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Israël et l'Iran ont échangé de nouvelles menaces après l'attaque massive et sans précédent lancée par Téhéran contre son ennemi, qui a aggravé le risque d'un embrasement du Moyen-Orient, déjà ébranlé par la guerre dans la bande de Gaza.
Israël va "riposter au lancement de ces si nombreux missiles de croisière et drones sur le territoire de l'Etat d'Israël", a déclaré lundi soir le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, en visitant la base de Nevatim, dans le sud du pays, touchée par une frappe.
La guerre pendant ce temps ne montre aucun signe de répit dans la bande de Gaza, assiégée depuis plus de six mois et menacée de famine, où l'offensive israélienne contre le Hamas, allié de l'Iran, a fait 46 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré mardi, devant des nouvelles recrues de son armée, qu'Israël combattait "sans pitié" le Hamas, "afin de repousser un ennemi brutal, les monstres qui nous ont attaqués".
- "Au moment que nous choisirons" -
Pendant la nuit de samedi à dimanche, après des mois de tensions croissantes à travers la région, l'Iran avait pour la première fois lancé une attaque directe contre Israël, en représailles à une frappe meurtrière contre le consulat iranien à Damas, en Syrie, le 1er avril, attribuée à Israël.
"Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger l'État d'Israël, et nous le ferons à l'occasion et au moment que nous choisirons", a affirmé lundi le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari.
Depuis dimanche, les appels se multiplient dans le monde entier pour empêcher une riposte massive qui risquerait d'embraser davantage la région.
Israël a annoncé avoir intercepté, avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays alliés dont la France et le Royaume-Uni, mais aussi la Jordanie et l'Arabie saoudite, la quasi-totalité des 350 drones et missiles lancés par l'Iran contre son territoire.
Benjamin Netanyahu, sous très forte pression pour éviter une escalade, a appelé lundi la communauté internationale à "rester unie" face à "l'agression iranienne, qui menace la paix mondiale".
- "Droit à l'autodéfense" -
Mais après avoir fait front avec leurs alliés contre l'attaque iranienne, les Etats-Unis ont dit ne pas vouloir "d'une guerre étendue avec l'Iran" et prévenu qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles, tout en affichant leur soutien "inébranlable" à Israël.
Le président américain Joe Biden a appelé lundi Israël à éviter une escalade régionale et à oeuvrer à un "cessez-le-feu" à Gaza, associé à une libération des otages.
Le Royaume-Uni et la France ont eux aussi pris leurs distances.
La République islamique, qui appelle à la destruction d'Israël, s'était gardée jusqu'à présent de l'attaquer frontalement et les deux pays avaient l'habitude de s'affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis, alliés de l'Iran.
Téhéran a affirmé avoir agi "en exerçant son droit à l'autodéfense" et a dit considérer "l'affaire close".
- "Une seule boulangerie" -
Mardi, des bombardements israéliens ont visé la bande de Gaza, notamment la ville de Khan Younès, dans le sud, où 15 personnes dont des enfants ont été tuées, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L'armée s'était retirée début avril de cette ville après plusieurs mois de combats. L'ONU a annoncé mardi que la présence dans les ruines de munitions non explosées, "y compris des bombes de 500 kilos dans des écoles et sur des routes", compliquait l'évaluation des dégâts, après une mission d'inspection sur place.
Dans la ville de Gaza, une longue file s'est formée devant une boulangerie qui vient de rouvrir, où de nombreux employés tentaient de servir les clients qui attendaient depuis de longues heures, selon des images de l'AFP.
"J'ai attendu six heures pour avoir une miche de pain", a témoigné un homme, Khaled al-Ghoula. "C'est très difficile, c'est injuste de n'avoir qu'une seule boulangerie pour nourrir toute la bande de Gaza", a-t-il ajouté.
Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), le volume d'aide humanitaire autorisé par Israël à entrer dans la bande de Gaza, principalement depuis l'Egypte, reste très inférieur à l'objectif de 500 camions par jours, avec "181 camions" chaque jour depuis le début avril.
Le Hamas continue à réclamer un cessez-le-feu définitif tandis que Benjamin Netanyahu maintient son projet d'offensive terrestre contre la ville de Rafah, dans le sud, qu'il présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste.
La communauté internationale redoute un bain de sang dans cette ville frontalière avec l'Egypte, devenue un refuge pour un million et demi de Palestiniens, la plupart des déplacés.
L'armée a annoncé mardi avoir poursuivi ses opérations dans le centre de Gaza et avoir tué avec des tirs de chars "des terroristes qui s'avançaient vers eux".
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien depuis Gaza, qui a fait 1.170 morts, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 33.843 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
W.O.Ludwig--NZN