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Le Premier ministre britannique Boris Johnson dévoile lundi sa stratégie pour "vivre avec le Covid", malgré les critiques et avertissements qui entourent la fin attendue des dernières restrictions comme l'isolement obligatoire pour les malades.
Avancée d'un mois par un Boris Johnson menacé par le nuage noir du "partygate", la présentation de ce plan intervient alors que la reine Elizabeth II a été testée positive dimanche au Covid-19. Mais selon le palais de Buckingham, la souveraine de 95 ans ne souffre que de symptômes "légers".
Ce lundi "marque un moment de fierté après l'une des plus difficiles périodes de l'histoire de notre pays alors que nous commençons à apprendre à vivre avec le Covid", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué, saluant soignants et experts, en première ligne dans la lutte contre le virus.
"La pandémie n'est pas terminée mais grâce à l'incroyable déploiement du vaccin, nous franchissons une étape de plus vers un retour à la normale pour finalement rendre leurs libertés aux gens, tout en continuant à nous protéger et à protéger les autres", a-t-il ajouté.
Figurant parmi les pays les plus durement touchés par la pandémie, le Royaume-Uni déplore plus de 160.000 morts du virus depuis deux ans. Selon les derniers chiffres, 85% de la population de plus de 12 ans a reçu deux doses de vaccins, 66% un rappel.
Après une première levée de l'essentiel des restrictions au début de l'été, l'apparition du variant Omicron avait contraint le gouvernement à réintroduire à l'automne masque obligatoire en intérieur et passeport vaccinal, finalement abandonnés en janvier à l'instar de la recommandation du télétravail.
Après un conseil des ministres dans la matinée, Boris Johnson doit dans l'après-midi faire une déclaration devant le Parlement.
- "Effet domino" -
Mais la perspective de mettre fin à l'obligation légale de s'isoler en cas de test positif et l'abandon tests gratuits a été vertement critiquée.
"Cette semaine, une dame de 95 ans attrape le Covid. Ayant été testée de manière précoce, on peut lui prescrire des antiviraux qui doivent être pris dans les trois à cinq jours de l'infection pour être efficaces", a relevé dimanche soir dans un tweet en allusion à la reine Stephen Reicher, un expert très critique de la politique sanitaire gouvernementale. "La semaine prochaine, une autre dame de 95 ans attrapera peut-être le Covid, sans avoir les moyens d'acheter des tests..." et ne le découvrira que "trop tard", a poursuivi le professeur de psychologie sociale à l'université de Saint Adrews. "Son histoire ne fera pas les gros titres. Elle ne recevra pas les voeux du Premier ministre. Mais sa vie compte également."
"Le gouvernement ne peut pas agiter une baguette magique et prétendre que la menace a entièrement disparu", a récemment déclaré Matthew Taylor, le directeur général de la NHS Confederation, qui regroupe les dirigeants du système public de santé.
L'envoyé de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Europe, David Nabarro, a quant à lui fait part de son inquiétude que le pays "choisisse une ligne qui va à l'encontre du consensus de santé publique", qui créerait "un effet domino dans le monde".
En matière de santé, les décisions du gouvernement à Londres sont limitées à l'Angleterre du fait de la dévolution qui confère des pouvoirs aux Parlements des trois autres nations. Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord ont souvent adopté une approche plus prudente.
"Boris Johnson déclare victoire alors que la guerre n'est pas terminée, dans une tentative de diversion alors que la police frappe à sa porte", a cinglé dimanche sur Sky News le député d'opposition travailliste Wes Streeting, responsable des questions de santé.
Critiqué pour sa gestion chaotique de la crise sanitaire, Boris Johnson est actuellement englué dans un scandale sur des fêtes organisées à Downing Street durant les confinements, qui menace sa survie politique.
Downing Street a confirmé vendredi soir que le Premier ministre avait retourné à la police de Londres le questionnaire, qui a valeur légale.
Malgré des questions insistantes à ce sujet lors d'une interview à la BBC ce week-end, Boris Johnson a refusé de dire s'il démissionnerait si une amende lui était infligée.
R.Schmid--NZN