", quatre élèves couverts de faux sang qui font semblant d'avoir été touchés.
En ce jour d'été, en plein milieu des vacances scolaires, une trentaine d'adolescents se sont portés volontaires pour aider les policiers et les pompiers à s'entraîner.
Le reste de l'année, les élèves des écoles publiques sont obligés, dans 40 des 50 Etats américains, de participer aux exercices "alerte-intrusion", qui consistent le plus souvent à se barricader en silence.
Dans un pays régulièrement confronté à des fusillades meurtrières, ces exercices sont censés les aider à rester calme face au pire. Certains craignent toutefois qu'ils fassent plus de mal que de bien.
Everytown for Gun Safety, une association qui milite pour des régulations plus strictes sur les armes à feu, a étudié l'an dernier les conversations sur les réseaux sociaux des élèves de 114 écoles, 90 jours avant un exercice et 90 jours après.
Elle en a conclu que la simulation avait augmenté le stress, l'anxiété, les sentiments dépressifs des enfants.
- "Rendre nerveux" -
Les exercices de confinement sont "déjà effrayants" mais les simulations d'intrusion qui ressemblent à de vraies tueries "sont bien pires", ajoute l'ONG Sandy Hook Promise, créé par des parents d'enfants tués dans une école du Connecticut en 2012.
"Quand les élèves font un exercice incendie, on ne simule pas un feu, parce que ça traumatiserait les participants et mettrait l'école en danger. Ca devrait être pareil pour parer au risque d'intrusion", dit-elle.
Mais ces exercices sont destinés à entraîner les policiers, pas les élèves, et il est indispensable qu'ils soient réalistes, rétorque le chef de la police scolaire du district de Miami-Dade, Edwin Lopez.
"Notre objectif est de rendre les agents aussi nerveux que possible. Et cela implique des cris d'élèves, des alarmes incendie qui se déclenchent, de la fumée, du bruit ou de vrais coups de feu", explique-t-il après l'exercice à Hialeah.
Quant à ceux pour qui ces simulations pourraient donner des idées aux élèves instables, il assure ne voir "aucun risque". Au contraire, dit-il, cela montre "à quiconque pense à nuire à nos écoles, à nos enfants, le niveau exact de force que nous allons utiliser contre eux".
A.Ferraro--NZN