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Un président impopulaire. Un opposant englué dans des scandales. Un ex-ministre de la Justice tombé en disgrâce. Un ancien procureur aux tactiques agressives.
Les Sud-Coréens sont appelés aux urnes mercredi pour désigner leurs 300 députés. Mais ils choisiront aussi ceux qu'ils détestent le moins parmi les dirigeants politiques.
Voici les portraits de quatre figures-clés du scrutin, même s'ils ne sont pas tous personnellement candidats.
- Le président Yoon Suk Yeol
Il a remporté l'élection présidentielle de 2022 avec la marge la plus faible de l'histoire du pays. Son mandat est marqué par une cote de popularité en berne, avec une Assemblée contrôlée par l'opposition.
Ancien procureur et novice en politique, il s'était fait connaître par ses enquêtes sans compromis dans des scandales de corruption.
Comme président, il a donné un nouveau tour à la politique étrangère du pays mais peine sur le front intérieur.
Son impopularité est "en partie due au manque de progrès réel sur des problèmes de politique intérieure et d'économie", explique à l'AFP Andrew Yeo, professeur de politique à l'Université catholique d'Amérique. "Les prix et l'inflation restent élevés, les logements sont chers et la polarisation politique reste forte".
Bien qu'il ne participe pas au scrutin, il a beaucoup à y gagner ou à perdre. Si son Parti du pouvoir au peuple (PPP) ne parvient pas à récupérer la majorité parlementaire, il aura du mal à appliquer son programme durant le reste de son mandat qui s'achève en 2027.
- Lee Jae-myung
M. Lee a perdu l'élection présidentielle de 2022 face à M. Yoon et devrait se représenter en 2027, malgré une cascade d'enquêtes contre lui pour corruption présumée, dont une affaire liée à un contournement présumé des sanctions frappant la Corée du Nord. Il nie les accusations et des procès sont en cours.
Enfant d'ouvrier devenu dirigeant politique de premier plan, Lee Jae-myung a un parcours atypique dans un pays obsédé par l'origine sociale. Il axe son discours sur la lutte contre les inégalités.
Poignardé au cou en janvier par un homme qui s'était fait passer pour un de ses partisans, M. Lee a dénoncé la "politique de la haine" dans le pays tout en continuant de critiquer M. Yoon et le PPP.
Si son Parti démocrate s'imposait mercredi, il serait perçu comme "le prochain président le plus probable", dit à l'AFP Vladimir Tikhonov, professeur d'études coréennes à l'Université d'Oslo.
Lee Jae-myung a fait des déclarations qualifiées de "pro-Chine" par ses adversaires, et sa formation prône une politique moins dure envers Pyongyang.
M. Lee est "bien moins susceptible de suivre Washington avec aveuglement que Yoon", dit M. Tikhonov. "Il sera un partenaire de négociation plus difficile".
- Cho Kuk
Naguère étoile montante de la politique, l'ancien ministre de la Justice était considéré comme présidentiable avant un scandale qui a frappé sa famille en 2019. L'enquête était dirigée par l'actuel président Yoon.
Accusée d'avoir falsifié des documents pour permettre à ses enfants d'entrer à l'université, la femme de M. Cho a passé plus de trois ans en prison, sa fille a été contrainte de renoncer à sa licence de médecine, et M. Cho lui-même a été condamné à deux ans de prison mais reste en liberté en attendant le résultat de son appel.
Cho Kuk a lancé le mois dernier le parti Reconstruire la Corée. Cette formation, farouchement anti-gouvernementale, est au coude-à-coude avec le PPP dans les récents sondages.
M. Cho "était une figure très populaire avant de tomber en disgrâce et dispose toujours d'une base de supporters parmi les électeurs libéraux", explique à l'AFP Gi-wook Shin, professeur de sociologie à l'Université de Stanford.
Et l'ascension de son parti illustre la déception de nombreux soutiens du Parti démocrate, poursuit-il.
Le succès de cette troisième force "envoie un message selon lequel les gens pensent que les deux partis principaux ne les représentent pas réellement", déclare à l'AFP Linda Hasunuma, spécialiste de la politique à l'Université de Temple. "Il est le vote contestataire".
- Han Dong-hoon
Han Dong-hoon, chef du PPP et ancien procureur vedette, a travaillé aux côtés de M. Yoon sur de grosses affaires de criminalité financière, notamment la vente de la Korea Exchange Bank, aujourd'hui disparue, au fonds américain Lone Star Funds, qui a donné lieu à un contentieux d'une décennie.
Connu pour son style tenace et intransigeant, il a aussi enquêté sur des affaires impliquant des dirigeants de chaebols, conglomérats familiaux qui jouent un rôle central dans l'économie sud-coréenne.
Ministre de la Justice sous M. Yoon, il a démissionné pour prendre la tête du PPP, où il est très populaire auprès de la base conservatrice du parti. Il ne se présente pas aux élections, car le chef du parti ne peut devenir député.
T.Gerber--NZN