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Après trois jours de propagation incontrôlable des flammes, les pompiers continuent de lutter samedi contre l'immense incendie sur l'île de Tenerife, "le plus complexe" des quatre dernières décennies pour l'archipel espagnol des Canaries, et s'attendent à de nouvelles complications dans la journée en raison de la chaleur et du vent.
Vendredi, les opérations de lutte contre l'incendie "ont bien progressé même si le feu reste incontrôlable", a déclaré le président du gouvernement régional des Canaries, Fernando Clavijo, lors d'un point vendredi soir avec les journalistes.
Plus de 225 pompiers continuent à être mobilisés durant la nuit de vendredi à samedi pour lutter contre l'incendie, qui a déjà affecté 10 municipalités, a indiqué Montserrat Román, cheffe du département de la protection civile de l'archipel situé au large des côtes ouest de l'Afrique.
Samedi, 19 unités aériennes seront déployées pour poursuivre les opérations qui risquent de se compliquer en raison des températures élevées et de "fortes rafales de vent", selon Mme Román.
- Levée partielle du confinement -
A la mi-journée de vendredi, les autorités avaient constaté "une évolution favorable" sur le front principal de l'incendie qui s'était "comporté durant la nuit de manière plus normale", avait dit Mme Román, permettant de rendre le travail des pompiers moins difficile.
"Les deux nuits précédentes, nous avions observé des vents, des températures et un comportement même de l'incendie assez inhabituels", avait déclaré M. Clavijo.
Bien que le taux d'humidité ait augmenté dans la nuit de jeudi à vendredi et que les vents se soient calmés, permettant de faciliter les opérations, les météorologues ont averti que le mercure allait de nouveau flamber durant le week-end à Tenerife.
L'amélioration de la situation vendredi a cependant permis d'alléger le confinement des environs de La Esperanza, localité située à proximité du flanc nord de l'incendie, où se concentrent les efforts des pompiers.
Des lits de camp ont été installés par la Croix-Rouge dans un gymnase de la commune de La Orotava pour accueillir les déplacés, a constaté une photographe de l'AFP. A l'extérieur, des animaux ont aussi été recueillis par des associations.
Le Parc national du Teide, très prisé des touristes, est fermé depuis jeudi soir.
Le nuage de fumée, visible sur les images satellites, a dépassé le sommet du Teide, volcan qui surplombe l'île et point culminant de l'Espagne avec ses 3.715 mètres d'altitude, alors que les principaux foyers de l'incendie se situent sur des collines boisées à une vingtaine de kilomètres en contrebas, à proximité de plusieurs villages.
Depuis la mer, des pans entiers de la forêt sont dissimulés par d'épais nuages de fumée que les vents ne parviennent pas à dissiper, a constaté un journaliste de l'AFPTV.
- L'incendie "le plus compliqué" -
L'île a vécu des incendies plus importants en termes de surface brûlée, notamment en 2007, mais les conditions météorologiques et la topographie de celui-ci ont fait dire jeudi à Fernando Clavijo que l'archipel faisait face à son incendie "le plus compliqué" depuis 40 ans.
L'incendie a créé "ses propres conditions météorologiques", selon les autorités, avec un nuage de fumée de plusieurs kilomètres de haut.
L'incendie survient entre deux vagues de chaleur sur l'île, qui compte de nombreuses zones asséchées, ce qui augmente le risque de feux de forêt.
Selon les experts, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont intensifiés en raison du réchauffement de la planète. Les canicules risquent ainsi d'être plus fréquentes et plus intenses, et leur impact plus étendu.
En 2022, 300.000 hectares ont été détruits par plus de 500 incendies en Espagne, un record en Europe, selon le Système européen d'Information sur les Feux de Forêt (Effis). Plus de 75.000 hectares ont déjà brûlé en 2023 dans ce pays, en première ligne face au réchauffement climatique.
O.Meier--NZN