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Un incendie de végétation méditerranéenne, dans une zone difficile d'accès située à une vingtaine de kilomètres de Montpellier (Hérault), a parcouru mardi plus de 800 hectares dans un été marqué par une recrudescence des feux et une sécheresse aigüe en France.
"Deux départs de feux" distants de 1,5 km se sont déclenchés mardi sur les communes de Saint-Bauzille-de-la-Sylve, Gignac et Aumelas, avant de se rejoindre, dans une zone "difficile d'accès" et peu peuplée composée de garrigue, de chênes verts et de vignes.
"Aucune victime n’est à déplorer" et "aucun dégât" constaté sur les bâtiments, a précisé à 22H00 lors d'un point presse le commandant des opérations de secours, le colonel Sylvain Besson.
Quelque 280 personnes ont fait l’objet d’une évacuation préventive sur la commune d'Aumelas et cinquante personnes ont trouvé refuge dans une salle des fêtes de la commune voisine de Vendémian, a précisé la préfecture.
A 22H00, heure à laquelle les avions bombardiers d'eau ne peuvent plus survoler la zone en raison de la nuit, le feu n'était toujours pas fixé, a annoncé le sous-préfet de Lodève Eric Suzanne. Mais la lutte des pompiers contre les flammes se poursuit au sol.
"On a encore du vent" et il ne devrait pas s'arrêter avant "2-3 heures du matin", a précisé M. Suzanne.
"La langue de feu" progressait le long de l'autoroute, mais il n'est pas envisagé de la fermer, ont précisé les autorités. D'importants moyens ont été prépositionnés pour la nuit pour protéger le village de Saint-Paul-et-Valmalles qui borde l'autoroute A750 et ses habitants confinés.
"Les conditions de propagation sont très défavorables" avec une végétation très sèche, avait prévenu le sous-préfet en début de soirée.
"Une enquête judiciaire a été ouverte sur une hypothèse criminelle", a précisé à l'AFP le procureur de Montpellier Fabrice Bélargent.
"On pense que c'est criminel, c'est désastreux", a réagi le maire de Gignac Jean-François Soto, rappelant qu'une zone Natura 2000 de préservation de la biodiversité se trouvait à proximité.
"Quand on voit tous les efforts que nous faisons tous les moyens que l'on met (...) et le résultat au final, c'est dur", a-t-il commenté.
Au total, près de 700 sapeurs-pompiers luttent contre les flammes et plusieurs avions bombardiers d'eau ont été mobilisés. Une centaine de largages ont été effectués.
Dans l'après-midi, une noria d'avions jaunes et rouges de la sécurité civile s'étaient relayés pour éteindre l'incendie dont les fumées étaient visibles depuis l'autoroute, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A la demande des pompiers deux lignes de haute et très haute tension ont été coupées dans la soirée mais sans que cela ait des conséquences pour les riverains, a précisé à l'AFP RTE, gestionnaire du réseau.
- Intensification de feux et sécheresses -
Dans les Alpes-de-Hautes-Provence, à Rougon, un village perché sur les hauteurs du Parc naturel régional du Verdon, 100 hectares de forêt ont été brûlés mardi, ont indiqué les pompiers.
"Le feu est toujours actif et reste difficilement accessible aux moyens terrestres", ont-ils poursuivi. Aucune victime n'est à déplorer.
Outre les mégafeux en Gironde qui ont détruit des milliers d'hectares de forêt, plusieurs incendies ont également touché le sud-est de la France cet été. 1.600 hectares sont notamment partis en fumée au sud d'Avignon mi-juillet.
Si les étés sont secs dans le Sud, avec le réchauffement climatique, l'intensité de ces épisodes de sécheresse risque encore d'augmenter, selon les experts de l'ONU pour le climat.
En France, avec le réchauffement climatique, "l'activité (des feux) va s'intensifier dans les zones où elle est déjà forte, dans le Sud-Est", avait souligné Jean-Luc Dupuy, expert à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) fin juin.
Le risque d'incendie est maximal en France après une vague de canicule. Quatre-vingt-dix départements sur 96, un "record", font l'objet mardi de restrictions pour l'usage de l'eau.
Les feux de forêt qui ont fait rage ces dernières semaines en Europe, notamment dans l'ouest du continent frappé par des vagues de chaleur, ont déjà touché plus de surface que pendant toute l'année 2021, selon le service de surveillance spécialisé européen.
L.Zimmermann--NZN