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Les opérations de recherche de survivants se poursuivent jeudi dans le sud-est de l'Espagne, sous le choc après les pires inondations depuis plus de cinquante ans dans le pays, qui ont fait au moins 95 morts et de nombreux disparus.
Plus de 1.200 militaires sont déployés sur le terrain, principalement dans la région de Valence, aux côtés de pompiers, policiers et secouristes qui cherchent à localiser d'éventuels rescapés et s'efforcent de déblayer les zones sinistrées.
Le dernier bilan communiqué par les autorités fait état de 95 morts, dont 92 dans la seule communauté de Valence, la plus durement frappée. Deux autres décès ont été enregistrés dans la région voisine de Castille-La Manche et un troisième en Andalousie.
"Aujourd'hui, la priorité est la recherche des disparus", a insisté la ministre de la Défense, Margarita Robles. "Nous savons qu'il y a des endroits (...) où il peut y avoir des gens dans les garages, dans les sous-sols, des gens qui sont allés chercher leurs véhicules", a-t-elle dit.
Le Premier ministre Pedro Sánchez, qui a déclaré trois jours de deuil national, est arrivé dans la matinée à Valence, où il a rendu visite au Centre de coordination des secours (Cecopi), selon des images retransmises par la télévisions publique TVE.
Ce déplacement survient alors que de nouvelles fortes pluies pourraient tomber dans le nord de la région, selon l'agence météorologique espagnole (Aemet), qui a émis une "alerte rouge" pour la province de Castellon, à une centaine de kilomètres au nord de Valence.
- Boue et débris -
"Je n'aurais jamais pensé vivre ça", a confié à l'AFP Eliu Sanchez, habitant de Sedavi, commune de 10.000 habitants dans la banlieue de Valence qui a été dévastée par des torrents d'eau et de boue, racontant une nuit de cauchemar.
"Nous avons vu un jeune homme dans un terrain vague" réfugié sur le toit de sa voiture", raconte cet électricien de 32 ans. "Il a essayé de sauter" sur un autre véhicule, mais le courant "l'a emporté", lâche-t-il.
Selon les autorités, la localité la plus touchée est Paiporta, dans la banlieue sud de Valence, où une quarantaine de personnes ont trouvé la mort, dont une mère et son bébé de trois mois emportés par le courant.
Le président de la région de Valence, Carlos Mazón, qui a annoncé une aide d'urgence de 250 millions d'euros, a indiqué que les services d'urgence avaient effectué dans la journée "200 opérations de sauvetage terrestres et 70 aériennes" avec des hélicoptères.
Il a, par ailleurs, précisé que les secours étaient parvenus à se rendre dans l'ensemble des zones affectées, alors que plusieurs villages étaient restés coupés du reste du pays une bonne partie de la journée de mercredi.
Les trains à grande vitesse entre Madrid et Valence, suspendus depuis mercredi, le resteront au moins pour "deux à trois semaines", selon le ministère des Transports, Óscar Puente.
- Manque de réactivité ? -
Selon l'agence météorologique nationale (Aemet), plus de 300 litres d'eau par mètre carré (soit 30 cm) sont tombés dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villes de la région de Valence, avec une pointe à 491 litres (49,1 cm) dans le petit village de Chiva. C'est l'équivalent "d'une année de précipitations", a-t-elle précisé.
La presse espagnole, qui qualifie ces intempéries d'"inondations du siècle", s'interroge sur la réactivité des autorités régionales: le message d'alerte du service de Protection civile aux habitants a, en effet, été envoyé mardi après 20H00, alors que l'Aemet avait émis une "alerte rouge" dès le matin et que de nombreuses localités étaient déjà inondées.
La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène dit de la "gota fria" (la "goutte froide"), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours.
Les scientifiques avertissent depuis plusieurs années que les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les tempêtes, sont à la fois de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses en raison du changement climatique.
Y.Keller--NZN