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Les autorités ukrainiennes ont accusé mercredi la Russie d'avoir bombardé un centre de la Croix-Rouge à Marioupol et la ville de Tcherniguiv, tandis que le Kremlin a douché les espoirs de "percée" à la suite des négociations de la veille.
La haute commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a pour sa part averti que les attaques des forcées armées russes en Ukraine "pourraient être des crimes de guerre".
S'exprimant devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève, Mme Bachelet n'a laissé aucun doute sur le fait qu'elle estime que la Russie est la principale fautive même si elle n'a pas totalement dédouané les forces ukrainiennes.
Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, a été "bombardée toute la nuit", avait déclaré plus tôt mercredi le gouverneur régional Viatcheslav Tchaous.
Après Marioupol (sud-est), Tcherniguiv, qui comptait 280.000 habitants avant la guerre, est la ville la plus durement frappée par les bombardements depuis le début de la guerre le 24 février.
Semblant revenir sur des annonces faites par Moscou à l'issue de discussions entre les belligérants mardi à Istanbul, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a dit ne pas pouvoir "faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d'une percée quelconque".
Ces paroles tranchent avec celles, beaucoup plus positives, de responsables russes présents la veille à Istanbul. Le vice-ministre russe de la Défense Alexandre Fomine avait ainsi affirmé que Moscou allait "réduire radicalement (son) activité militaire en direction de Kiev et de Tcherniguiv".
Ces promesses avaient d'emblée été accueillies avec scepticisme par l'Ukraine et ses alliés occidentaux.
Le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motuzyanyk, a souligné mercredi avoir constaté le départ de certaines unités de Kiev et de Tcherniguiv, mais "pas de retrait massif de troupes russes de ces zones".
Le président américain Joe Biden devait s'entretenir mercredi à 14h45 GMT avec M. Zelensky, a fait savoir la Maison Blanche. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a de son côté appelé à "continuer d'intensifier les sanctions" jusqu'au départ de tous les soldats russes.
- Irpin "à 100%" contrôlée par les Ukrainiens -
A Kiev et dans ses alentours, les sirènes d'alerte ont été entendues à plusieurs reprises dans la nuit et des explosions étaient audibles en provenance d'Irpin au nord de la capitale.
Irpin est désormais "à 100% contrôlée par l'armée ukrainienne", a affirmé mercredi son maire, Oleksandre Markouchine. Il a toutefois appelé ses concitoyens à "ne pas revenir" pour l'instant car cette ville, à moitié détruite, subit toujours des bombardements et reste "dangereuse".
"Environ 200 ou 300 personnes sont mortes malheureusement" à Irpin depuis le début des hostilités, a-t-il déploré.
L'armée ukrainienne a par ailleurs repris le contrôle d'une autoroute stratégique reliant Kharkiv à Tchougouïv, dans l'est de l'Ukraine, ont constaté mercredi des journalistes de l'AFP.
"Il y a des cadavres russes éparpillés partout", a assuré à l'AFP un officier du renseignement ukrainien. "Les combats ont été très durs, rapprochés parfois de dix mètres. Ça a duré près de trois jours".
Le chef de l'administration militaire régionale de Kiev, Oleksandre Pavliouk, a en outre fait état mercredi d'une "cyberattaque massive" contre le site internet de son administration.
- Quatre millions de réfugiés -
En cinq semaines de guerre, plus de quatre millions d'Ukrainiens ont été contraints de fuir leur pays, a annoncé le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à Genève. L'Europe n'avait pas connu de tels flots de réfugiés depuis la deuxième guerre mondiale.
Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d'un quart de la population, ont dû quitter leur foyer. Le conflit a fait 1.189 morts et 1.901 blessés parmi les civils, selon le HCR.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU a annoncé fournir une aide alimentaire d'urgence à un million de personnes en Ukraine.
A Marioupol, quelque 160.000 civils demeurent bloqués sous les bombes et confrontés à "une catastrophe humanitaire", vivant terrés dans des abris sans électricité et manquant de nourriture et d'eau, selon des témoignages.
Les forces russes ont "délibérément bombardé un bâtiment du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)" dans ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine, a affirmé Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, disant ne pas disposer d'informations "concernant les victimes".
Une porte-parole de la Croix-Rouge à Genève a dit à l'AFP ne pas disposer d'informations dans l'immédiat faute d'"équipe sur le terrain".
Selon la mairie, les forces russes ont en outre procédé à l’évacuation forcée vers la Russie d'une maternité, emmenant "plus de 70 personnes, des femmes et des membres du personnel médical".
Au total, plus de 20.000 habitants de Marioupol ont été évacués "contre leur gré" en Russie, affirme la municipalité, selon laquelle on leur a confisqué leurs papiers et on les a redirigés "vers des villes russes éloignées".
Ces informations sont invérifiables de source indépendante, cette cité étant assiégée depuis fin février avec des communications défaillantes.
Dans le nord-est de l'Ukraine, Trostyanets, qui compte en temps normal 20.000 habitants, a été reprise le week-end dernier par les forces ukrainiennes. Après un mois d'occupation, les Russes sont partis sans combattre ou presque, selon de multiples témoignages recueillis par l'AFP dans cette ville en partie détruite.
- "Dépôt de munitions" -
La sécurité des centrales nucléaires d'Ukraine demeure un autre problème clé. Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, s'est rendu mercredi dans celle de Ioujno-Oukrainsk, dans le sud, promettant au personnel "un soutien efficace en cette période extrêmement difficile".
Depuis le début de l'offensive militaire russe, M. Grossi ne cesse de mettre en garde contre les dangers de cette guerre, la première à se dérouler dans un pays doté d'un vaste parc nucléaire, ainsi que de plusieurs dépôts de déchets nucléaires.
"Nous avons déjà évité de justesse plusieurs incidents. Nous ne pouvons pas perdre plus de temps", avait-il déclaré mardi.
La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a de son côté sonné l'alarme à propos du site de Tchernobyl, théâtre de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire en 1986 et tombé aux mains des Russes le 24 février.
"Les occupants russes ont créé un énorme dépôt de munitions dans la zone d’exclusion autour de Tchernobyl. Elles peuvent exploser à tout moment" et ainsi provoquer une "catastrophe écologique colossale", a-t-elle averti, appelant le Conseil de sécurité de l’ONU à agir et à y "envoyer une mission spéciale".
burx-ahe/bds/mj
E.Leuenberger--NZN