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Un peu plus de chromosomes X autour de la table: les directions des fédérations sportives restent un monde très masculin, ce qu'une loi veut améliorer en imposant la parité intégrale à compter de 2024.
"Le monde du sport, tel que vous l'avez évoqué, Messieurs les sénateurs, est un système ancien, assez conservateur", a lancé la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, lors du débat en première lecture au Sénat de la proposition de loi LREM sur le sport.
Et de rappeler des chiffres peu glorieux pour le monde du sport français.
Sur les 114 fédérations, un peu moins d'une vingtaine sont présidées par des femmes. Pour ce qui est des 36 fédérations olympiques, seules trois ont une femme à leur tête: Isabelle Jouin au hockey, Nathalie Péchalat aux sports de glace, et Anne-Chantal Pigelet à la Fédération française de ski.
La proposition de loi qui doit être adoptée jeudi pousse plus loin l'objectif de 40% de femmes dans les organes dirigeants des instances fixé par une loi de 2014, et celui de 25% pour les fédérations qui comptent moins de 25% de licenciées.
Ce sera désormais 50% pour le prochain renouvellement, qui devrait avoir lieu après les JO de Paris 2024, des Jeux promis comme entièrement paritaires.
- "Sport à la traîne"-
"Jusqu'à présent, malgré leur caractère obligatoire, le non-respect des règles de parité dans les instances dirigeantes des fédérations sportives n'a donné lieu qu'à de simples rappels à l'ordre", explique pudiquement le rapport des trois députés LREM qui ont porté le texte à l'Assemblée.
En résumé, malgré quelques progrès, c'est toujours: cherchez les femmes!
"Le sport est à la traîne sur le terrain de l'égalité femmes-hommes", résume une tribune signée de sportifs et d'acteurs du sport, qui plaident pour cette mesure "emblématique et cruciale".
Première femme à la tête du comité national olympique et sportif français (CNOSF) depuis sa création, Brigitte Henriques, ex-vice présidente de la Fédération française de foot (FFF), promeut elle aussi la parité même si elle préfère le terme de mixité. Selon les calculs du CNOSF, les instances fédérales au niveau national comptent 62% d'hommes et 38% de femmes, soit près de 800 femmes sur 1.304 hommes.
Elle a promis aux fédérations les plus inquiètes -- notamment celles qui comptent très peu de licenciées -- de les "accompagner", a-t-elle expliqué à l'AFP. 14% des fédérations ont moins de 25% de femmes dans leurs instances.
Pour les instances locales, où le ratio est de 69% d'hommes pour 31% de femmes, le délai a été repoussé à 2028.
A ceux qui ont vu une ambiguïté dans la position du CNOSF exprimée fin décembre sur le texte de loi et refusant de donner un avis favorable à l'article sur la parité, Brigitte Henriques répond en brandissant son bilan à la fédération de foot et son désir de voir plus de femmes intervenir autour de la table.
- Limiter les mandats -
Pour Emmanuelle Bonnet Oulaldj, à la tête de la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail, multisports), si le passage à 50% est "une bonne première étape", "l'enjeu de la parité est indissociable de la question des mandats", leur limitation permettant un renouvellement et l'accès aux femmes à la fonction de présidente.
"Malgré la nette amélioration de la représentation des femmes, nombreux sont les dirigeants encore convaincus que le vivier de femmes n’existe pas, ou que la compétence et le mérite payent le tribut de cette nouvelle règlementation", souligne la chercheuse Annabelle Caprais, auteure d'une thèse sur le sujet, interrogée par le média ABlock, consacré au sport féminin.
"Si les fédérations ne parviennent pas à +trouver+ la dizaine de dirigeantes nécessaire parmi leurs milliers de licenciées, le problème est plutôt à chercher dans les rouages de l’organisation plutôt que dans l’autolimitation des femmes", analyse-t-elle.
Un an après l'entrée de la statue d'Alice Milliat, pionnière oubliée du sport féminin en France, dans le hall du comité olympique, le sport français va ainsi devoir sérieusement entamer sa mue vers la parité.
L.Zimmermann--NZN