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La France a adopté mardi sa première "stratégie polaire", qui fixe jusqu'en 2030 ses objectifs géopolitiques et environnementaux pour l'Arctique et l'Antarctique, et doit remédier au sous-financement de sa recherche scientifique dans ces régions cruciales pour l'avenir de la planète.
Cette stratégie, validée par le Premier ministre Jean Castex, a été présentée au Quai d'Orsay par l'ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes Olivier Poivre d'Arvor, nommé à ce poste à l'automne 2020.
C'est "une première dans l'histoire de notre pays", s'est félicité l'ambassadeur lors de la présentation de sa feuille de route. Cette dernière se veut "au service de la coopération européenne et internationale" aux pôles Nord et Sud, où le pays gère des programmes et des infrastructures de recherche scientifique.
La France souhaite "réinvestir fortement le champ scientifique" en Arctique, menacé par le dérèglement climatique, et désormais par un "dérèglement géopolitique" avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui préside actuellement le Conseil de l'Arctique, selon le document.
Le texte s'engage également à défendre le Traité de l'Antarctique de 1959 (54 Etats signataires), qui fait du continent blanc "une terre de paix et de science".
Afin d'y préserver la biodiversité, la France "continuera de demander à la Russie et à la Chine d'adopter la création de deux aires marines protégées", là où ces deux pays refusent d'y interdire la pêche.
Le document pointe du doigt un "déséquilibre important" dans les budgets consacrés aux pôles, comparé à d'autres pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis.
Pour remédier à ce "décrochage", il est prévu une centralisation du pilotage budgétaire par un "Conseil interministériel de la mer et des pôles". L'engagement financier porte sur une enveloppe comprise entre 400 et 700 millions d'euros, sur huit ans, contre un budget annuel actuellement d'environ 30 millions d'euros par an. L'écart de 300 millions d'euros dépendra essentiellement de l'achat ou non d'un navire brise-glace.
"C'est beaucoup par rapport à aujourd'hui, mais cela reste faible par rapport à d'autres acteurs internationaux", a dit Olivier Poivre d'Arvor.
Les moyens seront notamment investis dans la rénovation des stations antarctiques Dumont-D'Urville (entre 60 et 66 millions d'euros) et Concordia (15 millions d'euros) que la France cogère avec l'Italie.
L'Institut polaire Paul-Emile Victor (IPEV), qui gère depuis la France la logistique scientifique aux pôles et que le rapport qualifie d'"affaibli" par manque de moyens, devrait voir ses effectifs de scientifiques augmenter dans les deux hémisphères.
W.Odermatt--NZN