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Les Sud-Coréens ont commencé à voter mercredi pour renouveler leur Parlement, un scrutin qui fait aussi office de référendum pour ou contre le président Yoon Suk Yeol et son programme conservateur, après une campagne électorale polarisée et haineuse.
Le Parti démocrate (centre gauche) de Lee Jae-myung, le grand rival du président et qui a été grièvement blessé il y a trois mois dans une attaque au couteau, pourrait si l'on en croit les sondages accroître sa majorité à l'Assemblée nationale, Parlement monocaméral de 300 membres élus pour quatre ans.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 (21H00 GMT mardi) et fermeront à 18H00 (09H00 GMT), ont constaté des journalistes de l'AFP.
Dans un bureau de vote du district de Gwangjin, un quartier de Séoul, des électeurs faisaient ainsi patiemment la queue tôt mercredi matin pour montrer leurs documents d'identité, recevoir leur bulletins de vote, avant d'aller voter dans les isoloirs.
Les résultats sont attendus dans la nuit de mercredi à jeudi.
M. Yoon avait battu M. Lee de justesse lors de la présidentielle de 2022. Il a, depuis, mené une politique de fermeté à l'égard de la Corée du Nord tout en renforçant l'alliance de son pays avec les Etats-Unis et en se rapprochant du Japon, ancienne puissance coloniale avec laquelle les querelles historiques sont nombreuses.
Mais la cote de popularité du président n'a jamais décollé, restant souvent autour de 30%, et son absence de majorité parlementaire a entravé son programme politique socialement conservateur.
"Les prix et l'inflation restent élevés, le logement est cher et la polarisation politique demeure vive", poursuit ce chercheur.
- Découragement -
L'évolution démographique de la Corée du Sud, pays de 51 millions d'habitants, joue toutefois en faveur de M. Yoon: les électeurs âgés de 60 ans et plus, considérés comme plus conservateurs, sont plus nombreux que ceux âgés d'une vingtaine ou trentaine d'années.
Le taux d'abstention promet d'être massif chez les jeunes dont beaucoup se disent découragés par une classe politique dominée par des hommes âgés qui ignorent leurs préoccupations telles que le coût du logement ou la précarité de l'emploi.
Beaucoup estiment que ce travers a été mis en évidence de façon flagrante lors de la tragique bousculade de Halloween à Séoul en octobre 2022 qui avait fait plus de 150 morts, essentiellement des jeunes. Le drame a été imputé à une cascade de négligences de la part des autorités.
Le ton de la campagne a également rebuté de nombreux électeurs. Le débat politique de fond a été inexistant, remplacé par des appels à "emprisonner" Lee ou à "punir" Yoon, des discours haineux et une désinformation en ligne qui, redoutent les experts, pourrait conduire à d'autres agressions physiques comme celle dont M. Lee a été victime en janvier.
- Canard boiteux ou canard mort -
Une nouvelle formation, le Parti Reconstruire la Corée, a récemment connu une poussée dans les sondages, capitalisant sur le mécontentement à la fois à l'égard du gouvernement et de l'opposition.
Il est dirigé par un ancien ministre de la Justice, Cho Kuk, condamné à deux ans de prison pour avoir falsifié des documents afin de faciliter l'accès de ses enfants à des universités prestigieuses. Il a fait appel du jugement.
Le programme de son parti antisystème est des plus maigres, mais les sondages le donnent au coude-à-coude avec le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon. De quoi le transformer en faiseur de roi au Parlement.
"Je vais faire du président Yoon un canard boiteux, puis un canard mort", s'est vanté M. Cho à l'AFP.
Lee Jae-myung fait quant à lui l'objet de nombreuses enquêtes judiciaires, notamment pour une affaire de corruption en lien avec une entreprise soupçonnée d'avoir illégalement transféré huit millions de dollars en Corée du Nord. Il nie l'ensemble des accusations.
Quant au président Yoon, il est empêtré dans une polémique concernant son épouse, Kim Keon Hee.
La première dame sud-coréenne avait été piégée par un pasteur de gauche qui l'avait filmée en caméra cachée pendant qu'il lui offrait un luxueux sac à main Dior, en violation des règles interdisant aux dirigeants politiques et à leurs épouses de recevoir des cadeaux d'une valeur supérieure à 750 dollars.
Des sondages cités par l'agence de presse Yonhap suggèrent que le score de tous les partis d'opposition réunis pourrait atteindre ou dépasser les 200 sièges. Une "super-majorité" des deux tiers qui leur permettrait de contrecarrer le droit de veto du président, voire de le destituer.
Les Sud-Coréens avaient la possibilité de voter par anticipation vendredi et samedi, ce que 13,8 millions sur 44,2 millions d'électeurs dont le président Yoon ont choisi de faire.
W.O.Ludwig--NZN