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Doublement des financements pour des armes à l'Ukraine, menaces de nouvelles sanctions "massives" contre Moscou, les Européens réunis en sommet à Versailles ont encore accru vendredi la pression sur la Russie pour qu'elle cesse son offensive militaire.
"Si (le président russe Vladimir) Poutine intensifie les bombardements, fait le siège de Kiev, s'il intensifie encore les scènes de guerre, nous savons que nous devrons prendre encore des sanctions massives", a déclaré le président français Emmanuel Macron à la presse à l'issue de deux jours de réunion avec les dirigeants européens.
Il n'a pas exclu que l'UE puisse s'en prendre aussi aux importations de gaz ou de pétrole, jusqu'ici épargnées en raison de leur coût pour les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes.
"Rien n'est interdit, rien n'est tabou", a-t-il lancé.
Les Vingt-Sept ont déjà adopté des sanctions financières et économiques d'une ampleur inédite qui ont entraîné un effondrement du rouble .
M. Borrell a annoncé avoir "fait une proposition pour doubler la contribution (de l'UE) avec 500 millions d'euros en plus pour des armements en soutien à l'armée ukrainienne". Elle devra encore être adoptée par les Etats membres.
Les financements proviennent de la "Facilité européenne pour la paix", un fonds doté de 5 milliards d'euros.
Une première enveloppe de 500 millions d'euros, inédite dans l'histoire européenne pour du soutien militaire, avait déjà été débloquée fin février.
Cette somme est utilisée pour rembourser les fournitures d'armements prélevées par les Etats membres sur leurs stocks.
Le gouvernement ukrainien a formulé des demandes très précises de matériel que les combattants sont capables d'utiliser, notamment des systèmes de défense antiaérienne et des armes antichars, utilisés avec succès pour freiner la progression des troupes russes et les priver de la suprématie aérienne.
Ces armements sont acheminés en Ukraine via la Pologne.
- "Livraisons dangereuses" -
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti jeudi que ces livraisons étaient "dangereuses" et a menacé les Occidentaux. "Ceux qui gorgent d'armes l'Ukraine doivent bien sûr comprendre qu'ils porteront la responsabilité de leurs actes", a-t-il déclaré.
Les 27 Etats de l'UE se sont par ailleurs félicités d'avoir trouvé un compromis, à l'issue de discussions difficiles dans la nuit, sur le message politique à envoyer à l'ancienne république soviétique quant à son projet d'adhésion à l'Union.
Divisés sur cette question, qui constitue un chiffon rouge pour Moscou, ils ont souligné son appartenance à la "famille européenne", sans aller jusqu'à évoquer formellement une intégration, même lointaine, à l'UE.
Le Premier ministre slovène Janez Jansa n'a pas caché sa déception: "Une large majorité (de pays membres) plaidait pour un message politique fort garantissant une adhésion à l'UE", même si ce n'est "pas pour demain bien sûr".
"Il faut aller plus fort. Ce n'est pas ce que nous attendons", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L'Ukraine et l'UE sont déjà liées par un accord d'association depuis 2014. Cet accord "peut être conforté, consolidé", a expliqué le président du Conseil européen Charles Michel.
L'intégration à l'UE est un processus, qui s'étale sur des années, pour rapprocher la législation du pays candidat du droit européen. Il nécessite des négociations complexes sur de nombreux sujets et des critères difficiles à respecter pour un pays en guerre, comme la stabilité politique et une économie de marché viable.
Il exige en outre l'accord unanime des 27 pays membres.
Les dirigeants européens ont également discuté le projet de la Commission européenne de réduire des deux tiers, dès cette année, la dépendance de l'UE au gaz russe, qui représente aujourd'hui 40% de sa consommation.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a indiqué qu'elle proposerait l'objectif d'une indépendance de l'UE envers les énergies fossiles russes d'ici à 2027.
Ch.Siegenthaler--NZN