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Les électeurs costariciens doivent choisir dimanche un président entre deux candidats au second tour : le conservateur Rodrigo Chaves, ex-ministre sanctionné pour harcèlement sexuel, ou le centriste José Maria Figueres, ancien président dont l'image est assombrie par des accusations de corruption.
M. Chaves, un économiste qui a claqué la porte du ministère des finances du gouvernement sortant au bout de seulement 180 jours, concourt sous la bannière du nouveau Parti Progrès social démoctratique (PPSD).
Il est donné par les sondages avec un avantage de plus de 3% pour devenir le futur président du Costa Rica, un pays considéré comme la "Suisse" de l'Amérique centrale.
Face à lui, M. Figueres, qui a perdu du terrain au fil des près de deux mois de campagne depuis le premier tour du 6 février, a déjà gouverné le pays de 1994 à 1998 et reste fidèle au Parti de libération nationale (PLN) qui a donné au pays le plus grand nombre de chefs d'Etat.
"Il est bien difficile de savoir ce que veulent faire Figueres ou Chaves. Avec les polémiques (sur eux), on a perdu de vue l'objectif principal : élire celui qui va gouverner le pays", déplore l'économiste et analyste politique Daniel Suchar.
MM. Figueres, 67 ans, et Chaves, 60 ans, promettent d'apporter des solutions aux problèmes qu'affronte le Costa Rica : la dette extérieure, équivalente à 70% du PIB, le taux de pauvreté de 23% de la population, le chômage à 14%, et les scandales de corruption dans le secteur public.
Ni l'un ni l'autre ne disposera de majorité au Parlement, et le futur président devra de toute façon composer avec les autres partis.
La pandémie de covid-19 a frappé durement le tourisme, l'un des principaux moteurs économiques du Costa Rica, qui se présente en champion de la défense de l'environnement et vante ses richesses naturelles.
"La priorité en ce moment, c'est de relancer l'économie (...), chercher les moyens de donner du travail aux nombreux chômeurs", souligne l'auditeur Andres Fonseca.
- Pays "le plus heureux -
Le Costa Rica (5 millions d'habitants) est le pays le "plus heureux" d'Amérique latine, selon le dernier World Happiness Report (rapport mondial de bonheur) mais a également subi la plus progression du chômage dans la région, avec le Pérou.
Dimanche, 3,5 millions d'électeurs sont appelés à départager les deux hommes.
M. Chaves est le favori des derniers sondages, avec 41,8% des intentions de vote, contre 38% pour M. Figueres. Cependant, quelque 18% des électeurs seraient toujours indécis.
"Le 3 avril va être une véritable révolution dans l'histoire de ce pays. On va nettoyer la maison", a lancé M. Chaves, qui cultive une image de batailleur.
Mais ses adversaires ne manquent pas de rappeler qu'il a été placé sous enquête et a été sanctionné par la Banque Mondiale pour harcèlement sexuel de deux collaboratrices entre les années 2008 et 2013.
Pour le candidat conservateur, il s'agissait de "plaisanteries" qui ont été mal interprétées en raison de "différences culturelles".
Dans cette polémique, "ce sont nous les femmes qui perdons le plus" : Chaves "a été victimisé (...) et il a inspiré de l'empathie chez les hommes car le harcèlement au Costa Rica, c'est monnaie courante", juge l'analyste Gina Sibaja, qui déplore un "effet boomerang".
M. Figueres, ancien président, et fils de l'ex-chef de l'Etat José Figueres, resté célèbre pour avoir supprimé l'armée en 1948, a pour slogan "l'expérience pour le progès".
"Cette élection est différentes de toutes celles qui l'ont précédée (...) notre avenir est en jeu", a-t-il dramatisé lors de son meeting de fin de campagne.
Sans que cela aille jusqu'au procès, une enquête a été ouverte contre l'ancien président, soupçonné d'avoir reçu 900.000 dollars en 2004 de la part de l'entreprise française Alcatel pour remporter des marchés publics.
Exilé en Europe, M. Figueres a refusé de répondre aux convocations de la justice, et n'est rentré au pays qu'en 2011, une fois l'affaire prescrite.
R.Bernasconi--NZN