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Le Pas-de-Calais traverse lundi un nouvel épisode pluvieux qui pourrait une fois encore engendrer des crues dévastatrices après une accalmie de 48 heures pendant le week-end, une situation jugée "préoccupante" par la préfecture.
Les précipitations, sur des sols déjà saturés, devraient monter en intensité jusqu'à mardi, journée qui "pourrait être marquée par des pluies importantes et plus intenses", avec "un impact considérable sur les cours d’eau", a souligné la préfecture dimanche soir.
Dans ce contexte, elle a décidé de maintenir fermé lundi et mardi les crèches et établissements scolaires de 279 communes du département. Un total de 388 établissements sont concernés, qui "ne dispenseront pas d'enseignement", a-t-elle précisé. Mais les élèves pourront y être accueillis à chaque fois que cela s'avérera nécessaire notamment pour les parents sans solution de garde".
Le département, qui a déjà subi la tempête Ciaran le 2 novembre, des crues record mardi et des précipitations intenses jeudi et vendredi, sera placé lundi en vigilance jaune pluie inondation, vents violents et vagues-submersion.
"Même si les niveaux des cours d’eau se stabilisent voire diminuent légèrement, une crue importante est en cours sur la plaine de la Lys et la Canche, où des débordements conséquents sont localement observés", a souligné la préfecture dimanche soir. "La tension perdure également sur l'Aa."
La situation reste notamment difficile autour de Saint-Omer et Montreuil, où l'eau continue de bloquer des routes et d'envahir des habitations, contraignant nombre d'habitants épuisés à quitter leur domicile.
A Blendecques, où la plupart des maisons ont subi des dégâts, 80 habitants ont encore passé la nuit de samedi à dimanche dans un centre d'hébergement d'urgence.
"J’ai amené de l'eau, ma fille aussi. Hier, on a amené du café, des vêtements, tout ce qui peut aider", témoigne Joëlle Baudens, bénévole revenue dans son village natal pour donner un coup de main. "Il faut les aider au maximum."
- Les pieds dans l'eau -
"Je suis à 40 cm (d'eau). Je n’ai plus de cuisine, je n'ai plus de dressing, je n'ai plus d'électro-ménager", se désole Pauline Ballenghien, l'une des sinistrées.
"On croise les doigts pour que les pluies à venir soient minimes", témoigne Alain Delplace, agriculteur à Hames-Boucres, au sud de Calais, les pieds dans l'eau depuis cinq jours. "On a paillé beaucoup, beaucoup plus, on a mis cinq, six fois plus de paille qu'habituellement" pour protéger les veaux des intempéries.
D'après le sénateur et vice-président du conseil régional, Franck Dhersin, 10.000 sinistrés ont déjà été recensés. Le bilan est de quatre blessés légers depuis lundi dans le département, selon la préfecture.
Une sexagénaire est par ailleurs décédée à Bailleul (Nord) au volant de sa voiture, retrouvée pleine d'eau samedi dans un fossé inondé, sans que le parquet de Dunkerque ne puisse établir avec certitude un lien avec les intempéries.
Selon la préfecture, 700 foyers restent privés d'électricité et "6.000 clients sont impactés en relai mobile".
Le trafic ferroviaire est interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) sans date de reprise prévue pour le moment. Une soixantaine d'axes routiers restent coupés.
Une partie de la citadelle de Montreuil, datant du XVIe siècle, s'est effondrée vendredi, tout comme un pan du chemin du Cap Blanc-Nez, une falaise située entre Wissant et Escalles, samedi.
Quelque 155 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision attendue mardi.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines. Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses: entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44% de toutes les catastrophes et 31% des pertes économiques.
A.Wyss--NZN