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Des perquisitions ont été lancées mardi sur des sites des groupes chimiques Arkema et Daikin dans le cadre d'une enquête sur la contamination de la "vallée de la chimie", au sud de Lyon, par les PFAS, les polluants éternels.
Les perquisitions ont débuté dans la matinée sur "plusieurs sites" d'Arkema: à Pierre-Bénite (Rhône), sur un second site à proximité, et au siège francilien de Colombes (Hauts-de-Seine), a déclaré à l'AFP la direction, confirmant une information de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
"Arkema a remis aux enquêteurs l'ensemble des éléments demandés", a-t-elle poursuivi.
"Le site de Daikin Chemical France à Pierre-Bénite fait l'objet depuis ce matin d'une perquisition menée par les services de police judiciaire", a indiqué de son côté son président, Gaël Marseille. "Daikin Chemical France coopère pleinement avec les enquêteurs", a-t-il ajouté.
Ces perquisitions sont menées dans le cadre "de l'information judiciaire ouverte par le parquet de Lyon à la suite de la plainte avec constitution de partie civile de la commune de Pierre-Bénite du chef de mise en danger d'autrui", à l'automne 2023, a indiqué le parquet.
Elles sont menées par les gendarmes de l'Oclaesp, spécialisés dans les questions environnementales, selon une source proche du dossier.
Présents depuis des années sur la plateforme industrielle de Pierre-Bénite, Arkema et Daikin y produisent des polymères fluorés et manipulent à ce titre des PFAS, des substances quasi indestructibles.
- "Qui savait?" -
La semaine dernière, les députés ont approuvé en première lecture une proposition de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, excluant toutefois les ustensiles de cuisine.
La problématique des polluants éternels est particulièrement prégnante dans la "vallée de la chimie" depuis une série d'enquêtes journalistiques qui, en 2022, ont révélé l'ampleur de la contamination dans la zone.
En mai 2022, le maire de Pierre-Bénite Jérôme Moroge avait déposé plainte pour mise en danger de la vie d'autrui. A l'automne 2023, il avait été rejoint par des dizaines de communes des alentours et une information judiciaire avait été ouverte.
"On est très satisfaits de voir que les choses avancent", a réagi M. Moroge, contacté par l'AFP après le début des perquisitions. "Ces enquêtes, on l'espère (...) nous permettront d'obtenir des réponses", a-t-il ajouté. "Qui savait ? Est-ce qu'il y a des responsabilités? Et puis surtout, quelles sont les conséquences de ces rejets dans l'atmosphère et dans l'eau (...) notamment pour les riverains ?"
Le maire de la ville de Chasse-sur-Rhône, qui s'est jointe à la plainte, s'est également réjoui de cette nouvelle étape. "Aujourd'hui, on attend des avancées majeures sur deux plans", explique Christophe Bouvier dans un communiqué: "la mise en place d'alternatives aux PFAS dès qu'elles existent", et "le passage de la justice".
- Charbon -
En mars, les deux industriels ont également été assignés en justice au civil par la Métropole de Lyon qui espère voir appliquer le principe de "pollueur-payeur".
Une première audience devant le juge des référés, à qui la métropole demande une expertise judiciaire pour établir clairement le rôle de Daikin et Arkema dans la contamination des sources d'eau potable par les polluants éternels, a été ajournée mardi à la demande des avocats des industriels. Elle se tiendra finalement le 28 mai.
En novembre, la justice avait rejeté un référé pénal environnemental déposé par plusieurs associations et particuliers afin d'obtenir des études sur les PFAS rejetés par Arkema. Un recours devant la Cour de cassation reste en suspens.
En 2002, la préfecture a de son côté enjoint à Arkema de cesser d'utiliser des PFAS d'ici la fin de 2024. L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ces rejets.
Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés, dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, sont massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles... et s'accumulent dans l'environnement.
En cas d'exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité et sur le développement du foetus, augmenter les risques d'obésité ou favoriser certains cancers (prostate, reins et testicules), selon des études scientifiques.
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F.Carpenteri--NZN