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A deux jours de la prestation de serment de la présidente élue Xiomara Castro, le Honduras s'enfonçait encore un peu plus dans la crise politique mardi avec l'installation de deux assemblées concurrentes.
La crise a éclaté vendredi lorsqu'un groupe d'une vingtaine de députés dissidents du parti Libre de Mme Castro a refusé d'élire aux fonctions de président du parlement Luis Redondo, du parti Sauveur du Honduras (PSH), dont l'apport a été déterminant au moment de la présidentielle.
Les dissidents ont donné leurs voix à Jorge Calix, du parti Libre, élu à la présidence avec le soutien de députés de l'opposition de droite, donnant lieu à des scènes de pugilat dans l'hémicycle.
Dimanche, lors de deux sessions parallèles se revendiquant chacune légitime, les deux factions rivales de parlementaires ont confirmé à la présidence du Parlement, qui Jorge Calix, qui Luis Redondo, chacune échangeant des accusations de trahison et proclamant leur loyauté à la présidente élue.
Cependant le parti de Mme Castro a expulsé les députés dissidents dont M. Calix, qui avait obtenu le soutien de 79 des 128 députés titulaires.
Mardi, chacun des deux "présidents" de Parlement ont installé deux assemblées concurrentes.
M. Redondo, fort du soutien de la présidente élue, a installé son assemblée au siège du Parlement à Tegucigalpa, en présence d'une escorte de cadets des Forces Armées, qui signalent ainsi leur ralliement à Mme Castro et au président du Parlement reconnu par elle.
M. Calix a de son côté tenu une session virtuelle de son Parlement qui compte une vingtaine de dissidents du parti Libre, ainsi que la majorité des députés de l'opposition de droite du Parti national et du Parti libéral.
Xiomara Castro, première femme élue présidente dans l'histoire du Honduras, doit prêter serment jeudi devant le président du Parlement lors d'une cérémonie prévue au stade national de Tegucigalpa.
La vice-présidente américaine Kamala Harris est attendue à l'investiture.
"Nous lançons un appel aux politiques pour qu'ils gardent leur calme, participent au dialogue, ne recourent pas à la violence et s'abstiennent de discours provocateurs", avait déclaré lundi à Washington le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price.
M. Calix a, lui aussi, appelé au dialogue. "Si c'est nécessaire, votons à nouveau. Je me soumettrai quand vous voudrez au vote des députés (...) si c'est ce qu'il faut faire pour rétablir la paix", a-t-il affirmé lundi dans une déclaration enregistrée.
- "Dialogue constructif" -
L'idée d'élire un président du Parlement recueillant un consensus, et qui ne serait ni M. Calix, ni M. Redondo, a été avancée, et les Etats-Unis pourraient jouer un rôle déterminant pour trouver une issue à la crise.
"Quelqu'un de l'ambassade américaine a pris contact avec moi et nous allons parler avec eux", a confié lundi en conférence de presse M. Redondo.
Selon des informations de presse non confirmées, l'ambassade américaine aurait également approché M. Calix.
Selon des déclarations à la presse du député dissident Yahvé Sabillon, des représentants de MM. Calix et Redondo se sont réunis lundi soir pour tenter de trouver un accord.
"Les Etats-Unis sont probablement en train de se réunir avec les deux factions pour proposer une solution qui pourrait déboucher sur la reconnaissance de (Luis) Redondo ou pour rechercher une troisième option", a dit lundi soir à l'AFP le sociologue Pablo Carias.
Parallèlement, le secrétaire général des Nations Unis, Antonio Guterres, "appelle à un dialogue constructif et pacifique pour résoudre les différends dans le cadre du processus constitutionnel" au Honduras, a fait savoir mardi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.
Xiomara Castro a remporté l'élection présidentielle grâce à son alliance avec le PSH, auprès duquel elle s'est engagée à nommer vice-président son dirigeant, Salvador Nasralla. La présidence du Parlement devait également revenir à un député du PSH, aux termes de cet accord.
La présidente élue accuse les dissidents de s'être alliés avec le Parti national du président sortant Juan Orlando Hernández pour l'empêcher de réaliser son programme de lutte contre la corruption et le narcotrafic qui a infiltré les structures de l'Etat.
Le président sortant a été mis en cause par des procureurs américains pour ses liens avec les narco-trafiquants. Il rejette ces accusations.
A.Weber--NZN