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Élan de générosité "colossal", propositions d'hébergement par milliers, délivrance express de papiers: une semaine après l'arrivée en France des premières personnes fuyant le conflit en Ukraine, le pays s'est organisé pour leur offrir un accueil sur mesure.
Sur les plus de deux millions de personnes qui ont pris la route de l'exode depuis l'invasion russe, une poignée seulement est arrivée en France. Mais dans un pays où l'offre d'hébergement d'urgence est saturée et qui n'avait pas encore fini d'absorber les évacuations d'Afghans fuyant le régime taliban, cette nouvelle crise pouvait faire craindre une prise en charge délicate.
Mercredi, a indiqué à l'AFP le ministère de l'Intérieur, 6.823 déplacés (dont 6.540 Ukrainiens) avaient rejoint la France, selon les remontées de la police aux frontières, ce qui laisse imaginer qu'une partie a continué son chemin vers un autre pays européen.
Parmi eux, plus de 3.000 sont d'ores et déjà pris en charge en hébergement d'urgence, comme des gymnases ou des hôtels, essentiellement en Ile-de-France, tandis que de nombreux autres ont pu être hébergés directement "par des proches", a expliqué Alain Régnier, délégué interministériel à l'accueil et l'intégration des réfugiés.
Au total, l’État a reçu "20.000 propositions d'hébergement" émises par des particuliers, sans compter 6.000 autres offres émanant d'entreprises ou de collectivités.
Un "élan de générosité colossal", observe la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa, auprès de quelques journalistes.
Elle en veut pour preuve les 320.000 connexions mercredi matin sur la plateforme "Je m'engage pour l'Ukraine", présentée mardi.
- "Tout reste à construire" -
"Aujourd'hui, on peut faire face. Il n'y a pas de pénurie de logement", relève la ministre en charge de l'asile et de l'intégration.
Il faudra même tempérer les ardeurs de certains, explique-t-elle: "On a une mobilisation citoyenne très forte, mais on ne s'improvise pas hébergeur. On a besoin de savoir où on envoie les familles ukrainiennes, pour avoir un accompagnement social" adapté. Chaque proposition sera donc expertisée dans les prochaines heures.
"Il y a plus d'offres que de demandes, à ce stade, mais certaines offres sont à manier avec prudence. Il y a un élan de générosité, mais il n'est pas sûr qu'il soit toujours adapté", nuance également le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) Didier Leschi.
Face à cet élan de solidarité inédit, "tout reste à construire", observe-t-il.
Les Ukrainiens arrivés en France, pour deux-tiers des femmes et des enfants, bénéficient du régime tout aussi inédit de la protection temporaire, activé par l'Union européenne pour la première fois depuis sa création en 2001.
Il leur ouvre droit à un hébergement et permet de se retrouver immédiatement en situation régulière sans avoir besoin de demander le statut de réfugié. Ils se verront ainsi délivrer une autorisation provisoire de séjour de six mois, renouvelable jusqu’à trois ans, ou avant si le conflit prend fin.
- 265 enfants scolarisés -
Ils pourront accéder immédiatement aux soins, là où une carence de trois mois est prévue pour les demandeurs d'asile. Ces déplacés pourront également travailler, s'évitant là aussi une période de carence de six mois.
Bref, la protection temporaire, c'est "mieux que l'asile", s'est même félicité le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, mardi devant le Sénat.
D'autant que ces déplacés, même s'ils ne sollicitent pas le statut de réfugié, bénéficieront tout de même de l'allocation pour demandeur d'asile, "au plafond maximal de 14 euros par jour", précise le patron de l'Ofii.
La protection temporaire, a souligné le ministère de l'Intérieur, s'appliquera également aux personnes d'autres nationalités fuyant l'Ukraine mais qui n'avaient pas le statut de réfugié et qui "ne peuvent pas rentrer de manière sûre dans leur pays, comme les Syriens ou les Afghans".
Une semaine seulement après les premières arrivées, 265 enfants ukrainiens sont déjà inscrits dans les écoles françaises, précise-t-on de même source.
Jeudi matin, le gouvernement ouvre une cellule interministérielle de crise Place Beauvau, consacrée à leur accueil. Il s'agira notamment d'essayer d'"anticiper" les prochains flux de réfugiés, explique Marlène Schiappa.
Quant aux besoins en France, ils sont encore flous, note-t-elle. Une source proche du dossier résume: "Les familles nous disent, +on reste juste le temps que la guerre se termine. Ensuite, on retourne reconstruire notre pays !+".
W.Odermatt--NZN