Zürcher Nachrichten - Trostyanets, un mois sous le joug de la 4e division blindée russe

EUR -
AED 3.875889
AFN 72.205181
ALL 98.1458
AMD 411.558537
ANG 1.916541
AOA 962.380548
ARS 1053.460617
AUD 1.629039
AWG 1.899436
AZN 1.796054
BAM 1.955128
BBD 2.147062
BDT 127.076321
BGN 1.955501
BHD 0.397691
BIF 3140.220626
BMD 1.055242
BND 1.421211
BOB 7.348474
BRL 6.127479
BSD 1.063429
BTN 89.681974
BWP 14.429177
BYN 3.480104
BYR 20682.748811
BZD 2.143463
CAD 1.477856
CDF 3023.268931
CHF 0.936037
CLF 0.037475
CLP 1034.042999
CNY 7.643435
CNH 7.656268
COP 4726.4302
CRC 543.013352
CUC 1.055242
CUP 27.963921
CVE 110.227112
CZK 25.29162
DJF 189.364013
DKK 7.458431
DOP 64.047985
DZD 141.595584
EGP 52.048878
ERN 15.828634
ETB 129.787589
FJD 2.400517
FKP 0.831939
GBP 0.831679
GEL 2.880533
GGP 0.831939
GHS 17.174097
GIP 0.831939
GMD 74.922181
GNF 9164.849807
GTQ 8.217176
GYD 222.483527
HKD 8.210793
HNL 26.847772
HRK 7.527398
HTG 139.82194
HUF 408.071164
IDR 16747.750325
ILS 3.961617
IMP 0.831939
INR 89.091464
IQD 1393.021183
IRR 44417.781293
ISK 147.301429
JEP 0.831939
JMD 168.352133
JOD 0.748277
JPY 164.528089
KES 136.65697
KGS 90.959327
KHR 4308.519052
KMF 492.111895
KPW 949.718351
KRW 1484.483078
KWD 0.324709
KYD 0.886195
KZT 524.13984
LAK 23353.972643
LBP 95227.167988
LKR 310.813166
LRD 200.4511
LSL 19.103234
LTL 3.115856
LVL 0.638305
LYD 5.152205
MAD 10.573666
MDL 19.162413
MGA 4962.294333
MKD 61.50386
MMK 3427.385783
MNT 3585.713011
MOP 8.520071
MRU 42.333449
MUR 49.480474
MVR 16.303257
MWK 1843.966182
MXN 21.714761
MYR 4.729581
MZN 67.429784
NAD 19.103234
NGN 1777.15508
NIO 39.136548
NOK 11.768911
NPR 143.490319
NZD 1.79792
OMR 0.406301
PAB 1.063434
PEN 4.030415
PGK 4.274531
PHP 62.083597
PKR 295.462042
PLN 4.341712
PYG 8299.108061
QAR 3.877067
RON 4.9761
RSD 116.986248
RUB 103.941388
RWF 1459.598299
SAR 3.965
SBD 8.846682
SCR 14.372691
SDG 634.721198
SEK 11.604083
SGD 1.419443
SHP 0.831939
SLE 24.075373
SLL 22127.897695
SOS 607.691121
SRD 37.228328
STD 21841.3848
SVC 9.304802
SYP 2651.327542
SZL 19.109251
THB 36.955598
TJS 11.330505
TMT 3.7039
TND 3.34705
TOP 2.471482
TRY 36.253371
TTD 7.226516
TWD 34.38931
TZS 2806.944247
UAH 43.932499
UGX 3902.658556
USD 1.055242
UYU 44.834589
UZS 13604.323846
VES 47.482416
VND 26792.601648
VUV 125.280461
WST 2.949681
XAF 655.731608
XAG 0.035015
XAU 0.000412
XCD 2.851845
XDR 0.801125
XOF 655.728502
XPF 119.331742
YER 263.600634
ZAR 19.280301
ZMK 9498.447256
ZMW 29.089001
ZWL 339.787586
  • AEX

    -2.2500

    862.98

    -0.26%

  • BEL20

    7.5700

    4213.02

    +0.18%

  • PX1

    -10.1200

    7216.83

    -0.14%

  • ISEQ

    -100.8600

    9691.81

    -1.03%

  • OSEBX

    -8.7500

    1402.42

    -0.62%

  • PSI20

    -38.0000

    6294.7

    -0.6%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    48.0500

    2942.61

    +1.66%

  • N150

    -12.4200

    3255.75

    -0.38%

Trostyanets, un mois sous le joug de la 4e division blindée russe
Trostyanets, un mois sous le joug de la 4e division blindée russe

Trostyanets, un mois sous le joug de la 4e division blindée russe

Tchaïkovski y composa l'une de ses premières symphonies, les troupes russes y laisseront un souvenir beaucoup plus douloureux: Trostyanets, dans le nord-est de l'Ukraine, est sortie ce début de semaine comme hébétée, et en partie détruite d'un mois d'occupation russe.

Taille du texte:

Après trois jours de lourds bombardements, les forces ukrainiennes ont chassé le weekend passé les soldats russes de cette ville de près de 20.000 habitants, connue pour un séjour estival du célèbre compositeur russe en 1864, et aujourd'hui pour son usine de chocolat, la plus grande du pays.

"Ca bombardait de tous les côtés. Dans la nuit du 25 au 26 (mars), ils ont juste décampé": Pavlo a passé près d'un mois cloîtré dans sa maison, près de la gare Smorodino, où stationnait le gros du contingent de Moscou. Des Russes, des Tchétchènes, et des Ukrainiens du Donbass séparatiste, "les plus cruels, qui expulsaient les gens pour s'installer dans leurs maisons".

En un mois d'occupation, réfugié dans sa cave, Pavlo dit avoir tout vu, ou plutôt tout entendu: l'entrée des Russes dans Trostyanets, leurs agissements dans les rues, "les bombes et les (roquettes) Grad qui volaient...".

- "Des nouvelles de Kiev?" -

Trois jours après l'assaut, le parvis de la gare est un champ de bataille, que domine encore sur sa stèle un antédiluvien char T-34, en hommage à la "Grande guerre patriotique" contre les Nazis.

Une dizaine de chars, camions citerne et autres engins blindés, éventrés ou carbonisés, gisent un peu partout autour de la place dévastée. Un MSTA, monstrueux obusier de 152 mm sur chenilles, est abandonné là, porte ouverte. Rangers abandonnées, morceaux d'acier et munitions jonchent le sol retourné.

La gare routière voisine, les commerces qui abritaient les soldats russes et leurs armements sont en ruines, partis en fumée, des caisses de munitions en bois empilées ou renversées de tous côtés.

"Nos militaires ont visé juste, avec des drones ou je ne sais quoi. C'est beau toute cette ferraille brûlée, on va en faire plein de munitions pour notre armée", se réjouit Pavlo, venu avec son vélo constater les dégâts.

"C'était très dangereux de marcher par ici (...). Ils arrêtaient des gens, volaient les téléphones pour appeler chez eux". Lui n'est sorti que très rarement pour aller voir la maison de sa fille, toujours "par des chemins détournés" pour éviter la soldatesque russe.

"Il n'y avait plus rien à manger dans la ville, plus d'eau, plus d'électricité. Moi ça va, j'avais mon puits dans le jardin et mes provisions à la cave", confie, sourire en coin, le cinquantenaire, gui a gardé malgré tout son embonpoint.

Pour Olga Kolchelienko et son mari, cloîtrés dans leur appartement du troisième étage, sans eau ni électricité, ce mois sous le joug russe fut visiblement plus rude. Le teint blafard, le couple de sexagénaires sort en centre-ville pour la première fois depuis un mois.

"Nous sommes encore sous le choc...", tente de se souvenir cette professeure d'anglais. "J'ai vu les Russes de loin, on n'osait même pas regarder pas la fenêtre, de peur qu'ils nous tirent dessus".

"Quand l'électricité a été coupée, nous avons juste eu le temps d'appeler notre fils, avant que les batteries tombent à plat. Nous sommes restés des semaines sans téléphone, sans connexion, sans aucune information...Vous avez des nouvelles de la guerre? Kiev tient toujours?", demande-t-elle d'un air inquiet.

La ville bruisse de rumeurs sur des civils tués, des femmes violées ou des hommes "pris en otage" et détenus à la gare centrale, où les Russes avaient leur QG. Olga a appris qu'un de ses élèves de 13 ans avait été fusillé et "enterré près de chez lui". Mais en fait "personne ne sait vraiment, tant que le réseau (téléphonique) ne marche pas".

- Ferrailleurs -

A 100 km au nord-ouest de Kharkiv, la deuxième ville du pays, Trostyanets est aussi à une trentaine de kilomètres de la frontière russe, d'où les chars de la 4e Division blindée "Kantemirov" ont surgi aux premières heures de l'invasion le 24 février, selon les Ukrainiens.

"Les troupes russes sont arrivées en ville au deuxième jour de la guerre", se souvient Pavlo. Une colonne s'est ensuite enfoncée sur des dizaines de kilomètres plus au sud-ouest, où elle a alors rencontré une furieuse résistance ukrainienne, dont témoignent les squelettes de chars carbonisés tout le long de cette route secondaire.

A Trostyanets même, l'essentiel des destructions se concentre autour de la gare et dans le sud de la ville, près de l'hôpital, seul endroit apparemment où ont eu lieu des combats au sol lors de la reprise de la ville.

Il n'y a pas eu de résistance russe, ils sont partis sans combattre ou presque, selon de multiples témoignages. Leur QG de la gare est jonché d'uniformes abandonnés, de rations frappées de l'étoile russe et de nourritures pourries et malodorantes.

Au milieu de ce champ de bataille aux allures de décharge, les services de déminage s'affairent à neutraliser les munitions non explosées et à trier celles encore utilisables.

Pour les militaires ukrainiens, c'est la foire à la récup. Beaucoup ont le nez dans les moteurs ou sous les châssis des camions Kamaz abandonnés. Un démineur démonte un phare arrière sur un semi-remorque en panne.

"Avec deux camions pourris, on peut en bricoler un qui fonctionne", résume un chef de la police locale, venu avec son escorte lui aussi fouiner dans les épaves.

Aucun cadavre russe n'était visible en ville. La colonne blindée a laissé derrière elles mines et engins piégés dans les bois et champs alentours, qui ont fait un mort lundi, selon un secouriste.

- "Les gens ont faim"

La chocolaterie du géant de l'agro-alimentaire américain Mondelez, qui employait de nombreux habitants du coin, ne semble que légèrement endommagée. Les Russes y stationnaient des véhicules et ont pillé l'endroit, selon un gardien.

Pour les habitants, qu'on voit presque tous avec des sacs remplis de provisions, l'urgence est au ravitaillement. Aucun commerce n'a encore rouvert.

Des dizaines de personnes âgées, mine grave et bonnet sur la tête, font la queue devant l'école de musique Tchaïkovski, voisine du musée du même nom, pour récupérer quelques vivres.

"Les gens ont faim", s'émeut Katerina, 18 ans, venue avec sa mère à une distribution de nourriture organisée dans une église baptiste.

"On allait de l'appartement à la cave, de la cave à l'appartement. C'était horrible", raconte cette jeune fille à taches de rousseur. "Je devais aider maman à trouver de quoi manger, sortir tous les jours. Vous imaginez, pas de pain pendant un mois?"

S.Scheidegger--NZN