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Le nord-ouest du Nigeria a été le théâtre lundi de nouveaux combats meurtriers entre milice d'auto-défense et un groupe criminel, le président nigérian Muhammadu Buhari se déclarant "choqué par ce niveau extrême de criminalité" qui aurait fait plus de 57 morts selon des sources locales.
Le président a condamné "le violent meurtre de dizaines de miliciens", sans faire état d'un bilan précis, dans un communiqué publié mardi après-midi. Le chef de l'Etat a de nouveau assuré "tout faire (...) pour combattre de manière décisive ces monstres".
Le centre et le nord-ouest du Nigeria sont depuis des années le théâtre de gangs criminels, appelés localement "bandits", qui attaquent les villages, volent le bétail, pillent et tuent les habitants.
Pour se protéger des attaques, de nombreux villages ont constitué des milices d'auto-défense, soutenues par le gouvernement.
Plus tôt, la police locale avait confirmé à l'AFP que des combats avaient éclaté lundi entre une milice d'auto-défense appelée Yansakai et des "bandits" près de la localité de , dans l'Etat de Kebbi.
Elle n'avait pas donné de bilan précis, affirmant être toujours "en train de compiler les chiffres des décès".
Cependant, un responsable sécuritaire dans la zone avait affirmé à l'AFP que 57 corps de combattants de la milice avait été retrouvés.
Sur place deux habitants, joints au téléphone par l'AFP, ont affirmé que 62 combattants de la milice ont été tués dans les combats.
"Nous avons retrouvé 62 cadavres de nos miliciens qui ont combattu les bandits", a déclaré Almu Sallami, un de ces habitants de Sakaba.
- Opérations militaires -
"Les miliciens se sont mobilisés depuis plusieurs villages aux alentours pour faire face à ces bandits qui avaient de meilleurs armes", a-t-il ajouté.
Un autre habitant, Sani Bature, a donné à l'AFP le même bilan.
Une vidéo, circulant sur les réseaux sociaux, mais dont l'AFP n'a pas encore pu vérifier l'authenticité, montre des dizaines de cadavres alignés, entourés par des villageois.
Les bandits fuyaient les opérations militaires en cours sur leurs enclaves dans l'Etat voisin du Niger lorsqu'ils ont été accostés par les miliciens, informés de leur déplacement, a précisé le porte-parole de la police M. Abubakar.
"Ils ont affronté les bandits qui étaient davantage armés sans consulter au préalable les forces de sécurité pour une opération conjointe", a-t-il ajouté.
Les bandits lancent des attaques périodiques contre des villages de l'Etat de Kebbi, près de la frontière avec les États de Zamfara et du Niger, puis se retirent dans leurs camps, selon la police.
Début janvier, plus de 200 personnes avaient été tuées au cours de plusieurs attaques menées par des "bandits" dans l'Etat de Zamfara.
Le président Muhammadu Buhari avait alors déjà appelé à une répression plus dure de l'armée contre les gangs, récemment désignés comme "terroristes" par le gouvernement.
L'ancien général de l'armée, âgé de 79 ans, est très critiqué pour son incapacité à enrayer l'insécurité généralisée dans le pays.
Outre la lutte contre le banditisme, l'armée nigériane est déployée sur de multiples fronts, notamment dans le nord-est en proie à une insurrection jihadiste depuis plus de dix ans et dans le sud-est agité par des mouvements séparatistes.
Selon des analystes, les possibles alliances entre les bandits et les jihadistes du Nord-Est sont une source d'inquiétude croissante.
Depuis la fin de l'année 2020, les gangs criminels ont également commencé à prendre pour cible des écoles, enlevant plus de 1.400 élèves et suscitant une indignation internationale. La plupart ont pu être libérés depuis mais des centaines restent aux mains de leurs ravisseurs.
Face à la multiplication des attaques, de nombreuses milices d'auto-défense se sont constituées contre ces "bandits", mais certaines ont été bannies de plusieurs Etats après des accusations d'abus et d'exécutions extrajudiciaires.
E.Leuenberger--NZN