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Le président français Emmanuel Macron a plaidé pour un "choc de financement public" face à la crise climatique et la pauvreté, devant une quarantaine de chefs d'Etat ou de gouvernement réunis jeudi à Paris pour débloquer la refonte du système économique mondial.
Emmanuel Macron, hôte de ce "sommet pour un nouveau pacte financier", prévu jusqu'à vendredi, a appelé à une "mobilisation générale".
"Nous devons assumer un choc de financement public", a-t-il déclaré à l'ouverture, notant qu'il y avait "beaucoup d'argent" mais pas forcément au "service des progrès de la planète".
Mia Mottley, la Première ministre de la jeune république de la Barbade, a reçu de nombreux applaudissements après avoir exigé une "transformation absolue" du système financier, et pas seulement "une réforme". La Barbabe, île des Caraïbes, fait partie des pays parmi les plus vulnérables au changement climatique.
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a de son côté renouvelé ses appels au changement, estimant que "l'architecture financière internationale a failli".
Les règles régissant l'allocation des fonds du Fonds monétaire internationale (FMI) ou de la Banque mondiale "sont devenues profondément immorales" et "l'immobilisme n'est pas une option", a-t-il plaidé.
- Minute de silence -
Les travaux au palais Brongniart, dans le centre de Paris, ne doivent pas déboucher sur des décisions concrètes mais bénéficient du poids du parterre des invités : le président brésilien Lula sera présent ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.
Washington fera "pression" pour que les créanciers des pays pauvres et en développement participent aux négociations pour restructurer leurs dettes, a indiqué Mme Yellen.
La Chine, notamment, l'un des principaux créanciers mondiaux, est régulièrement pointée du doigt pour son manque de participation à un cadre commun de restructurations avec les pays occidentaux.
Pékin est représentée à ce sommet par son Premier ministre Li Qiang.
Pour l'Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane est présent. Une vingtaine de dirigeants africains sont également là, dont plusieurs ont récemment haussé le ton contre les pays riches, plus prompts à verser des milliards pour soutenir l'Ukraine en guerre.
Rupture dans la succession des discours officiels, les dirigeants ont respecté jeudi matin une minute de silence à l'appel de la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate, "pour toutes celles et tous ceux qui souffrent déjà et qui ont faim, qui sont déplacés, qui quittent l'école".
Elle a appelé à "une sortie équitable des énergies fossiles", s'en prenant frontalement aux profits des compagnies pétrolières occidentales.
L'idée du sommet a germé en novembre lors des négociations climat de la COP27 en Egypte, dans le sillage d'un plan présenté par Mia Mottley. Sa voix a ravivé l'espoir de voir avancer ce sujet, qui gêne les négociations climatiques entre les pays pauvres et les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre.
L'objectif du sommet est de rénover en urgence l'architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du FMI et de la BM.
L'accès à leurs financements est jugé difficile par les pays en développement, alors que leurs besoins sont immenses pour affronter canicules, sécheresses et inondations, mais aussi pour sortir de la pauvreté tout en s'affranchissant des énergies fossiles et en préservant la nature.
- Taxation maritime -
Parmi les nombreuses idées en débat, celle d'une taxe internationale sur les émissions carbone du transport maritime a le vent en poupe.
Les dirigeants mondiaux évoquent d'autres taxations, mais aussi des réformes institutionnelles, la restructuration des dettes des pays pauvres, un renforcement du rôle du secteur privé...
La suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle est fortement soutenue par Mia Mottley. "Il y a neuf mois, personne ne parlait de clauses de désastre naturel", s'est-elle félicitée jeudi.
Les pays riches seront mis face à leur promesse de financer 100 milliards de dollars (91 milliards d'euros) par an pour aider les pays pauvres face au réchauffement. Une promesse censée être tenue cette année, avec trois années de retard qui ont profondément diminué la confiance entre le Nord et le Sud.
Les banques multilatérales de développement seront aussi appelées à prêter davantage, quelques mois après l'annonce de la mobilisation de 50 milliards de dollars sur dix ans par la Banque mondiale.
Son nouveau président, Ajay Banga, a annoncé jeudi que la banque allait élargri "la boîte à outils" de l'aide internationale et proposer de nouveaux instruments.
W.O.Ludwig--NZN