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Après avoir fui des combats meurtriers entre jihadistes et combattants kurdes près d'une prison du nord-est de la Syrie, des femmes et des enfants ont trouvé refuge dans une mosquée de Hassaké mais souffrent de la faim et grelottent de froid.
"On est en sécurité ici, mais (...) il n'y a ni pain, ni eau, ni sucre", lance Maya, 38 ans, mère de neuf enfants.
"On ne se reposera vraiment que lorsqu'on rentrera chez nous", ajoute-t-elle en tentant de calmer son nourrisson qui tremble de froid.
Maya et sa famille ont fui vendredi leur maison, située près de la prison de Ghwayran à Hassaké, après une attaque de grande ampleur du groupe Etat islamique (EI) contre ce centre de détention, gardé par les forces kurdes et abritant des milliers de jihadistes présumés.
Dominées par les Kurdes, les Forces démocratiques syriennes (FDS), avec l'appui de la coalition internationale dirigée par Washington, ont annoncé avoir repris le contrôle du secteur mercredi, mettant fin au plus important assaut jihadiste dans le pays en trois ans.
Mais lors de l'attaque, des jihadistes avaient réussi à s'évader et certains s'étaient cachés dans des quartiers voisins, semant la peur parmi les habitants. Environ 45.000 personnes vivant dans les secteurs proches de la prison ont fui, d'après l'ONU.
La plupart des civils se sont réfugiés chez des parents ou amis dans des quartiers sûrs et éloignés de la prison, mais d'autres n'ont trouvé comme abri qu'une mosquée ou encore une salle des fêtes, selon un photographe de l'AFP.
- "On meurt de froid" -
Maya raconte comment elle et sa famille ont quitté précipitamment leur maison du quartier El-Zouhour, au lendemain du début de l'assaut contre la prison.
Le 20 janvier, "nous étions à la maison quand nous avons entendu une forte explosion (...) les enfants se sont mis à pleurer, mais nous ne pouvions pas sortir à cause du froid", explique-t-elle.
"Nous avions peur mais nous sommes restés à la maison jusqu'au lendemain matin et nous sommes partis", poursuit-elle.
Bien qu'elle dise se sentir désormais en sécurité, elle craint que sa maison, déjà endommagée par des frappes aériennes il y a plusieurs années, ait été touchée par les combats entre les jihadistes et les forces kurdes.
- "On meurt de froid" -
"Il n'y a pas d'autre endroit sûr pour nous", affirme Maya, qui a parlé à l'AFP avant que les FDS annoncent avoir repris la prison.
Alors que la température avoisine 0 degré la nuit et que les coupures d'électricité sont fréquentes dans cette région, des centaines de femmes et d'enfants, tous déplacés ces derniers jours, vivent avec Maya dans une salle bondée de la mosquée. Beaucoup n'ont pas eu le temps d'emporter de quoi se chauffer.
Des organisations locales leur distribuent du pain, quelques légumes et des boîtes de conserves, mais rien de quoi constituer de véritables repas. Au milieu des cris incessants des enfants allongés par terre, des mauvaises odeurs se dégagent des lieux.
Fahima raconte avoir passé une première nuit dehors avec son mari et ses quatre enfants avant d'arriver à la mosquée.
"Nous avons quitté nos maisons contre notre volonté, après l'attaque de l'EI et le début des bombardements", confie à l'AFP cette jeune femme de 25 ans qui tente en vain de communiquer avec ses proches qui habitent près de la prison.
Elle aussi déplacée, Nabila présente un visage épuisé.
"On meurt de froid ici (..) Ce qu'on veut, c'est être en sécurité et rentrer chez nous", confie cette mère de sept enfants, les larmes aux yeux.
L.Muratori--NZN