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Une "déferlante pour l'égalité" contre les violences sexistes: des dizaines de milliers de manifestants ont défilé mardi à Paris et dans plusieurs grandes villes de France à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
A Paris, 35.000 manifestants ont défilé selon les organisateurs entre gare du Nord et l'hôpital Tenon pour "exiger des moyens contre les violences sexistes" et une lutte accrue contre les inégalités.
Les revendications sont teintées de critiques envers la politique du gouvernement sortant: aux yeux des militantes, le quinquennat Macron représente "cinq ans de perdus" dans la lutte contre les inégalités de genre.
- drapeaux ukrainiens -
Des candidats de gauche à la présidentielle, dont l'écologiste Yannick Jadot et la socialiste Anne Hidalgo, étaient dans la manifestation parisienne.
"On mettra 1 milliard d'euros pour sortir de l'impunité dans les violences sexuelles et sexistes", a dit à l'AFP M. Jadot, une mesure partagée dans les programmes socialiste, communiste et insoumis.
Des manifestants ont également battu le pavé dans de nombreuses autres villes de France. A Lille, quelques centaines de personnes ont réclamé "une vraie égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes", ou encore "un monde sans violences sexistes et sexuelles".
Place de la République, à Rennes, on pouvait apercevoir des drapeaux ukrainiens parmi les quelques centaines de manifestants réunis en musique avec des pancartes proclamant "On ne naît pas femme mais on en meurt."
"Si on s'arrête, le monde s'arrête", "non au terrorisme patriarcal", "hommes, féministes, rejoignez-vous": à Bordeaux, environ 600 personnes se sont mobilisées, a constaté un journaliste de l'AFP.
"La société patriarcale est toujours là à réprimer les femmes. On essaie d'éduquer les étudiants mais le chemin est encore long. On n'est pas vraiment entendues, pourtant le sujet est grave", ont déploré Capucine et Eloïse, 20 ans, étudiantes à Sciences Po Bordeaux et membres du collectif "Sexprimez-vous", rencontrées dans la manifestation bordelaise.
Pour illustrer symboliquement les inégalités persistantes, les collectifs féministes appelaient aussi les femmes à débrayer mardi à 15h40, heure à partir de laquelle elles "travaillent gratuitement" chaque jour.
En moyenne, les femmes gagnent en effet 22,3% de moins que les hommes dans le secteur privé (hors agriculture), selon des données publiées mardi par l'Urssaf. Un tiers de cet écart s'explique par leur temps de travail global inférieur, du fait du temps partiel ou des contrats courts: les femmes représentent ainsi 57,4% des CDD courts, mais 42,5% des embauches en CDI.
Autant d'inégalités constatées chez les travailleuses dites essentielles. Les conditions de travail des aides-soignantes ou encore caissières ont été mis en avant lors de la pandémie de Covid-19.
"Elles sont trop ignorées, voire invisibilisées. Elles exercent des métiers qui nous sont indispensables, mais elles sont la plupart du temps bloquées au Smic", a regretté le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger au cours d'un rassemblement à l'appel du syndicat devant le Panthéon, à Paris, qui a rassemblé plus d'un millier de personnes selon les organisateurs.
Les militantes entendent également dénoncer les "défaillances" des forces de l'ordre dans la prise en charge des victimes de violences. Pendant la manifestation parisienne, plusieurs centaines de manifestants ont ainsi rendu un "femmage" (et non pas hommage) aux victimes de féminicides devant le cimetière du Père Lachaise.
Pour changer de regard sur les inégalités entre sexes, le gouvernement a dévoilé mardi une campagne de communication qui vise à "interpeller" les hommes sur leur "rôle dans l'éducation et la transmission de modèles de respect, de non-violence et d'égalité".
Seize hommes célèbres, dont le footballeur Kylian Mbappé, le nageur Théo Curin ou le chanteur Amir, y lisent une "lettre ouverte aux garçons nés le 8 mars 2022". "Nous ne laisserons rien passer, aucun geste déplacé, aucune remarque sexiste (…) Cher homme de demain, tu seras le meilleur des hommes, celui qui s'engage pour l'égalité", y proclament-ils.
Au travail, dans les relations ou à la maison, le sexisme reste ancré dans le quotidien des Français malgré leur volonté croissante de le combattre, a relevé lundi dans un rapport le Haut conseil à l'égalité femmes-hommes.
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A.P.Huber--NZN