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Emmanuel Macron se rend vendredi à Dunkerque, ville du Nord érigée par l'Elysée en "symbole" de sa politique de réindustrialisation tournée vers la transition écologique où il doit vanter un nouvel énorme investissement dans les batteries électriques.
Comme à chaque déplacement, le chef de l'Etat est attendu par des manifestants dotés de casseroles opposés à sa réforme des retraites, tenus à distance par un imposant dispositif sécuritaire, alors même qu'il tente de tourner la page de cette crise en réinvestissant le terrain économique.
Jeudi, il a longuement expliqué sa politique menée depuis 2017, assurant qu'elle avait commencé à porter ses fruits, et a promis de mettre les bouchées doubles pour réindustrialiser le pays.
Objectif: espérer tenir le rythme face aux Etats-Unis de Joe Biden, qui se sont dotés d'un plan colossal d'aides publiques à leur industrie à la faveur de la transition énergétique imposée par le changement climatique, et face à la concurrence chinoise.
En première ligne pour que l'Europe riposte à ces politiques volontaristes sinon protectionnistes, le président a dévoilé plusieurs mesures censées "accélérer" le réveil de l'industrie française tout en la verdissant: un nouveau crédit d'impôt pour la production de batteries, éoliennes ou panneaux solaires, censé générer 20 milliards d'euros d'investissements d'ici 2030, et une refonte du bonus pour l'achat d'une voiture électrique afin qu'il cible, indirectement, le "Made in Europe".
Il doit s'exprimer dans l'après-midi sur le site de l'Aluminium Dunkerque, "le plus gros producteur d'aluminium primaire d'Europe, qui a un marché important dans le domaine automobile et des projets de décarbonation", selon l'Elysée. Puis se rendre à la communauté urbaine, accompagné notamment du ministre de l'Economie Bruno Le Maire et de celui de l'Intérieur Gérald Darmanin, régional de l'étape.
- Valdunes menacé -
Le groupe taïwanais ProLogium a annoncé juste avant cette visite le choix de Dunkerque pour une grande usine de batteries. Un investissement de 5,2 milliards d'euros d'ici 2030 qui doit générer 3.000 emplois dans l'usine et 12.000 emplois indirects pour le territoire.
Preuve de la rude concurrence sur ce terrain, le groupe suédois Northvolt a presque aussitôt confirmé l'installation d'une usine géante de batteries électriques en Allemagne.
"Un véritable écosystème pour les batteries se développe dans le nord de la France", a salué un vice-président de ProLogium, Gilles Normand, à plusieurs agences de presse. Trois autres projets de "gigafactories" y sont déjà annoncés, transformant progressivement cette terre, longtemps en voie de désindustrialisation, en vallée de l'électrique en France.
Cet investissement que doit officialiser Emmanuel Macron sur place fait partie d'un paquet plus vaste qui sera dévoilé à l'occasion de la sixième édition, lundi à Versailles, du sommet "Choose France" lancé par le président en 2018 pour attirer les projets étrangers. L'Elysée annonce déjà une édition "record".
Le projets attirés depuis 2017 par le Dunkerquois "permettront la création ou le maintien d’environ 16.000 emplois sur dix ans alors que la ville a perdu près de 6.000 emplois industriels en 20 ans", fait valoir l'exécutif.
Mais non loin de là, Valdunes, dernier fabricant en France de roues de trains, a été lâché la semaine dernière par son actionnaire chinois. Ses deux sites français, situés à Leffrinckoucke et Trith-Saint-Léger, également dans le Nord, emploient 336 personnes.
La CGT de Valdunes a dit avoir demandé à Emmanuel Macron une rencontre à l'occasion de son déplacement, sans retour à ce stade.
"Inconcevable que le président se déplace à Dunkerque sans visiter le site menacé de Valdunes", avait tweeté mardi le dirigeant communiste Fabien Roussel.
"Il y a beaucoup d'entreprises qui viennent s'installer en France et qui profitent des terrains mis à leur disposition, des aides financières et quand ils ont fait assez de bénéfices pour distribuer aux actionnaires, ils s'en vont", a lâché Valérie Minet, militante des gilets jaunes du Pas-de-Calais, dans la manifestation organisée devant la préfecture de Dunkerque contre Emmanuel Macron, en tapant vigoureusement sur une assiette.
Pour Paulo Cabral, secrétaire de la CFDT à Saint-Omer, "annoncer des créations d'emplois pour les années futures c'est très bien", mais la retraite à 64 ans "n'est toujours pas passée".
D.Graf--NZN