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Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé samedi en Israël dans le cadre d'une tournée au Moyen-Orient visant à fédérer un soutien à l'Ukraine et apaiser les inquiétudes de l'Etat hébreu sur un possible accord sur le nucléaire iranien.
Parti de Pologne, où il accompagnait le président américain Joe Biden pour des réunions visant à consolider le soutien occidental à l'Ukraine, M. Blinken, est arrivé à l'aéroport international de Tel-Aviv en soirée.
Le diplomate doit rester jusqu'à lundi en Israël, première étape de sa tournée dans la région qui le conduira également en Cisjordanie occupée, au Maroc et en Algérie.
Le secrétaire d'Etat veut montrer que les Etats-Unis ne se désintéressent pas du Moyen-Orient, même si l'attention de Washington semble avant tout tournée vers la Chine, et plus récemment l'Ukraine.
Il espère obtenir des appuis aux efforts des Etats-Unis et de l'Otan pour contrer l'offensive russe, dans un contexte marqué par les lourdes conséquences économiques de la guerre, notamment la flambée des prix de l'énergie et la menace d'une pénurie de blé qui pourrait porter un coup très dur aux pays arabes.
- "Accords d'Abraham" -
M. Blinken doit se réunir dimanche après-midi avec ses homologues d'Israël, des Emirats arabes unis, du Maroc, du Bahreïn et d'Egypte à Sde Boker, dans le désert du Néguev (sud). La rencontre a été qualifiée d'"historique" par le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid.
Les Emirats ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre d'une série d'accords négociés par les Etats-Unis, connus sous le nom "d'accords d'Abraham". Bahreïn et le Maroc leur ont emboîté le pas.
Ces accords ont rompu avec des décennies de consensus arabe conditionnant l'établissement de relations avec Israël avec la résolution de la question palestinienne.
Outre son entretien avec le Premier ministre israélien Naftali Bennett en Israël, Antony Blinken rencontrera le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah.
Les Palestiniens s'inquiètent d'être laissés de côté dans l'effort soutenu par les Etats-Unis pour renforcer les liens entre des pays arabes et Israël.
Le soutien américain avait été largement réduit par Donald Trump qui avait fermé le consulat de Jérusalem pour les Palestiniens. Le président américain Joe Biden s'est engagé à le rouvrir.
La question du consulat "sera certainement un point de discussion", selon une responsable du département d'Etat.
Autre sujet qui sera abordé par M. Blinken: les négociations à Vienne sur le nucléaire iranien. Les Etats-Unis et l'Iran se trouvent actuellement dans les dernières phases de pourparlers indirects visant à relancer l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions qui asphyxient l'économie iranienne.
L'accord s'était délité après le retrait unilatéral en 2018 de Washington, décidé par le président d'alors Donald Trump, et le rétablissement des sanctions contre l'Iran, qui en réaction s'était progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.
- "Affaire de jours" -
La conclusion d'un accord, en négociation entre les grandes puissances, est une "affaire de jours", a affirmé samedi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, alors que le coordinateur de l'Union européenne chargé de superviser les pourparlers avec l'Iran, Enrique Mora, est attendu dans la soirée à Téhéran.
Le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price avait déclaré lundi qu'un accord n'était "ni imminent ni certain".
La perspective d'un tel accord inquiète Israël et les alliés américains dans la région du Golfe qui perçoivent Téhéran comme une menace.
En février, M. Naftali Bennett avait dit craindre que l'accord n'empêche pas l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Téhéran dément de son côté vouloir acquérir la bombe atomique.
Après Israël, M. Blinken se rendre ensuite au Maroc où il rencontrera de hauts responsables ainsi que le dirigeant de facto des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed.
Avec ce dernier, il discutera des relations avec la Russie, la Chine et l'Iran, mais aussi de la hausse fulgurante des prix du pétrole.
Grands alliés des Etats-Unis dans la région, les Emirats sont sous pression, comme l'Arabie saoudite, pour limiter l'envolée des tarifs de l'or noir face à la guerre en Ukraine, mais n'en ont pour l'instant pas manifesté la volonté.
Les Etats-Unis se sont dits par ailleurs la semaine dernière "profondément déçus" par la visite aux Emirats du président syrien Bachar al-Assad, soutenu par Moscou mais politiquement très isolé depuis le début en 2011 du conflit qui a ravagé son pays.
X.Blaser--NZN