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Une flambée des violences entre les forces ukrainiennes et séparatistes pro-russes a nourri jeudi les inquiétudes occidentales d'une offensive russe contre l'Ukraine, même si Moscou assure que ses forces retournent vers leurs casernes.
Les Etats-Unis ont à nouveau accusé la Russie de se diriger vers "une invasion imminente" et affirment n'avoir vu aucun retrait significatif parmi les plus de 100.000 militaires russes déployés dans le voisinage de l'Ukraine.
Britanniques et Américains considèrent que Moscou pourrait aussi préparer un prétexte dans le conflit séparatiste dans l'Est ukrainien pour justifier son intervention.
Des échanges de tirs dans cette région, le Donbass, ravivent donc la crainte d'une escalade, après une relative accalmie ces dernière semaines.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dénoncé une "provocation".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a accusé la Russie. "Une école maternelle a été bombardée dans ce que nous considérons comme, ce que nous savons être une opération (...) conçue pour discréditer les Ukrainiens, conçue pour créer un prétexte, une provocation fallacieuse justifiant une action russe", a-t-il déclaré à des journalistes lors d'une visite dans une base militaire.
- Accusations réciproques -
Les séparatistes de Donetsk et Lougansk ont en retour accusé leurs adversaires d'avoir multiplié les tirs à l'arme lourde.
Le chef de l'armée de Lougansk, Ian Lechtchenko, a estimé que les forces ukrainiennes essayaient "de pousser le conflit vers une escalade".
Aucun camp n'a fait état de morts. Kiev a annoncé sept blessés: 2 soldats et 5 civils.
Le Kremlin a exprimé une "profonde préoccupation", jugeant la situation "extrêmement dangereuse" du fait de la "concentration extrême des forces ukrainiennes".
La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss, en visite à Kiev, a en retour accusé Moscou de chercher à provoquer "des prétextes à une invasion".
De son côté, la Russie a annoncé de nouveaux retraits d'unités militaires des abords de l'Ukraine diffusant des images de trains chargés d'équipements et annonçant le retour d'unités dans des casernes du Caucase russe et de la région de Nijni-Novgorod, des régions à bonne distance de la frontière.
Américains et Britanniques ont cependant accusé Moscou de mises en scène et de renforcement de ses troupes.
"Nous avons vu une augmentation des troupes au cours des dernières 48 heures, jusqu'à 7.000 (hommes). Nous avons vu un pont construit depuis le Bélarus, vers l'Ukraine ou près de l'Ukraine", a déclaré le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, lors d'une réunion à l'Otan.
Le président ukrainien a indiqué ne pas avoir vu de diminution des troupes aux frontières de l'Ukraine, mais de "petites rotations".
Les Etats-Unis ont fermé cette semaine leur ambassade à Kiev, malgré les appels des autorités ukrainiennes à ne pas sombrer dans la panique.
Des exercices militaires russo-bélarusses d'ampleur doivent s'achever le 20 février au Bélarus, au nord de l'Ukraine. Minsk et Moscou ont assuré qu'à leur issue les forces russe impliquées retourneront en Russie.
- Armes occidentales -
Les accusations de Washington inquiètent en Ukraine, comme dans le village de Dobrianka, à la frontière avec le Bélarus. Certains y voyent même une manipulation.
"Les Ukrainiens pourraient commencer quelque chose, et ce serait à cause des Américains et des Britanniques qui ont amené toutes ces armes ici", estime Lidia Silina, 87 ans, depuis sa petite maison en bois.
Kiev a vu les livraisons d'armes occidentales augmenter avec les craintes d'invasion, nourrissant la colère des Russes qui estiment en retour que Kiev veut monter une offensive contre les séparatistes de l'Est.
En début de semaine, le Kremlin et la Maison Blanche ont pourtant signifié leur disposition à un dialogue approfondi sur l'architecture sécuritaire européenne, dont la Russie réclame une refonte totale, estimant que l'expansion de l'Otan à ses frontières constituait une menace existentielle.
Les Etats-Unis ont annoncé avoir reçu jeudi la réponse écrite de la Russie à leurs propositions de négociations sur la sécurité en Europe.
Ce début d'apaisement venait parachever des efforts diplomatiques européens, en particulier la double navette des dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Olaf Scholz entre Moscou et Kiev.
Moscou dit vouloir négocier tout en déplorant le rejet par les Occidentaux de ses principales exigences, à savoir la fin de la politique d'élargissement de l'Alliance atlantique et le retrait d'infrastructures de l'Otan d'Europe de l'Est.
Américains et Européens ont proposé en échange des pourparlers sur des sujets comme le contrôle des armements, les visites d'installations sensibles ou des discussions sur les craintes russes en matière de sécurité.
Moscou doit envoyer jeudi à Washington sa réponse écrite à ce sujet, a dit jeudi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
La Russie nie toute velléité belliqueuse vis-à-vis de Kiev, mais en 2014 elle a déjà annexé la Crimée. Elle est en outre le parrain des séparatistes de l'Est de l'Ukraine.
P.E.Steiner--NZN