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La conservatrice maltaise Roberta Metsola, élue haut la main mardi présidente du Parlement européen, connaît parfaitement cette institution où elle a fait ses armes en politique, mais son opposition à l'avortement l'expose à la controverse.
Le parcours de celle qui fête ce mardi à la fois son 43e anniversaire et son élection, est indissociable de l'histoire de son île avec l'Union européenne.
Encore étudiante, elle adhère au parti nationaliste de Malte (chrétien-démocrate) et fait campagne pour l'adhésion de son pays à l'UE en 2003. Un an plus tard, à peine âgée de 25 ans, elle tente de se faire élire parmi les premiers eurodéputés maltais. En vain.
Seconde tentative et nouvel échec aux Européennes de 2009. Son mari, le Finlandais Ukko Metsola, est aussi candidat dans son pays, sans plus de succès. Il abandonnera la politique et travaille aujourd'hui à la Cruise Lines International Association (Clia) qui représente les croisiéristes.
"Cela m'a pris presque dix ans pour devenir membre du Parlement européen, j'aurais pu abandonner", admet cette femme souriante et élégante, mère de quatre garçons et qui se présente d'abord comme une "mum" sur son compte Twitter.
Elle parvient à ses fins en 2013, quand son compatriote Simon Busuttil cède la place pour prendre la tête de l'opposition à Malte.
Mais les arcanes de Bruxelles n'ont déjà plus guère de secret pour elle. Après un doctorat en droit, elle se forme au Collège d'Europe à Bruges, pépinière des élites européennes. Elle travaille ensuite pour la représentation permanente de Malte auprès de l'UE puis dans le service du Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères.
- Grand écart -
Devenue la candidate la plus en vue de son parti maltais, elle est réélue en 2014 puis en 2019, gagnant des responsabilités au sein du groupe majoritaire au Parlement, le PPE (droite), notamment sur les questions d'immigration et de défense de liberté de la presse.
En 2020, c'est une nouvelle fois à la faveur d'un départ - celui de Mairead McGuinness nommée commissaire européenne aux Services financiers - qu'elle devient première vice-présidente du Parlement européen, offrant à la petite île un poste de premier plan.
Lors de sa campagne interne pour ce poste, une députée écologiste lui reconnaîtra d'être "un membre modéré du PPE, très douée pour établir des ponts" entre les groupes, une qualité indispensable dans cette assemblée.
La grave pneumonie à l'automne du président du Parlement, l'Italien David Sassoli, décédé le 11 janvier, donne l'occasion à Roberta Metsola de gagner en visibilité en le remplaçant à des moments majeurs, comme lors du discours annuel sur l'état de l'Union de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Lors de son audition par le groupe libéral et centriste Renew pour la présidence, "elle est apparue assez forte sur le fond et elle a eu réponse à tout", confie un eurodéputé.
Mais son opposition résolue à l'interruption volontaire de grossesse, conforme à celle, intransigeante, de son parti à Malte, dernier pays de l'UE où elle est complètement interdite, passe mal.
En 2015, les eurodéputés maltais du parti nationaliste avaient affirmé que l'avortement demeurait "une ligne rouge" à ne pas franchir et qu'il était hors de question que l'UE s'empare de ce sujet.
L'opposition à l'IVG de Roberta Metsola est "son point de fragilité", reconnaît un eurodéputé, soulignant a contrario sa défense des droits LGBTI, une position pas forcément très répandue dans son groupe parlementaire.
Tentant de surmonter ce grand écart entre son île et le coeur de l'Europe, Roberta Metsola a assuré au journal Malta Today qu'à la tête de l'institution, son "devoir sera de représenter la position du Parlement", y compris sur les droits sexuels et reproductifs.
"Si je suis élue, je ferai mon devoir comme je l'ai toujours fait", a affirmé celle qu'on peut voir sur une de ses vidéos faire le signe de croix avant des moments importants.
D.Graf--NZN