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La météo défavorable a contrarié la reprise de la pêche dans le Golfe de Gascogne mercredi matin, après une interdiction inédite d'un mois pour préserver les dauphins concernant environ 450 navires français.
Pour la première fois depuis le 22 janvier et le début de cette fermeture aux effets encore difficiles à évaluer, une poignée de navires sont sortis peu après minuit du port de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), moins touché par la dépression qui a laissé à quai de nombreux bateaux du Finistère à Capbreton (Landes).
Philippe Amparan est parti avec ses cinq salariés à bord de "L'Aventurier" pour pêcher la sardine et espérer revenir avec des quantités suffisantes pour la vente de 6 heures.
"C'est de la folie douce cette histoire, on n'a rien pu faire sur le bateau et on a perdu le mois de février qui est essentiel, car la saison de la sardine s'arrête à la fin du mois et on peut très bien faire quatre mois à blanc ensuite", souffle-t-il.
Olivier Mercier, lui, est parti pour une semaine à bord de "L'Océane III" pêcher avant tout de la sole avec ses marins, essentiellement portugais.
Février est aussi son plus gros mois de l'année. Il redoute d'attendre "des mois" avant de toucher les indemnisations promises par le gouvernement et fustige les décomptes d'échouage de dauphins.
"Dimanche, il y aura du très mauvais temps et il ne faudra pas nous imputer les nouvelles carcasses que l'on pourrait retrouver", prévient-il. "On attend des chiffres, mais je ne vois pas le Conseil d'Etat revenir sur sa décision".
- Premiers paiements en mars -
En mars 2023, la plus haute juridiction administrative avait ordonné au gouvernement de fermer certaines zones aux navires de huit mètres ou plus, équipés de certains filets, pour "limiter les décès accidentels de dauphins et marsouins".
Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime qu'environ 9.000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, près du double du niveau soutenable.
Du 16 janvier au 15 février, il y a eu plus d'échouages de petits cétacés cette année que l'an dernier (164 contre 130) selon le dernier bulletin de suivi du secrétariat à la Mer, qui évoque cependant des chiffres à prendre avec précaution.
Olivier Van Canneyt, biologiste à l'observatoire Pelagis, qui coordonne le réseau national d'échouages, appelle également à "attendre d'avoir les calculs de mortalité totale sur l'hiver" et souligne que les années ne sont pas comparables.
L'an dernier, "les conditions pour qu'un échouage se produise étaient quasi nulles, donc il y a en eu assez peu, alors que là, on a eu des conditions de dérive (des cadavres) très favorables, mais pas de gros pic d'échouages", précise-t-il.
En outre, "quasiment aucun animal autopsié entre Loire et Gironde n'est mort par capture accidentelle. C'est un vrai résultat", ajoute-t-il.
Pour compenser les pertes de la filière, le gouvernement a promis des indemnités à hauteur de "80 à 85%" du chiffre d'affaires selon les types de pêche, avec des premiers paiements courant mars, et allant "jusqu'à 75% de leurs pertes" pour les mareyeurs.
- Alternatives à l'étude -
Mais le comité national des pêches a déploré mardi "la lenteur des pouvoirs publics à valider les modalités d'indemnisation".
Cette "fermeture spatio-temporelle" doit être renouvelée les deux prochains hivers, mais le président du comité interdépartemental des pêches des Landes/Pyrénées-Atlantiques, Serge Larzabal, veut "tout faire pour pouvoir continuer à travailler l'année prochaine", grâce aux dispositifs dissuasifs installés sur les bateaux, pour "minimiser au maximum les prises accidentelles".
Des dérogations étaient prévues pour les navires équipés de tels dispositifs ou de caméras, mais le Conseil d'Etat les a jugées fin décembre "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles".
Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l'Ifremer, souligne "que l'interdiction actuelle est une mesure d'urgence" dans une interview publiée sur le site de l'institut la semaine dernière.
"Des alternatives à de telles fermetures annuelles sont à l'étude", "qui allieraient des solutions technologiques, d'autres modes de fermetures spatio-temporelles ou des réductions d'effort de pêche", ajoute-t-elle, évoquant aussi "des mesures incitatives expérimentées dans d'autres régions du monde".
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X.Blaser--NZN