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Le bilan des pluies diluviennes qui sèment le chaos dans le sud du Brésil a encore augmenté vendredi, avec 31 morts et 74 disparus, tandis que le niveau des cours d'eau continue de monter de façon alarmante.
La tache des secouristes est très difficile, des villes entières étant pratiquement coupées du monde, rendues inaccessibles par les inondations qui ont dévasté l'Etat du Rio Grande do Sul, où il devrait pleuvoir au moins jusqu'à samedi.
Les dégâts humains et matériels sont surtout concentrés dans la région centrale de cet Etat frontalier avec l'Argentine et l'Uruguay, qui vit le "pire désastre climatique de son histoire", selon son gouverneur, Eduardo Leite.
"Ici, c'est chez moi et je ressens beaucoup de peine, ça me fait mal au coeur", dit à l'AFP Maria Luiza, 51 ans, qui réside à Sao Sebastiao do Cai, dans une des zones les plus touchées par les inondations.
Vendredi, des rues de la métropole Porto Alegre, capitale du Rio Grande do Sul, ont à leur tour été envahies par l'eau en raison de la crue exceptionnelle du Guaiba, fleuve emblématique du sud du Brésil.
Les autorités estiment que le niveau du Guaiba pourrait atteindre prochainement 5 mètres. Le record historique, datant de 1941, est de 4,71 m.
- "Crise climatique" -
Le bilan précédent de la Défense civile, datant de jeudi soir, faisait était de 29 morts et 60 disparus dans l'Etat du Rio Grande do Sul.
Le nombre de blessés a également augmenté, passant de 36 à 56 vendredi.
Plus de 250 localités ont été frappées depuis plusieurs jours par des tempêtes et des orages dévastateurs.
Le dernier décompte des autorités fait état de 351.000 sinistrés. Quelque 17.000 personnes ayant dû quitter leur domicile, dont plus 7.000 accueillies dans des lieux d'hébergement d'urgence.
Mais tous ces chiffres sont malheureusement "très préliminaires", a prévenu le gouverneur Eduardo Leite, qui a décrété l'état de "calamité publique" dès mercredi.
"Avec la douleur la plus profonde je sais qu'il y aura davantage de morts", avait-il déploré jeudi soir.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a visité la région jeudi, promettant qu'elle ne manquerait pas de "moyens" humains ou matériels face à cette tragédie.
Le gouvernement fédéral s'est engagé à envoyer des hélicoptères et des bateaux, ainsi que plus de 600 militaires pour renforcer les opérations de secours et la distribution de vivres aux sinistrés.
Le prévisions météorologiques ne sont guère encourageantes, de fortes pluies devant persister au moins jusqu'à samedi.
Selon les autorités locales, des centaines de milliers de personnes ont été privées d'électricité.
L'approvisionnement en eau est également compromis dans de nombreuses localités, tout comme l'accès à internet ou au signal de téléphonie mobile.
Le Rio Grande do Sul a déjà été touché à plusieurs reprises par des intempéries meurtrières, notamment en septembre, quand 31 personnes avaient péri après le passage d'un cyclone dévastateur.
Selon les experts, ces phénomènes climatiques extrêmes ont gagné en fréquence et en intensité avec le réchauffement climatique.
Le Brésil a vécu une période de sécheresse historique l'an dernier dans le nord du pays et le nombre de feux de forêt a atteint un record de janvier à avril, avec plus de 17.000 foyers recensés dans tout le pays, plus de la moitié en Amazonie.
"De la pluie dans le sud, du feu dans le nord (...). Ces deux tragédies portent les empreintes digitales de la crise climatique. Le gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour éviter que la situation ne s'aggrave encore plus", a alerté le collectif d'ONG Observatoire du Climat dans un communiqué.
P.E.Steiner--NZN