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Les scientifiques observent une nette amélioration de l'état de la ressource halieutique parmi les espèces débarquées par les pêcheurs français depuis 20 ans mais la marge de progrès reste importante, a annoncé mardi l'Ifremer.
"Il y a une grosse amélioration. En 2000, seules 15% (des espèces débarquées) n'étaient pas en surpêche. En 2020, 56% (des débarquements de poissons) proviennent d'espèces qui ne sont pas en surpêche et sont conformes à un objectif de durabilité (...). Mais l'objectif est de parvenir à 100% de pêche durable", a résumé Alain Biseau, coordonnateur des expertises halieutiques à Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), lors d'une conférence de presse consacrée à l'état des ressources halieutiques débarquées en France.
Parmi les espèces en bon état, le scientifique a énuméré la lotte, la coquille Saint-Jacques, le merlu de l'Atlantique, merlan et églefin. Parmi celles "pas encore en bon état mais en voie de reconstitution", le thon rouge et le bar. Au nombre des espèces surpêchées, la sole dans le golfe de Gascogne, et parmi les populations "effondrées", le merlu de Méditerranée ou le cabillaud en mer du Nord ou mer Celtique.
Pour M. Biseau, cette amélioration est due à plusieurs facteurs, parmi lesquels des "décisions de gestion plus conformes aux recommandations des scientifiques" avec l'imposition de quotas pour certaines espèces en mauvais état, mais aussi "les professionnels de la pêche qui ont probablement amélioré leurs pratiques notamment en respectant mieux les quotas".
"Tout ça joue pour expliquer cette amélioration très notable", a-t-il relevé, tout en observant des disparités entre Atlantique, Manche, mer du Nord et Méditerranée où, dans ce dernier cas, "on n'a pas vraiment de population en bon état".
En Méditerranée, on constate une "population effondrée" pour "le merlu ou le rouget barbet". De plus, "presque les deux tiers des débarquements proviennent d'espèces pour lesquelles on n'a pas assez d'informations", a noté M. Biseau.
En revanche, toujours en Méditerranée, la biomasse pour le thon rouge, qui "représente un tiers des débarquements" sur ces côtes, a "considérablement augmenté". "La situation est plutôt bonne, on est revenu à ce que c'était il y a 20 ou 30 ans" car "la surpêche a été maîtrisée" et les quotas "mieux respectés".
Outre la surpêche, l'environnement joue également un rôle dans la durabilité des espèces. M. Biseau a pris l'exemple de la sole dans le golfe de Gascogne. "L'évaluation 2021 montre une (...) reproduction en très forte baisse (...) liée en partie à une légère surpêche mais surtout à l'environnement". Car, a-t-il expliqué, "la petite sole se développe dans les estuaires, dans des milieux sensibles à des pollutions venues de la terre" et pouvant être également affectés par le débit des fleuves. Les scientifiques préconisent une baisse de plus d'un tiers des quotas pour cette population, a-t-il dit.
Autre espèce en mauvais état, le cabillaud, à l'exception de la mer de Barents: "C'est clair qu'il y a une combinaison de surpêche sur une population très fragilisée par l'élévation de la température. Les deux conjugués entraînent une situation dramatique pour cette espèce".
Mais il y a aussi de "vraies success stories", comme celle du merlu du golfe de Gascogne. Cette espèce, "dans une situation catastrophique dans les années 1990", a fait l'objet d'un plan d'urgence au niveau européen. "Ces efforts ont contribué à une très forte amélioration pour cette population", s'est réjoui M. Biseau.
Plus de 300 espèces sont débarquées chaque année dans les ports français mais une cinquantaine représentent 95% des volumes débarqués, selon l'Ifremer.
A.Wyss--NZN