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Tombés en désuétude durant la décennie 2010, les trains de nuit font peu à peu leur retour sur le continent européen, à l'image de la réouverture de l'emblématique Paris-Berlin lundi, qui doit marquer une nouvelle étape dans cette renaissance.
Ministres français et allemand, dirigeants de la Deutsche Bahn, de la SNCF ou encore de la compagnie autrichienne ÖBB... la liste des officiels accrédités pour assister au départ du premier train de nuit depuis la gare de Berlin vers la capitale française atteste de l'importance de l'évènement, neuf ans après l'interruption de cette ligne.
Pour le moment, trois liaisons par semaine sont prévues avec départ les mardis, jeudis et samedis depuis Paris et les lundis, mercredis et vendredis depuis Berlin. Le service doit devenir quotidien à partir d'octobre 2024.
La ligne est opérée par la Deutsche Bahn, la SNCF mais aussi la compagnie autrichienne ÖBB qui fournit le matériel roulant, les fameux "Nightjet", de vieux trains rachetés à la Deutsche Bahn et rénovés par ses soins.
Ils offrent plusieurs options, de la couchette à la place assise en passant par la voiture-lit avec chambre privative pour une, deux ou trois personnes.
- Moins polluant -
Depuis quelques années et face à l'engouement pour des modes de transport moins émetteurs en CO2 que l'avion ou la voiture, plusieurs pays européens, à commencer par la France, ont fait le choix de relancer les trains de nuit.
En 2016, il ne subsistait plus que deux lignes de ce genre en France: l'une allant de Paris vers les Pyrénées - Latour-de-Carol ou Portbou en passant par Toulouse - et Albi et l'autre de Paris à Briançon, dans les Alpes.
La concurrence des vols à bas coût et du train à grande vitesse avait même eu raison de toutes les liaisons internationales entre la capitale française et ses pays voisins.
En Europe occidentale, à l'exception de l'Autriche dont la compagnie nationale a continué d'investir ce secteur en raison de sa position géographique stratégique sur le continent, les trains de nuit ont peu à peu disparu.
Mais en 2020, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté d'ouvrir une dizaine de nouvelles lignes d'ici 2030, un objectif confirmé encore récemment par le ministère des Transports.
En 2021, le Paris-Nice, le Paris-Tarbes-Lourdes et surtout le Paris-Vienne sont remis sur les rails. Et depuis dimanche, le Paris-Aurillac roule de nouveau, avant la relance du Paris-Berlin lundi.
- Subventions -
Adeptes du "slow travel", voyageurs écolos soucieux de l'impact carbone de leurs déplacements: la clientèle ne manque pas et continue de croître pour un mode de transport non dénué de charme.
En France l'été dernier, 215.000 voyageurs ont dormi sur les rails, soit 15% de plus par rapport à l'été 2022.
Le gouvernement a investi 100 millions d'euros pour la relance du train de nuit: 76 millions pour la rénovation de 93 vieilles voitures Corail remises au goût du jour et 24 millions pour les installations en gare nécessaires.
Il envisage même d'acheter du matériel neuf pour les lignes nationales à partir de 2025 comme l'a rappelé dimanche soir le ministre délégué aux Transports Clément Beaune depuis la gare d'Austerlitz où il assistait au départ du premier train de nuit vers Aurillac, 20 ans après son dernier voyage.
Mais si le train de nuit bénéficie d'un certain engouement, il reste un produit peu rentable pour les compagnies.
L'Etat français subventionne largement les lignes relancées: environ 10 millions d'euros par an pour la liaison vers Berlin et entre trois et quatre millions pour celle vers Aurillac, selon le ministère des Transports.
C'est le seul moyen pour les compagnies d'offrir des tarifs abordables allant de 29,90 euros en place assise, à 92,90 euros pour une place en voiture-lit entre Paris et Berlin - à condition de réserver sa place suffisamment en avance.
Cela n'effraie pas certains acteurs privés comme la société française Midnight Trains qui a l'intention de relancer la ligne Paris-Milan-Venise jadis populaire.
E.Schneyder--NZN