AEX
-11.9800
Joe Biden est arrivé dimanche à Manaus pour une visite historique en Amazonie, la première d'un président américain en exercice et un symbole à quelques mois du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui inquiète pour la future politique climatique des États-Unis.
Le président de 81 ans a atterri dans cette ville du Brésil située au cœur de la plus grande forêt tropicale de la planète, a constaté un photographe de l'AFP.
Il a été accueilli à sa descente d'avion par des responsables locaux, ainsi que par Carlos Nobre, climatologue brésilien récompensé par le prix Nobel de la Paix en 2007 en tant que membre du groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).
Le président américain est accompagné de sa fille Ashley et de sa petite-fille Natalie, ainsi que du secrétaire d'Etat Antony Blinken.
Sa visite, entre un sommet Asie-Pacifique à Lima et une réunion des dirigeants du G20 à Rio de Janeiro, vise à mettre en lumière son engagement dans la lutte contre le changement climatique.
La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé peu avant son arrivée que les États-Unis avaient atteint en 2024 leur engagement de porter à onze milliards de dollars leur aide bilatérale pour la lutte contre le changement climatique, devenant ainsi "le plus grand bailleur bilatéral du monde en matière de finance climatique".
Une déclaration symbolique au moment où les participants à la conférence sur le climat COP29 à Bakou se disputent sur qui doit financer la lutte contre le changement climatique.
"Aucun État ne devrait se vanter d'être le plus grand bailleur bilatéral. C'est la contribution totale en matière de financement climat qui compte et les États-Unis n'ont jamais atteint leur +juste part+", nuance Friederike Röder, spécialiste en finance climatique de l'ONG Global Citizen.
Washington est critiqué pour préférer l'aide bilatérale au financement des fonds multilatéraux cogérés par les pays en développement. Et l'Union européenne demeure le plus grand contributeur mondial au financement climatique.
Selon la Maison Blanche, Biden va aussi annoncer à Manaus un doublement, à cent millions de dollars, de la contribution américaine au Fonds Amazonie, fonds international pour la protection de cette forêt.
Le président américain doit survoler la forêt et visiter un musée avant de parler aux médias. Il rencontrera également des indigènes et des responsables locaux qui travaillent à protéger l'Amazonie.
- Incendies et déforestation -
Le retour au pouvoir le 20 janvier de Donald Trump inquiète quant à la tenue des engagements pour le climat des États-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine.
Trump a retiré le pays de l'Accord de Paris sur le climat lors de son premier mandat, et a averti vouloir faire de même lors du second.
La forêt amazonienne, qui s'étend à travers neuf pays, joue un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique grâce à sa capacité d'absorption du dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre. C'est aussi l'une des zones les plus vulnérables au changement climatique et à la dégradation de l'environnement.
Et alors qu'elle est d'ordinaire l'une des régions les plus humides au monde, elle a été ravagée cette année par ses pires incendies depuis deux décennies du fait de la grave sécheresse qui frappe toute l'Amérique du Sud, d'après l'observatoire européen Copernicus.
La déforestation lui a par ailleurs fait perdre en quatre décennies une superficie équivalant à peu près à celle combinée de l'Allemagne et de la France, évaluait une étude récente du Réseau amazonien d'information socio-environnementale et géographique (RAISG), un collectif de chercheurs et d'ONG.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a fait de la protection de la forêt l'une de ses priorités et s'est engagé à réduire à zéro la déforestation illégale de l'Amazonie au Brésil d'ici 2030. Avec un certain succès: la déforestation en Amazonie brésilienne a chuté de plus de 30% sur un an d'août 2023 à juillet 2024, au plus bas en neuf ans.
Les deux hommes se retrouveront lundi et mardi pour un sommet du G20 à Rio sur lequel planera l'ombre de Donald Trump, qui a promis de "forer à tout va" et mis en doute la réalité du changement climatique.
P.Gashi--NZN