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Marine Le Pen chahutée, meetings géants pour Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour: les principaux candidats à la présidentielle jouent gros dimanche à exactement deux semaines du premier tour, pour lequel le président candidat Emmanuel Macron a exhorté les Français à aller voter.
A la veille de l'ouverture de la campagne officielle, il a aussi de nouveau rejeté en bloc les critiques l'accusant de fuir le débat, dans une campagne asphyxiée par la crise du Covid puis écrasée par la guerre en Ukraine.
Il s'est justifié sur le recours aux cabinets de consultants dont McKinsey, affirmant qu'il était "faux" de laisser penser qu'il existerait "des combines".
Avant un retour lundi sur le terrain à Dijon, il a défendu son projet critiqué de porter l'âge de départ à la retraite à 65 ans en promettant "concertation" et "bienveillance".
Le président candidat, toujours donné en tête des intentions de vote au premier tour (28,5% selon un sondage Sopra-Steria publié samedi), s'est dit "choqué" par la perturbation de l'enregistrement en Guadeloupe d'un entretien de la candidate RN Marine Le Pen, donnée depuis des mois au second tour face à lui. Une "scène totalement inacceptable", a-t-il dit.
Les porte-parole de Mme Le Pen (17,5% selon SopraSteria) ont, eux, dénoncé les agissements de "militants d'extrême gauche" qui ont envahi le plateau de l'émission et ont "bousculé assez violemment" la candidate.
- "Vote caché" -
Avec ce déplacement sans grand rendez-vous, Marine Le Pen cultive son recentrage - au grand dam du camp Macron qui y voit "un véritable risque" - alors que les propositions toujours plus radicales de son concurrent d'extrême droite Eric Zemmour contribuent à lisser son image.
Elle joue aussi la contre-programmation, face au meeting voulu géant d'Eric Zemmour au Trocadéro à Paris, avec des dizaines de cars affrétés pour transporter des militants de Reconquête! venant de toute la France, pour tenter de conjurer son reflux dans les sondages, autour de 10%.
"Les sondages ne disent pas ce qu'on ressent sur le terrain. Marine Le Pen n'a aucune dynamique sur le terrain", a affirmé sur place à la mi-journée auprès de l'AFP l'ancienne conseillère régionale RN lyonnaise Agnès Marion.
Soutien d'Eric Zemmour, le souverainiste Philippe de Villiers a promis dans la matinée, dans une vidéo sur Twitter, le rassemblement en force de "la France du vote caché".
A gauche, le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon (12 à 15% dans les sondages) compte pour sa part réaffirmer, dans un meeting voulu énorme également, sur la plage du Prado à Marseille, son espoir d'accéder au second tour et la nécessité d'un vote utile auprès des électeurs de l'écologiste Yannick Jadot, de la socialiste Anne Hidalgo ou du communiste Fabien Roussel.
- "Equité" ou "inégalité" -
En meeting à Toulouse, Fabien Roussel a dénoncé le "programme commun" des "Macron, Zemmour, Le Pen" dicté, selon lui, "par le Medef", estimant qu'il était "temps que les cigares changent de bouche".
Yannick Jadot est pour sa part arrivé à vélo au Zenith de Paris avec l'objectif de relancer une campagne qui patine (6% dans les sondages) en réunissant 5.000 personnes.
Pour la candidate LR Valérie Pécresse (autour de 10% dans les sondages), qui souffre du Covid-19, dimanche sera seulement l'occasion d'une visioconférence avec des militants.
La guerre en Ukraine, qui a obligé tous les candidats à se positionner alors que les sujets internationaux sont traditionnellement loin des préoccupations des électeurs lors d'une présidentielle, occupe par ailleurs encore les interviews dimanche.
Emmanuel Macron a mis en garde contre une "escalade des mots et des actions en Ukraine", après les propos du président américain Joe Biden qui a traité Vladimir Poutine de "boucher".
Marine Le Pen, qui insiste toujours sur les conséquences de la guerre sur le pouvoir d'achat des Français, a, elle, estimé sur France 3 que l'achat de gaz groupé par l'Union européenne n'était "pas pour faire des économies", tandis que Jean-Luc Mélenchon déplorait l'importation des États-Unis d'un gaz de schiste "anti-écologique".
C'est pour tous la dernière ligne droite dans la course à l'Elysée, avec à partir de lundi l'entrée en vigueur des règles rigoureuses de la campagne officielle qui mettront médiatiquement les 12 candidats sur un pied d'égalité.
Ceux sous les 3% d'intentions de vote ont toutefois encore protesté dimanche.
"L'équité, c'est un mot habile pour l'inégalité", a estimé Nicolas Dupont Aignan (Debout la France) sur France Inter, tandis que Jean Lassalle (Résistons!) appelait à "résister contre ce système féroce qui est une dictature molle", et Nathalie Arthaud (LO) dénonçait un large "problème de pluralisme" dans la société au-delà même de cette campagne.
D.Smith--NZN