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Le roi Charles III a appelé vendredi les dirigeants réunis à la COP28 à Dubaï à faire de cette 28e conférence de l'ONU sur le climat un tournant digne de l'accord de Paris pour accélérer l'action climatique, alors que les pays commencent deux semaines de négociations féroces sur le pétrole, le gaz et le charbon.
"Les records sont brisés si souvent que nous devenons insensibles à ce qu'ils nous disent", a déclaré Charles, dont c'est la première présence à une COP en tant que souverain, et qui a rappelé sa participation à la COP21, où naquit il y a huit ans l'accord de Paris qui peine encore à produire des résultats suffisants.
"Je prie de tout mon coeur pour que la COP28 soit un autre tournant décisif en faveur d'une transformation réelle", a-t-il dit. Il a énuméré les cyclones ayant dévasté les îles vulnérables dont Vanuatu, les inondations en Inde, au Bangladesh et au Pakistan, ou les incendies record des Etats-Unis à la Grèce.
"Nous menons une expérience effrayante de changement de l'ensemble des conditions écologiques en même temps, à un rythme qui dépasse les capacités de la nature", a-t-il ajouté, avant d'appeler à une réforme de la finance mondiale en faveur de la transition énergétique.
"La Terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la Terre", a conclu le roi.
Plus de 140 chefs d'Etats se succéderont vendredi et samedi à la tribune de la COP28, sommés d'annoncer comment ils entendent rehausser leurs engagements, emmenant pour l'instant la Terre à près de 3°C de réchauffement par rapport à la période pré-industrielle.
"La science est claire: la limite de 1,5°C est tenable uniquement si nous finissons par arrêter de brûler tous les combustibles fossiles", a lancé avant lui le secrétaire général de l'ONU António Guterres. "Les signaux vitaux de la planète sont défaillants: émissions record, feux féroces, sécheresses mortelles et l’année la plus chaude jamais enregistrée", a-t-il souligné.
- La guerre à la COP -
L'ombre du conflit Israël-Hamas plane sur le rassemblement.
Le président israélien, Isaac Herzog, s'est déplacé à Dubaï pour y rencontrer d'autres dirigeants dans sa campagne diplomatique pour obtenir la libération des otages encore détenus dans la bande de Gaza. Le secrétaire d'Etat américain, Anthony Blinken, est arrivé vendredi.
Le président iranien Ebrahim Raïssi ne se rendra quant à lui pas à Dubaï parce qu'Israël a été invité à y participer, selon un media officiel.
Vendredi après-midi s'exprimeront notamment le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi Abdallah II de Jordanie.
- Premier jour réussi -
La 28e conférence des Nations unies a réussi jeudi son coup d'envoi, avec la concrétisation historique d'un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays vulnérables.
Même si les premières promesses de financement -- autour de 400 millions de dollars -- restent symboliques face aux besoins, chiffrés en centaines de milliards.
Derrière ce signal positif, indispensable pour apaiser les tensions entre le Nord et le Sud, tout reste à faire d'ici la fin de la COP28, le 12 décembre.
En premier lieu, il s'agit de revoir "le rôle des combustibles fossiles", comme l'a reconnu jeudi , président émirati de la COP28, très scruté vu son autre casquette de capitaine de l'industrie pétrogazière.
Les résultats du premier jour ont visiblement renforcé la confiance de l'Emirati, persuadé qu'il peut réussir ce qu'aucune COP n'avait fait auparavant.
Un premier projet d'accord publié vendredi matin, qui va maintenant être débattu par les négociateurs, propose aux pays de préparer une "réduction/sortie des énergies fossiles".
- Pic des émissions ? -
Dans ce contexte, la COP28 doit accoucher d'un premier bilan officiel de l'accord de Paris et d'un premier correctif. Le déclin des émissions doit atteindre -43% d'ici 2030 par rapport à 2019, selon les experts climat du Giec.
Or le pic des émissions de gaz à effet de serre, certes proche, n'est pas encore atteint, au terme d'une année 2023 sans plus aucun doute la plus chaude jamais enregistrée.
Le président brésilien Lula plaidera pour la création d'un fonds permanent pour les trois grands bassins forestiers mondiaux (Amazonie, Congo et Bornéo-Mékong), disant vouloir "voir si les pays riches sont réellement prêts à investir pour que les pays dotés de forêts (tropicales) puissent les maintenir debout."
E.Leuenberger--NZN