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Iido Abdikarin Abdille a perdu la moitié de son troupeau dans le nord de la Somalie à cause de la sécheresse, mais un programme d'assurance du bétail allège le fardeau financier des éleveurs comme elle.
Depuis la mort de son père en 2010, cette femme de 34 ans s’occupe de sa mère malade ainsi que de ses deux enfants dans l'État du Puntland.
La Somalie, pays de la Corne de l'Afrique, sort à peine de la pire sécheresse depuis quatre décennies, qui a affamé des millions de personnes dans le pays et à travers l'Afrique de l'Est. Et décimé le bétail.
"Nous dépendons du bétail et si l'animal s'affaiblit comme cela arrive pendant les sécheresses (...) vous ne pouvez même pas le traire car il n'a rien pour se nourrir", déclare à l'AFP Iido Abdikarin Abdille, qui a perdu des dizaines de chèvres depuis 2020.
Confrontés à la perte de leur cheptel, de nombreux éleveurs ont abandonné leur mode de vie et migré vers les centres urbains.
Mais un projet récemment lancé et soutenu par la Banque mondiale, un régime privé d'assurance bétail indicielle (Index-Based Livestock Insurance, IBLI), vise à protéger les éleveurs contre les chocs liés à la sécheresse en offrant des indemnisations lorsqu'ils perdent des animaux.
Iido Abdikarin Abdille fait partie des quelque 40.000 Somaliens qui se sont inscrits depuis août 2022. En échange d'une contribution proportionnelle à la taille du cheptel, les éleveurs reçoivent des indemnités. L'éleveuse a reçu environ 50 dollars.
"Cet argent sera utile pour subvenir à nos besoins et à ceux des animaux, car nous pourrons acheter du foin et de l'eau pendant les sécheresses pour sauver nos animaux", se félicite Iido Abdikarin Abdille.
"C'est la première fois qu'un programme comme celui-ci bénéficiant aux éleveurs somaliens est mis en œuvre dans le pays", avance Muusa Ali Mahamad, directeur de la communication de la Salaam Somali Bank, l'un des bailleurs du projet.
- "Bénédiction" -
Abdifatah Jama Hassan, qui vit aussi dans le Puntland, a vu de nombreux éleveurs migrer vers les villes à la recherche de travail en raison de l'absence de saisons des pluies.
"Il y a des sécheresses récurrentes dans notre pays et le climat est imprévisible, donc le mode de vie traditionnel des éleveurs n'est plus durable", constate l'éleveur de 43 ans qui était initialement réticent à adhérer à l'assurance parce qu’il avait du mal à la comprendre.
"C'est une chose complètement nouvelle pour les éleveurs somaliens, mais nous pouvons déjà sentir que les avantages que nous obtenons en retour dépassent le peu d'argent que nous payons pour cette police d'assurance", déclare-t-il.
Le district de Dolow, dans le sud-ouest du pays, a été touché en novembre dernier par d'importantes inondations, après des années de sécheresse. Sur place, les éleveurs espèrent que l'assurance leur permettra de perpétuer leur mode de vie ancestral.
"Je crois que cette initiative encouragera les gens à ne pas arrêter d'élever des animaux (car) même dans la pire sécheresse, il y aura toujours un moyen de sauver les animaux", soutient Abdirizak Hussein Mohamed, 39 ans, avant de conclure: "C'est vraiment une bénédiction".
F.Carpenteri--NZN