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"Champagne" pour les compagnies aériennes ? Loin des années noires du Covid-19, le secteur s'attend à un nombre record de passagers et à une rentabilité en forte hausse l'année prochaine grâce au repli des cours du pétrole.
Pour l'Association internationale du transport aérien (Iata), 2025 s'annonce comme "une bonne année": ce sera "la première fois que le nombre de passagers dépasse les cinq milliards", soit 5,2, après les quelque 4,9 prévus en 2024 qui devraient déjà permettre d'effacer le record de 4,5 milliards établi en 2019, avant la crise sanitaire mondiale.
En outre, les compagnies devraient dégager un bénéfice net cumulé de 36,6 milliards de dollars, en hausse de 16,1% par rapport aux profits attendus en 2024, et synonyme d'une marge nette de 3,6%.
Le chiffre d'affaires des transporteurs devrait quant à lui atteindre 1.007 milliards de dollars, une hausse de 4,4% sur un an, tandis que les coûts n'augmenteront que de 4% à 940 milliards, a également estimé l'Iata lors d'une conférence de presse à son siège de Genève (Suisse).
Autant de chiffres qui "méritent de faire sauter un bouchon de champagne", a lancé l'économiste en chef de l'Iata, Marie Owens Thomsen, en saluant le retournement spectaculaire d'un secteur qui s'était enfoncé dans des pertes abyssales pendant la pandémie de Covid, évaluées par l'Iata à 183 milliards de dollars cumulés entre 2020 et 2022.
L'Iata, qui revendique quelque 340 compagnies membres représentant 80% du trafic aérien mondial, a prévenu que cette croissance resterait contrainte par "des problèmes de chaînes d'approvisionnement, des infrastructures déficientes (...) et une hausse de la pression fiscale".
Le directeur général de l'Iata, Willie Walsh, s'en est notamment pris mardi aux industriels, qu'il s'agisse des avionneurs comme Boeing et Airbus, mais aussi des motoristes (GE, Rolls-Royce, Pratt&Whitney), pour leur incapacité "inacceptable" à honorer leurs commandes dans les temps.
- Avions immobilisés -
Cette situation, qui risque de perdurer selon le dirigeant de l'Iata, empêche les compagnies de renouveler leurs flottes au rythme prévu et les contraint à continuer d'exploiter des appareils plus anciens et moins performants, au détriment aussi de leurs efforts de décarbonation.
Autre volet, des réacteurs qui nécessitent des réparations plus tôt que prévu. Ainsi, selon l'Iata, pas moins de 700 appareils, soit 2% de la flotte mondiale, "sont actuellement cloués au sol pour des inspections de leurs moteurs".
Embellie en revanche du côté des coûts: après avoir souffert des prix élevés du pétrole depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, les compagnies aériennes espèrent profiter de leur repli l'année prochaine pour réduire leur facture.
En 2025, le baril de kérosène devrait coûter en moyenne 87 dollars, après 99 dollars en 2024. En conséquence, le carburant ne représentera plus que 26,4% des coûts d'exploitation des compagnies, contre 28,9% en 2024, prévoit l'Iata.
En valeur absolue, les dépenses des compagnies en carburant devraient s'établir à 248 milliards de dollars, en baisse de 4,8%, malgré une augmentation de 6% de la consommation, selon l'association.
Même dans une "bonne année" comme celle qui semble se profiler, les compagnies ne réalisent un bénéfice que de sept dollars par passager en moyenne, et doivent continuer à maîtriser leurs coûts, a prévenu M. Walsh.
D'autant plus que les recettes des billets et services associés (bagages, nourriture...) devraient se tasser de 3,4% sur un an en 2025.
"Le prix du billet moyen devrait atteindre 380 dollars, 1,8% de moins qu'en 2024, selon l'Iata qui assure qu'en prenant en compte l'inflation, les billets coûteront 44% moins cher que dix ans plus tôt.
L'Iata a aussi pointé des incertitudes dues aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient et au retour de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis.
Une hausse des barrières douanières promise par le président élu "réduirait sans doute l'activité du fret aérien et les voyages d'affaires", mais l'association a aussi noté "l'attitude favorable aux affaires" et à la dérégulation de M. Trump pendant son premier mandat, une source d'optimisme pour elle.
A.Wyss--NZN