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A la gare de Lviv, pleine à craquer, Olga Kovaltchouk a l'air perdu parmi des milliers d'autres Ukrainiens arrivés dans l'ouest de leur pays pour y trouver un refuge ou partir vers l'Union européenne, se sauvant face à l'invasion russe.
Elle n'a pas de billet, encore moins de plans pour l'avenir et espère juste pouvoir prendre le train vers la Pologne où sa nièce doit l'accueillir.
"On part car ça tire et qu'on doit se cacher dans des abris, je ne veux pas traumatiser mon enfant car elle a peur", raconte cette bibliothécaire de Jytomyr, dans le centre de l'Ukraine, à côté de sa fille de dix ans.
La Russie a lancé le 24 février une invasion massive de l'Ukraine, multipliant les frappes aériennes, d'artillerie et les tirs de missile contre la majorité des régions ukrainiennes, des attaques qui ont fait à ce jour plus de 350 morts parmi les civils, dont 16 enfants, selon Kiev.
Fuyant les violents combats, des centaines de milliers d'Ukrainiens se sont lancés pour chercher un abri, le plus souvent dans l'ouest du pays, frontalier de l'Union européenne.
Plus de 500.000 réfugiés, selon l'ONU, se sont déjà retrouvés dans des pays limitrophes, surtout en Pologne, qui a accueilli près de 300.000 Ukrainiens.
La ville de Lviv et sa région, où plusieurs capitales occidentales ont transféré leurs ambassades, sont devenues pour beaucoup une étape clef de ce voyage au point que trouver un logement y est devenu un défi et que des produits de première nécessité commencent à manquer dans des supermarchés.
Certains y font une escale avant de continuer leur périple vers l'ouest, malgré des embouteillages ayant atteint 25 à 30 kilomètres devant la frontière. D'autres s'installent sans savoir combien de temps ils resteront.
Alors que les autorités ont organisé des trains d'évacuation gratuits à travers l'Ukraine et vers plusieurs pays de l'UE, la gare de Lviv, qui accueille des trains bondés, est en proie à la cohue et au chaos.
- Hébergement gratuit -
Regard hagard, les passagers scrutent le tableau des horaires, traînant avec eux valises et poussettes d'enfant. Des patrouilles policières et militaires circulent sans répit. Des bénévoles en gilets jaunes distribuent des biscuits et du thé.
Maryna, une travailleuse sociale de 32 ans, arrivée à Lviv depuis Dnipro (centre-est) avec ses deux enfants, attend elle aussi de pouvoir partir vers la Pologne et ne croit pas qu'elle pourra retourner chez elle un jour.
"On reste ici pour la journée, on n'a pas de plan, il y a trop de gens, on ne comprend rien", avoue la jeune femme dont le mari combat contre les Russes.
Face à l'affluence des migrants, des habitants ont multiplié des initiatives visant à aider leurs compatriotes.
Propriétaire d'un ranch situé dans le village de Lopouchna, près de Lviv, Ostap Lun leur a ouvert les portes de son petit hôtel qui affiche complet.
"Évidemment, on ne prend pas d'argent pour le logement", dit cet homme robuste de 47 ans. "Nous allons tout faire pour créer des conditions confortables et surtout sûres pour des gens qui se sont retrouvés sans abri".
Si elle s'y sent plus en sécurité, une de ses locataires, Iryna Plakhouta, retient à peine ses larmes.
"Nos maris sont restés à Kiev, ils protègent l'Ukraine. C'est tellement dur", confie cette femme d'affaires svelte de 43 ans.
Enceinte de son deuxième enfant, elle dit dormir habillée car des sirènes d'alerte retentissent régulièrement dans cette région, forçant des habitants à descendre dans des abris.
"Si nos gars ne peuvent pas tenir Kiev, s'il y a des frappes aériennes contre Lviv (...), il n'y aura pas d'autre solution" que d'émigrer, craint la jeune femme.
Si elle sent "beaucoup de peine pour ses compatriotes" et surtout pour les enfants, Olga Kovaltchouk tente malgré tout de "ne pas baisser les bras".
"Nous espérons que l'Ukraine va gagner car la justice est de notre côté. Nous n'avons fait de mal à personne", dit-elle.
W.Vogt--NZN