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Ebranlé par l'une des plus graves crises de son histoire, le Parti Populaire (PP), principale opposition au gouvernement de gauche espagnol, a porté samedi à sa tête Alberto Núñez Feijóo, un politicien chevronné et modéré, avec pour mission de conduire cette formation de droite à la victoire lors des prochaines élections.
"Félicitations Président!", a lancé Teófila Martínez, la présidente du congrès extraordinaire du parti qui s'était ouvert vendredi à Séville, la capitale de l'Andalousie (sud), après avoir annoncé que M. Feijóo avait recueilli 98% des votes des plus de 3.000 délégués.
M. Feijóo, 60 ans, jusqu'alors président du gouvernement régional de Galice (nord-ouest de l'Espagne), était l'unique candidat à la succession de Pablo Casado, 41 ans, le président sortant du parti.
Candidat du consensus, il a été quasiment plébiscité par les délégués et par les dirigeants du parti, qui voient en lui le seul homme capable à la fois d'unifier le PP après la crise qui a coûté son poste à M. Casado et de vaincre le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez lors du prochain scrutin, prévu fin 2023.
Après la proclamation de son élection, M. Feijóo devait prononcer son premier discours en tant que nouveau leader du PP.
Il avait annoncé la couleur dès vendredi soir, lors du discours de présentation de sa candidature, en affirmant être "venu ici pour gagner et pour gouverner".
- Baron régional -
Le congrès a été convoqué pour mettre fin à la crise déclenchée par la guerre fratricide entre M. Casado et Isabel Díaz Ayuso, présidente de la région de Madrid et étoile montante du parti.
Mme Díaz Ayuso était soupçonnée par l'entourage de M. Casado de trafic d'influence dans le cadre d'un contrat d'achat de masques signé en avril 2020 par la région de Madrid et pour lequel son frère Tomás, représentant d'une entreprise vendant du matériel sanitaire, a touché une commission.
Mais la crise a fini par emporter M. Casado, très critiqué à l'intérieur du parti pour son manque de leadership, qui a annoncé vendredi à Séville son retrait de la politique.
Président de la région de Galice (nord-ouest) depuis 13 ans, M. Feijóo a remporté quatre élections consécutives à la majorité absolue dans son fief, une performance rarissime en Espagne qui en fait un baron unanimement respecté au sein de la formation conservatrice.
"Je me sens plus à l'aise au pouvoir que dans l'opposition", avait-il déclaré vendredi soir devant le congrès du PP.
Il va devoir maintenant tenter de réitérer ces succès à l'échelle nationale pour ramener au pouvoir une droite traumatisée par le renversement en 2018 de Mariano Rajoy par le Parlement suite au dépôt d'une motion de censure par l'actuel Premier ministre socialiste Pedro Sánchez après la condamnation du PP dans un scandale de corruption.
- Le casse-tête Vox -
Sa tournée de présentation devant les militants à travers l'Espagne, en préalable au congrès de Séville, s'est soldée par son lot de polémiques et de rectifications, notamment lorsqu'il a qualifié le gouvernement d'"autiste", avant de présenter ses excuses aux personnes souffrant de ce trouble.
Mais malgré ces quelques faux pas, le PP n'a aucun doute que M. Feijóo est bien l'homme de la situation et qu'il saura tirer profit des difficultés du gouvernement minoritaire de M. Sánchez, cible d'une grogne sociale montante en raison d'une inflation record - accentuée par la guerre en Ukraine - qui a frôlé les 10% en mars.
Le nouveau chef du PP aura parmi ses principales missions de freiner la poussée du parti d'extrême droite Vox, inexistant dans son fief galicien, mais en plein essor dans une grande partie de l'Espagne.
Marginal il y a quelques années, Vox, fondé par des anciens du PP, est devenu la troisième force politique en Espagne depuis les législatives de 2019, avec 52 députés contre 88 au PP, sur un total de 350 sièges à la chambre basse du Parlement.
Pourtant, le PP devrait, selon les sondages, avoir besoin de Vox pour disposer d'une majorité au niveau national. Il vient d'ailleurs d'accepter, avec la bénédiction de M. Feijóo, de faire entrer cette formation pour la première fois au sein d'un gouvernement régional, en Castille-et-Léon.
O.Meier--NZN