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Une gastro qui frappe un grand nombre d'athlètes ou de visiteurs ayant mangé au même endroit ? C'est pour éviter un tel scénario catastrophe que la France augmente les contrôles sanitaires autour des futurs sites olympiques.
Un coup d'œil pour vérifier la clarté des huiles de friture, le fonctionnement des hottes aspirantes, la propreté des poêles et bacs inox, la mise à disposition en quantité suffisante de savon bactéricide, ou repérer d'éventuelles traces du passage de rongeurs ou blattes...
En présence du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, un inspecteur a fait vendredi matin le tour d'un restaurant de Saint-Ouen, commune de Seine-Saint-Denis limitrophe de Paris, qui accueille un bout du village olympique et est proche du Stade de France (athlétisme, rugby), du centre aquatique ou encore de l'Arena Paris Nord (boxe, pentathlon moderne).
Pas de suspense sur l'issue du contrôle dans l'enseigne rutilante: les gérants de cette succursale de la chaîne de restauration Poulet Braisé, ouverte depuis fin août, étaient prévenus de la visite.
L'État voulait ainsi rappeler qu'il entend "contrôler la quasi-totalité des établissements à proximité" des sites olympiques, selon le cabinet du ministre. Sont concernés les restaurants, traiteurs, boulangeries, snacks, supérettes.
Sur la seule commune de Saint-Ouen, cela représente "quelques centaines d'établissements", a précisé vendredi Xavier Rosière, cadre à la direction de la protection des populations de Seine-Saint-Denis.
La veille, la préfecture a annoncé dans un tweet la fermeture d'une boulangerie située à quelques pas du restaurant arpenté par le ministre. Elle évoque notamment, photos à l'appui, la présence de rongeurs. Le responsable pourra rouvrir s'il met "en œuvre des actions correctives appropriées".
Depuis le début de l'année, selon le ministère, "déjà 1.500 contrôles ciblés JO" ont été réalisés en Ile-de-France.
"On voit plus souvent les inspecteurs", remarque Sofiane Amrar, le directeur du réseau Poulet Braisé pour qui "la quasi-totalité de nos restaurants" de Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise "ont été passés au crible".
"C'est salutaire", estime-t-il, "pour mettre en lumière" les bons élèves et "enlever" les cancres.
- Aussi une question de "réputation" -
Une "toxi-infection alimentaire collective (...) est jugée (...) comme un des plus hauts niveaux de risque" autour de l'organisation des JO de Paris, "puisque ça peut mettre en danger l'organisation des compétitions en tant que telles, si des athlètes tombent malades" et que cela "engage la réputation de la France", souligne le cabinet du ministre.
Au total, 142 agents (en équivalent temps plein, ETP) de l'État sont en temps normal chargés de ce type de contrôles dans les départements qui vont accueillir des événements olympiques. Ils ont le renfort de 31 ETP, "dont 26 en Ile-de-France, où la grande majorité des épreuves auront lieu", selon le ministère. Parmi eux, l'inspecteur qui a conduit le contrôle devant Marc Fesneau, incertain sur son avenir après les Jeux.
Les effectifs de l'agence sanitaire Anses ont également été renforcés, "à hauteur de sept ETP", pour "accroître nos capacités d'analyse en laboratoire et donc notre réactivité en cas d'événement sanitaire", précise le ministère.
L'État prévoit aussi d'inspecter, avant le démarrage des Jeux, "tous les établissements" qui serviront à manger au sein des sites olympiques.
"Il serait quand même assez délicat qu'on ait plusieurs centaines de milliers de personnes qui tombent malades en même temps du fait des repas qui ont été servis par les prestataires" des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre), remarque le cabinet de Marc Fesneau.
Il est estimé que 13 millions de repas ou snacks seront servis dans l'enceinte des seuls sites labellisés JO : cantines pour les athlètes et les volontaires, stands de restauration pour les visiteurs...
Au-delà des JO, "pour protéger les citoyens français", le gouvernement veut porter de 55.000 à 100.000 - donc "quasiment doubler" avec le concours d'opérateurs privés - le nombre de contrôles réalisés chaque année en France dans les établissements dits "de remise directe" aux consommateurs (restaurateurs, artisans, vendeurs sur les marchés...).
La France compte 600.000 établissements de ce type.
W.Odermatt--NZN