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"On ne s'attendait pas à ce que ça recommence aussi vite": des habitants du Pas-de-Calais s'apprêtent à passer la nuit dans des abris, leur maison étant envahie par l'eau qui a atteint par endroits le niveau des crues historiques de novembre.
Les crues touchent aussi six autres départements du nord-est de la France, classés orange depuis mardi.
"C'est une catastrophe", s'émeut Rachid Ben Amor, maire de Blendecques, commune traversée par l'Aa. Emmanuel Macron, avec qui il a parlé mardi au téléphone, lui "a dit qu'il déléguerait tout ce qu'il fallait". Mais "quand?", s'interroge-t-il, disant "(attendre) plus de moyens de l'Etat".
"On ne peut plus avancer, tout est sous l'eau", se lamente Michelle Coste, 59 ans, qui ne peut pas accéder à sa maison, nichée entre deux bras de l'Aa sur la commune.
En novembre, "on avait surélevé les meubles mais il y avait bien 80 cm", explique-t-elle. "Cette fois, ce sera beaucoup plus, c'est sûr", car le muret bordant la rivière, fragilisé, n'a pas été réparé. "On ne s'attendait pas à ce que ça recommence aussi vite".
Ces crues qui se succèdent, "pour les patients, ça va être terrible", s'inquiète Bertrand Rose, médecin généraliste à Blendecques. "J'ai des patients qui sont dans un état physique, et psychique surtout, terrible".
Dans cette ville de 5.000 habitants, les sinistrés, arrivant en bottes avec quelques affaires dans leur cabas et parfois leurs animaux de compagnie, ont été transférés vers une salle de basket-ball où des lits de camps ont été installés.
Rivés sur leur téléphone, Davis et Valérie Tabary, suivent les nouvelles des voisins. "Le moral en prend un coup", observe Valérie, 58 ans, locataire, qui se dit prête à quitter son domicile "selon ce que diront les assurances". "Et cette fois, plus de zone inondable, plus de rivières à proximité", assure-t-elle.
- 10.000 foyers sans électricité -
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, se rendra jeudi dans le Pas-de-Calais pour rencontrer des élus et des sinistrés, a annoncé la préfecture.
Si seule l'Aa est classée en rouge mercredi après-midi, 11 cours d'eau dans le quart nord-est de la France le sont en orange, dans le Pas-de-Calais, mais aussi le Nord, l'Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.
Partout dans les Hauts-de-France, les crues sont importantes et se propagent mercredi sur les secteurs aval. Soixante-quatorze routes départementales étaient coupées mercredi à 12H30, indique la préfecture de la zone Nord.
Selon la préfecture du Pas-de-Calais, plus de 50 communes sont touchées dans le département et 198 personnes ont dû être évacuées.
Des distributions d'eau en bouteille sont en cours, 2.000 habitants étant privés d'eau potable, ajoute la préfecture.
Selon le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité Enedis, plus de 10.000 foyers sont privés d'électricité, 8.500 dans le Pas-de-Calais et 1.850 dans le Nord.
- Renforts -
Des images aériennes d'Esquerdes, à proximité de Blendecques, révèlent des pâtés de maisons entiers sous l'eau et des torrents d'eau boueuse dévalant des jardins.
"L'évolution de la situation dépendra de la capacité d'évacuation à la mer, mais les coefficients de marée ne sont pas très bons", s'inquiète le maire de Saint-Omer, François Decoster, appelant à ne "pas marcher dans les rues inondées car il y a du courant".
Quatre pompes de la sécurité civile doivent être installées dans le secteur de Mardyck (Nord) jeudi. D'autres moyens de pompage européens "sont en cours d'acheminement en provenance de la République Tchèque, de la Slovaquie et des Pays-Bas pour être opérationnels vendredi", selon la direction générale de la sécurité civile.
Plus à l'est, en Meurthe-et-Moselle, la montée des eaux se poursuit sur l’Orne, avec des prévisions indiquant un niveau de crue pouvant dépasser le niveau historique de 2016, selon la préfecture.
A Quimperlé, dans le Finistère passé de la vigilance orange à jaune mercredi après-midi, la mairie compte sur un retour à la normale mercredi soir.
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W.F.Portman--NZN