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Coup de froid sur la France vendredi mais pas, semble-t-il, pour Marine Le Pen: à une semaine ou presque du scrutin, la candidate d'extrême droite vient titiller le favori de la présidentielle Emmanuel Macron, dont le camp crie à l'"imposture".
"Cette fois-ci, c'est la bonne, les gens en ont marre d'Emmanuel Macron", assure le jeune Nicolas Weber, 23 ans, sur le marché de Haguenau, dans le Bas-Rhin, après avoir fait un selfie avec Marine Le Pen.
Celle-ci, déjà candidate à l'Elysée à deux reprises, se dit "sereine" et affirme "sentir sur le terrain une grande dynamique, un espoir qui s'est levé en cette fin de campagne".
La question d'une possible victoire de la candidate du RN, parti hérité de l'ex-Front national honni, électrise une campagne marquée par la pandémie du Covid et la guerre en Ukraine, sur fond de craintes d'une abstention record le 10 avril.
Les sondages ne sont qu'un instantané à un moment donné et n'anticipent en rien le résultat des urnes. Mais ils se suivent et se ressemblent depuis plusieurs mois, donnant Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour, pour un match retour de 2017.
Avec toutefois un écart qui se resserre entre le plus jeune président de la Ve République, candidat qui se veut "en même temps" de gauche et de droite. Et la candidate d'un parti d'extrême droite attirant un électorat populaire et qui s'évertue à lisser son image.
Pour Arnaud Mercier, chercheur en communication politique à l'université Paris Panthéon-Assas, l'ancien polémiste d'extrême droite Eric Zemmour constitue "le meilleur argument de dédiabolisation que Marine Le Pen puisse trouver" car "à coté de Zemmour, n'importe qui passe pour un modéré".
- "Complaisance" -
En marge d'un déplacement au marché de gros de Rungis (Val-de-Marne) pour opposer la "France des travailleurs du matin" à celle "des assistés et des profiteurs", Eric Zemmour a accusé les médias d'avoir fait preuve de "bienveillance" et de "complaisance" avec sa rivale Marine Le Pen.
Préoccupation numéro un des Français, le pouvoir d'achat est au coeur de cette campagne, une thématique encore plus d'actualité avec les répercussions de la guerre en Ukraine qui ont fait flamber les prix de l'énergie et des céréales.
Dans l'est du pays vendredi, Marine Le Pen est apparue requinquée avant de tenir une réunion publique à Stiring-Wendel (Moselle), en soirée.
"Ce qui a été annoncé comme étant la réélection obligatoire d'Emmanuel Macron était une fake news", a déclaré la candidate à Haguenau (Bas-Rhin), en jugeant "assez lourdingues" les attaques de la macronie contre elle.
Elle dit avoir fait le choix de la "proximité" contre le "gigantisme" alors qu'Emmanuel Macron, qui a reçu vendredi à l'Elysée le maire de la ville ukrainienne de Melitopol, prépare un grand meeting samedi près de Paris.
Mais pas question de s'endormir sur des sondages porteurs. "La victoire est possible mais elle n'est pas acquise. Chaque voix compte", a insisté Laurent Jacobelli, un porte-parole de Marine Le Pen.
Défense du pouvoir d'achat aussi au menu de la candidate de droite Valérie Pécresse, au coude-à-coude avec l'ancien polémiste autour de 10% des intentions de vote, et qui tient une réunion publique à Toulon en soirée.
Toujours ferme sur le régalien, elle a fustigé en Emmanuel Macron "le candidat du bavardage" sur la sécurité, à Rognac (Bouches-du-Rhône), au lendemain d'une visite nocturne dans les quartiers nord de Marseille. "C'est la droite qui fait la sécurité", a-t-elle dit.
- "Imposture" -
Le Premier ministre Jean Castex, en tant que soutien du président-candidat, se trouvait lui dans le sud-est, à Carpentras (Vaucluse), sur des terres favorables au parti de Marine Le Pen.
La présidentielle "n'est pas jouée" et "tout le monde doit se mobiliser" car l'élection de Marine Le Pen serait une "catastrophe", a-t-il insisté à son arrivée. Selon lui, la candidate d'extrême droite "fait croire qu'elle a changé, qu'elle est devenue plus souple, plus centriste presque, mais c'est de l'imposture. Elle n'a pas changé".
Il devait rappeller tous les amortisseurs mis en place par l'exécutif pour atténuer l'inflation le jour où la ristourne gouvernementale d'au moins 15 centimes par litre de carburant est effective.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il semble consolider sa troisième place (15%), en caressant l'espoir d'un "front républicain" faisant barrage à l'extrême droite et qui le porterait au second tour. Il prépare un grand meeting dimanche sur la place du Capitole à Toulouse.
En visite sur la côte atlantique à Nantes et Saint-Nazaire, la candidate socialiste Anne Hidalgo a dénoncé sur LCI la menace de l'extrême droite: "Quand (...) on fait en sorte que le paysage politique totalement explosé soit un paysage dans lequel il n'y aurait plus qu'un candidat qui serait soit-disant le candidat d'une forme de raison, et en face l'extrême droite, on joue avec le feu et effectivement tout est possible".
E.Leuenberger--NZN