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Emmanuel Macron est arrivé jeudi matin à Mayotte, cinq jours après le passage meurtrier et dévastateur du cyclone Chido, pour constater l'étendue de la catastrophe et apporter son soutien aux Mahorais.
L'avion du chef de l'Etat s'est posé à 10H10 locales (08H10 heure de Paris) avec à bord, outre une délégation restreinte, une vingtaine de médecins, infirmiers, logisticiens et personnels de la sécurité civile ainsi que quatre tonnes de fret alimentaire et sanitaire.
Face à la pénurie généralisée qui sévit, le gouvernement a publié un décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation dans l'archipel à leurs niveaux du 13 décembre, juste avant le cyclone.
Sont concernés les produits comme l'eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d'hygiène de base, du quotidien et dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.
Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 1.400 blessés ont été officiellement recensés, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd dans le département le plus pauvre de France. Le préfet a donc diligenté "une mission de recherche des morts", selon le ministère de l'Intérieur qui souligne que "70% des habitants ont été gravement touchés".
- Quartier détruit -
Vitres soufflées, services inondés et matériel détruit: au CHM, sur une colline surplombant le chef-lieu de Mayotte, le président pourra voir de ses yeux les stigmates du cyclone.
Dans les couloirs du service de grossesse pathologique de la plus grande maternité de France, des électriciens s'activaient mercredi pour remettre en état des chambres.
"L'hôpital a subi de gros dégâts, mais il a continué de fonctionner malgré les difficultés", souligne son directeur Jean-Mathieu Defour.
Emmanuel Macron se rendra ensuite "dans un quartier détruit, au contact des services de secours" mobilisés depuis le cyclone le plus intense à s'abattre sur Mayotte depuis 90 ans.
Le territoire ultramarin a été ravagé par des vents à plus de 220 km/h, détruisant les quartiers les plus défavorisés.
"C'était comme un rouleau compresseur qui a tout écrasé", décrit Nasrine, une enseignante mahoraise qui ne donne pas son nom, tout en faisant visiter son quartier de La Vigie, dans la commune de Pamandzi.
Grâce à l'entraide et la débrouille, le paysage de désolation du début a déjà changé.
Mais dans les quartiers les plus touchés, comme Kawéni, le plus grand bidonville de France en périphérie de Mamoudzou, le risque est fort de voir les logements précaires, souvent faits de tôle, se reconstituer à l'identique à la va-vite pour faire face à la saison des pluies qui arrive.
Le ministère des Outre-mer a annoncé mercredi soir dans un communiqué l'activation de "l'état de calamité naturelle exceptionnelle", censé "permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d'urgence".
Un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment des immigrés en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans l'habitat précaire mahorais.
- Pont maritime -
L'aide a commencé à parvenir dans l'archipel, où les défis de l'approvisionnement sont immenses, notamment en eau et en produits de première nécessité.
Dès mercredi, plus de 100 tonnes de vivres devaient être distribuées.
"On passe à la phase massive du soutien à Mayotte", a aussi déclaré Patrice Latron, le préfet de La Réunion, île d'où les autorités ont lancé un "pont maritime civil" qui devait démarrer dans la nuit de mercredi à jeudi avec le départ de quelque 200 conteneurs attendus dimanche sur l'archipel.
Enfin, le président de la République doit "échanger sur la situation de l'île avec les élus", avant de repartir pour Djibouti, où il doit partager vendredi, comme prévu initialement, le traditionnel repas de Noël avec les militaires français déployés à l'étranger.
Emmanuel Macron devrait préciser le "deuil national" qu'il a l'intention de décréter, et commencer à esquisser le titanesque chantier de la reconstruction.
Son Premier ministre François Bayrou, critiqué pour avoir privilégié lundi le Conseil municipal de sa ville de Pau en pleine crise mahoraise, a depuis assuré qu'il se rendrait lui aussi sur place après le chef de l'Etat, et une fois qu'il aura composé son gouvernement, "pour mobiliser la totalité des moyens de l'Etat". Il a évoqué mercredi "la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles".
X.Blaser--NZN