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Les Sud-Coréens attendaient anxieusement mercredi le résultat de l'élection présidentielle, les sondages réalisés à la sortie des urnes donnant les candidats de gauche Lee Jae-Myung et de l'opposition de droite Yoon Suk-yeol pratiquement à égalité au terme d'une campagne polarisée à l'extrême.
Le taux de participation s'est élevé à 77,1%, confirmant le vif intérêt des électeurs malgré une campagne marquée par les gaffes, les scandales, les agressions verbales et la pauvreté du débat d'idées entre deux favoris aussi impopulaires l'un que l'autre. Les médias sud-coréens ont surnommé ce scrutin "l'élection entre perdants".
Selon un sondage réalisé à la sortie des urnes par les trois principales chaînes de télévision sud-coréennes, M. Yoon était crédité de 48,4% des suffrages et M. Lee de 47,8%, un écart trop infime pour qu'un vainqueur puisse être proclamé, les dix autres candidats ne récoltant que des miettes.
La publication de ce sondage a été accueillie par des hourras par le camp de M. Lee au Parlement à Séoul, où les deux camps se sont rassemblés pour assister au comptage des votes, et dans le silence par les partisans de M. Yoon.
Les sondages réalisés à la sortie des urnes ont révélé un net clivage entre les sexes chez les électeurs de moins de 30 ans. Dans cette tranche d'âge, 58,7% des hommes ont voté pour M. Yoon et seulement 36,3% pour M. Lee. A l'inverse, les femmes de la même tranche d'âge ont voté à 58% pour M. Lee et seulement à 33,8% pour M. Yoon.
"Le large soutien dont jouit M. Yoon auprès des hommes jeunes est absolument effrayant du point de vue d'une femme", s'est désolée l'universitaire et électrice Keung Yoon Bae auprès de l'AFP.
La proposition de M. Yoon qui a le plus retenu l'attention vise à supprimer le ministère de l'Egalité hommes-femmes, au motif que, malgré les données prouvant le contraire, les Sud-Coréennes ne souffrent pas de "discrimination systémique entre les sexes", selon lui.
L'élection présidentielle en Corée du Sud ne comporte qu'un tour. Les résultats officiels étaient attendus tard dans la nuit ou jeudi matin.
M. Lee, 57 ans, est le candidat du Parti démocratique (centre-gauche) du président sortant Moon Jae-in, qui ne peut se représenter au terme de son mandat de cinq ans.
M. Yoon, 61 ans et novice en politique, a été choisi en juin pour représenter le Parti du pouvoir au peuple (PPP), la principale formation d'opposition de droite.
Les bureaux de vote, où masques et désinfection des mains étaient de rigueur, ont fermé à 18 heures (09H00 GMT) mais ont ensuite été réservés durant 90 minutes aux électeurs malades du Covid-19.
Le pays de 52 millions d'habitants traverse actuellement une vague du variant Omicron, avec 342.446 nouveaux cas enregistrés mercredi. Plus d'un million de Sud-Coréens testés positifs sont actuellement à l'isolement chez eux, et la loi électorale a été modifiée le mois dernier pour leur permettre de voter séparément en fin de journée.
- Revenu universel -
Selon les sondages, la montée en flèche des prix de l'immobilier à Séoul, les écarts de richesse croissants et le fort taux de chômage chez les jeunes étaient les principales préoccupations des électeurs. Le nouveau président sera aussi confronté à une Corée du Nord de plus en plus agressive.
M. Lee, ancien ouvrier et gouverneur de la province la plus peuplée du pays, a proposé des mesures originales, notamment un revenu universel minimum.
Mais il est dans le collimateur pour une opération foncière suspecte, notamment après le suicide de deux témoins-clés de cette affaire.
Il a commencé sa campagne en s'excusant pour avoir injurié des membres de sa famille au téléphone. Sa femme a été accusée de détournement de fonds publics, et il a fait l'objet de rumeurs sur des liens supposés avec la mafia.
Yoon Suk-yeol propose un assouplissement du droit du travail, visant notamment le salaire minimum et le temps de travail maximum.
A ce jour, tous les anciens chefs d'Etat encore vivants ont fait de la prison pour corruption après leur départ.
M. Yoon, un ancien procureur général nommé par Moon Jae-in, a déjà averti qu'il ordonnerait une enquête sur son ancien patron s'il était élu, citant des "irrégularités" présumées dont il n'a pas précisé la nature.
F.Carpenteri--NZN