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"On prépare les affaires et on s'en va!" : dans un quartier de La Teste-de-Buch, près d'Arcachon, les coffres sont chargés de sacs et de valises. Des milliers d'habitants sont évacués, sous la chaleur, pour fuir la fumée des feux ayant ravagé 15.000 hectares de forêts girondines depuis mardi.
Par une chaleur caniculaire, avec plus de 40°C, et un ciel devenant gris-jaune, quelque 8.000 personnes ont dû quitter - de "façon préventive" selon la préfecture - les Miquelots et le Pyla-sur-Mer, des quartiers de la commune de Teste-de-Buch, une commune de 28.000 habitants très étendue et très boisée où 4.300 hectares sont partis en fumée.
"Ces quartiers sont en train de se retrouver sous la fumée mais La Teste n’est pas menacée et il n'y a aucun risque pour la population", explique à l'AFP le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse, porte-parole des pompiers. "L'évacuation doit permettre aux pompiers de se concentrer sur l'attaque de l'incendie".
Car le long du littoral autour de la dune du Pilat, d'où des campings ont été évacués il y a quelques jours, "on entend des explosions, ce sont les bonbonnes de gaz des campings et des restaurants", décrit un journaliste de l'AFP sur place, "il y a des fumées noires qui sortent de la dune et qui vont vers l'océan".
Dans l'autre secteur où les flammes sévissent depuis mardi, à Landiras dans le sud de la Gironde, plusieurs milliers personnes ont également dû laisser leur foyer derrière eux lundi, dans au moins six communes. Le feu y a déjà dévoré 10.500 hectares de forêt.
A La Teste, dans le quartier résidentiel des Miquelots, Patricia Monteil est "en panique", dit cette quadragénaire en empilant dans sa voiture le plus de choses possibles, surtout des vêtements.
"Je vais chez ma fille (dans un autre quartier de La Teste) mais si ça crame là-bas aussi, je ne sais pas quoi faire", glisse-t-elle, alors que des cendres commencent à voleter dans les airs. Au loin, les sirènes de pompiers retentissent, dans une odeur de brûlé prégnante.
- "Inquiétude permanente" -
Plus loin, Anaïs parcourt le quartier à la recherche des cinq chats de ses parents mais n'en a trouvé qu'un, "je pense qu'on va être obligés de les laisser ici".
"On a emporté le strict minimum", racontent Jean-Claude et Marie-France Estampe, des septuagénaires qui partent chez des amis à Gujan-Mestras, commune toute proche.
Le maire de La Teste-de-Buch, Patrick Davet, a lui-même dû évacuer sa maison, confie-t-il à l'AFP. Il se dit "inquiet", ajoutant "mais ça fait sept jours qu’on est inquiet".
A l'hippodrome de la ville, "les entraîneurs envisagent des solutions pour évacuer les 370 chevaux présents vers Le Bouscat, près de Bordeaux, ou Pau", explique Céline Bobacher, une responsable qui décrit "un ciel gris, un brouillard très épais, comme un temps de guerre".
Sur le terrain, face à des brasiers "hors norme" et dans une chaleur infernale, les quelque 1.700 sapeurs-pompiers mobilisés en Gironde affrontaient lundi "l'une des plus difficiles journées" depuis le début de leur combat contre les flammes, le 12 juillet.
"Nous sommes confrontés à des situations extrêmes et exceptionnelles. On va dépasser les 40°C sur les deux sites. A chaque fois, vers 15h-16H00 ça devient une poudrière", a prévenu le directeur départemental du Sdis 33, Marc Vermeulen.
"On a vu des phénomènes que les forestiers n'ont jamais vu avant. Le feu explose littéralement, lié à la chaleur et au potentiel calorifique présent. Les troncs de pins de 40 ans éclatent", décrit-il.
Avec des rafales de vents tournants "allant jusqu'à 60km/h" et "un taux d'humidité inférieur à 10%", les conditions météorologiques font craindre le pire, malgré d'importants moyens aériens et alors que les pompiers mettent en place des feux tactiques créant des zones tampons pour stopper le feu.
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A.Weber--NZN