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L'Adamello, le plus grand glacier des Alpes italiennes, meurt au petit feu du réchauffement climatique: au chevet du manteau nacré, ses gardiens lui donnent moins d'un siècle de vie.
En ce jour clair de la fin août, une étrange "caravane" de scientifiques et de militants écologistes chemine sur les pentes rocheuses du massif d'Adamello-Presanella dont le faîte est le mont Adamello qui culmine à 3.554 mètres.
Ses cirques et ses crêtes furent le théâtre de féroces combats entre chasseurs italiens et austro-hongrois pendant la Première Guerre mondiale, et dégorgent encore aujourd'hui à la fonte corps, fusils et futs d'obus.
Si le temps a étouffé l'écho des armes, il menace désormais de faire disparaître la langue de glace qui descend en méandres vers la vallée Genova.
"Le glacier a perdu près de 2,7 km depuis la fin du 19ème siècle", résume Cristian Ferrari, président de la Commission glaciaire de la Société alpine du Trentin (SAT), monté sur l'Adamello avec un journaliste de l'AFPTV.
"Ces cinq dernières années, le front du glacier a perdu en moyenne 15 mètres par an. Mais pour la seule année 2022, il a reculé de 139 mètres" en raison de conditions atmosphériques particulièrement défavorables.
Comme les autres glaciers alpins, l'Adamello souffre du manque de neige (-50% l'an dernier). La couche de neige est moins épaisse et les températures de l'été - lequel est de plus en plus long - lui laissent moins de temps pour se figer.
Le glacier par ailleurs se fragmente et présente donc des flancs multiples aux agressions du réchauffement.
"Nous lisons les traces du passé, nous lisons les traces du présent et nous constatons que la tendance n'est pas bonne parce que les blocs que nous voyons tomber aujourd'hui transformeront cette partie du glacier en un glacier couvert de débris, et la pente sera déstabilisée", analyse Marco Giardino du Comité glaciologique italien, professeur à l'université de Turin, qui a fait l'ascension.
Depuis quatre ans, l'association de défense de l'environnement Legambiente lance ces "caravanes" de militants sur les glaciers des Alpes italiennes pour sensibiliser les autorités et la population aux conséquences du réchauffement.
Au cours de ces quatre années, explique Vanda Bonario, responsable de l'association pour les Alpes, "nous avons vu un grand nombre de glaciers. Mais l'an dernier nous avons voulu retourner sur les glaciers que nous avions déjà observé deux ans plus tôt, et le changement était incroyable. A cause de la sécheresse et de la chaleur, 2022 a été un annus horribilis".
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), les températures dans cette région des Alpes augmenteront de entre un et trois degrés Celsius en 2050 et entre trois et six degrés à la fin du siècle.
A ce rythme, l'Adamello pourrait disparaître avant la fin du siècle.
D.Graf--NZN