AEX
-11.9800
Les Colombiens ont voté dimanche dans le calme et "la transparence" pour renouveler les deux chambres du Parlement et désigner les candidats à la présidentielle du 29 mai, où, sans surprise, le sénateur Gustavo Petro a remporté l'investiture du camp de gauche avec un score écrasant, renforçant sa position de favori au scrutin.
"La Colombie a vécu une journée d'élections dans la transparence et le respect des droits", a commenté dans la soirée le patron de l'autorité électorale colombienne, Alexander Vega, à l'issue d'une journée de vote sans incident majeur dans tout le pays.
Près de 39 millions d'électeurs étaient appelés à renouveler pour quatre ans les 296 membres du Sénat et de la Chambre basse, un parlement sortant contrôlé par une droite au pouvoir à bout de souffle, traditionnel fief des baronnies régionales à l'image considérablement ternie par des affaires de corruption.
Ils avaient aussi la possibilité de prendre part aux primaires des principaux partis pour choisir les candidats à la présidentielle du 29 mai, à laquelle le président sortant, le conservateur Ivan Duque, ne peut se représenter. Il s'agissait de désigner, au choix, le candidat d'une des trois coalitions de centre-droit, de centre-gauche, ou de gauche.
- "Protéger la liberté" -
Ces primaires, parfois qualifiées de premier tour avant l'heure, ont en fait monopolisé l'essentiel des débats. Et comme attendu, le candidat de gauche Gustavo Petro, en tête de tous les sondages ces derniers mois, s'est imposé avec 80,23% des voix à la tête du "Pacte historique", la coalition de gauche, contre l'afro-environnementaliste Francia Marquez (15%), selon des résultats provisoires en début de soirée.
Ex-guérillero reconverti au "progressisme" social-démocrate, M. Petro devrait affronter le 29 mai l'ancien maire de Medellin Federico Gutierrez, qui représentera la coalition de centre-droit ("Equipe pour Colombie"), et l'ex-gouverneur du puissant département d'Antoquia Sergio Fajardo pour la coalition de centre-gauche "Centre espérance", d'après les mêmes résultats provisoires.
D'autres candidats sont déjà en course, dont Oscar Zuluaga pour le parti au pouvoir du "Centre démocratique", qui ne décolle pas dans les intentions de vote, l'indépendant Rodolfo Hernandez, et l'ex-otage Franco-colombienne Ingrid Betancourt. Tous trois se sont abstenus de se présenter aux primaires et concourent sous les couleurs de leur propre parti.
Ces résultats, qui seront confirmés officiellement dans la soirée par l'autorité électorale, marquent véritablement le début de la course à la présidence, dans un pays historiquement gouverné par la droite, où l'accession de la gauche serait un séisme politique.
"Aujourd'hui, le changement commence dans les urnes, par un vote qui apporte l'espoir et la vie en Colombie", a commenté M. Petro à l'issue de son vote dans le centre de Bogota.
De son côté, M. Gutierrez, l'un des plus farouches opposants de M. Petro, a appeler à "la protection de notre démocratie et à la protection de nos libertés", tandis que M. Fajardo a appelé à la mobilisation "contre la corruption", l'un des thèmes brandis par presque tous les candidats.
Indice que la gauche a le vent en poupe, près de 48% des votants aux primaires ont choisi de s'exprimer pour le "Pacte historique", au détriment des deux autres coalitions.
- "Normalité totale" -
Ces primaires présidentielles ont momentanément éclipsé les législatives, dont le décompte des résultats arrivaient au compte-goutte dimanche soir.
Alors que la Colombie est sortie accablée par les ravages économiques de la pandémie et blessée par la répression des manifestations massives du printemps 2021 contre le pouvoir, les analystes prévoyaient un vote sanction contre le gouvernement de droite sortant et le parti au pouvoir du "Centre démocratique".
Si la violence armée dans les provinces inquiète, la pauvreté, la baisse du pouvoir d'achat ou l'insécurité urbaine ont semblé plus préoccuper pendant la campagne, les Colombiens disant invariablement leur lassitude des partis traditionnels.
"Je vote pour changer ce Congrès où ce sont toujours les mêmes qui ne font rien" depuis des années, a déclaré à l'AFP l'infirmière Carolina Lopez, 30 ans, peu après avoir voté à Bogota.
Toute la journée, les électeurs se sont pressés sans incident majeur dans les bureaux de vote surveillés par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP à Bogota, Medellin (nord-ouest), Cali (sud-ouest) ou encore Cucuta, à la frontière avec le Venezuela.
Aucun chiffre sur la participation n'était disponible en début de soirée.
Dans un pays où la violence des groupes armés s'est accrue de façon alarmante ces dernières années, le gouvernement s'est félicité d'une "normalité totale" dans le déroulement du vote dans les 12.500 bureaux répartis sur le territoire.
Deux soldats ont néanmoins été tués et deux autres blessés dans des attentats à la bombe dans le sud du pays, selon l'armée.
L'autorité électorale a confirmé une cyberattaque contre son site internet peu avant l'ouverture du scrutin, mais a pu la maîtriser rapidement.
F.Carpenteri--NZN