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Les présidents israélien et turc ont salué mercredi à Ankara un "tournant" dans les relations entre leurs deux Etats, marquées par de vives tensions ces dix dernières années.
"Cette visite [du président israélien en Turquie] marquera un tournant dans nos relations", a indiqué le président turc Recep Tayyip Erdogan, son homologue Isaac Herzog - premier chef d'Etat israélien à de rendre en Turquie depuis 2007 - se félicitant également d'un "moment très important" entre les deux pays.
"Nous ne serons pas d'accord sur tout (...) Mais nous aspirons à résoudre nos désaccords dans le respect mutuel et la bonne volonté", a insisté le président israélien.
"Notre objectif commun est de relancer le dialogue sur la base du respect de nos sensibilités et de nos intérêts mutuels", a poursuivi M. Erdogan lors d'une conférence de presse commune, qui a annoncé la visite prochaine en Israël de son ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, ainsi que celle du ministre turc de l'Energie.
Accueilli avec les honneurs en début d'après-midi au palais présidentiel d'Ankara, M. Herzog a été emmené par ses hôtes au mausolée du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, où il a laissé un laissé un mot dans le livre d'or évoquant le "privilège" de cette visite.
- Coopération énergétique -
Le président Erdogan, dont le pays est membre de l'Otan, a insisté devant la presse sur "l'importance" qu'il attache à "la coopération en matière de sécurité et de sécurité énergétique" avec Israël.
La question est d'autant plus brûlante dans le contexte du conflit entre la Russie et l'Ukraine, alors que la plupart des pays, européens notamment, cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe.
Israël a conclu en 2020 un accord avec Chypre et la Grèce portant sur la construction d'un gazoduc devant acheminer du gaz vers l'Europe, un projet qui a suscité l'opposition de la Turquie.
Le chef de l'Etat turc, qui s'est fait ces dernières années l'ardent défenseur de la cause palestinienne, compliquant les relations avec l'Etat hébreu, a également réitéré l'attachement de la Turquie "à une solution à deux Etats, au statut de Jérusalem et à l'amélioration du sort des Palestiniens, sur le plan politique et social".
La visite, préparée depuis des semaines, intervient alors que les deux pays ont lancé séparément une médiation entre la Russie et l'Ukraine, et que les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères se retrouvent jeudi à Antalya (sud) pour la première fois depuis le début de l'offensive de Moscou contre l'Ukraine, le 24 février.
Les relations entre Ankara et Tel-Aviv s'étaient tendues en 2010 avec l'affaire du Mavi Marmara, lorsque des forces israéliennes avaient lancé un assaut meurtrier sur un navire turc tentant d'acheminer de l'aide à la bande de Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien.
- Ambassadeurs rappelés -
Les deux pays avaient ensuite rappelé leurs ambassadeurs en 2018 après la mort de manifestants palestiniens à Gaza.
Dans un communiqué, le Hamas (Mouvement de résistance islamique palestinien) a dit suivre avec une "grande inquiétude" ce rapprochement et cette visite effectuée, comme d'autres, par les responsables israéliens "dans plusieurs pays arabes et musulmans (...) que nous considérons comme "stratégiques pour le peuple palestinien."
A la mi-novembre, M. Erdogan avait échangé avec son homologue israélien et le Premier ministre Naftali Bennett - le premier entretien entre un Premier ministre israélien et M. Erdogan depuis 2013 -, quelques heures après la libération et le retour dans leur pays d'un couple de touristes israéliens accusés d'espionnage et détenus en Turquie.
Cet incident s'est avéré "un tournant" car il a permis de "générer un dialogue entre les parties israélienne et turque et a créé une opportunité pour de meilleures relations", estime Gallia Lindenstrauss, analyste israélienne à l'Institut des études stratégiques à Tel Aviv.
Le président israélien s'est rendu fin février à Athènes pour une visite destinée à rassurer son allié grec avant le déplacement en Turquie.
Pour Gallia Lindenstrauss, le réchauffement des relations entre Israël et la Turquie pourrait "se révéler être une bonne nouvelle pour la Grèce et Chypre aussi, s'il se traduit par plus de modération dans la politique étrangère turque".
Isaac Herzog doit également rencontrer jeudi des membres de la communauté juive à Istanbul. Mais la neige qui s'invite fait planer une menace sur cette partie du voyage.
A.Senn--NZN