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Emmanuel Macron a défendu jeudi au Havre les éoliennes honnies par sa rivale Marine Le Pen, les deux finalistes à la présidentielle confrontant durement leurs projets dans une campagne électrique avant le second tour le 24 avril.
Multipliant les bains de foule, le président sortant a été accueilli à la mi-journée au Havre par son ancien Premier ministre Edouard Philippe, se mêlant ensuite à des citoyens pour échanger avec eux.
Quelques militants CGT chantent "On est là", le cri du coeur des manifestations des "gilets jaunes".
La cité portuaire, à l'instar de nombreuses grandes villes en France, a placé dimanche le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon en tête des suffrages, près de trois points devant Emmanuel Macron.
Face à une dame qui l'interpelle sur la démocratie, Emmanuel Macron répond: "si on était pas en démocratie, vous ne pourriez pas me dire cela madame. Il y a des pays où ce n'est pas possible, même en Europe".
Les deux candidats accélèrent le tempo dans la dernière ligne droite avec l'objectif de convaincre les indécis, ceux qui ont voté Jean-Luc Mélenchon et les 12,8 millions de personnes qui se sont abstenues dimanche.
C'est ce qu'est allé faire le Premier ministre Jean Castex à l'autre bout du monde jeudi, à La Réunion, dans ce département d'Outre-mer le plus peuplé et où 40% des voix sont allées au leader insoumis au premier tour.
Pouvoir d'achat, réforme des retraites, diplomatie et construction européenne, éoliennes: le président sortant et la candidate d'extrême droite défendent des projets radicalement différents et se rendent coup pour coup.
Si les sondages donnent pour l'instant Emmanuel Macron vainqueur (53 à 55%), le match retour s'annonce beaucoup plus serré qu'en 2017.
"Cette fois-ci cette stratégie du +tout sauf Le Pen+ ne fonctionne plus, en partie d'ailleurs parce que elle s'est dédiabolisée, en partie parce qu'il faut convaincre les gens (...) c'est vraiment du projet contre projet, argument contre argument, ligne à ligne qu'il faut faire sur tous les enjeux qui nous séparent violemment, totalement, du projet de Marine Le Pen (...), sur tout", explique sur RFI un proche du président, Roland Lescure.
Après une campagne de premier tour en pointillés en raison de la guerre en Ukraine, le président-candidat enchaîne les déplacements en région.
"Il corrige avec une humilité feinte ou pas, mais aller se faire fouetter par les électeurs, comme il le fait, mécontents et hostiles, c'est une façon aussi de purger l'anti-macronisme" dans le pays, relève le politologue Jérôme Jaffré, sur France Inter.
- Éoliennes -
Emmanuel Macron visitera dans l'après-midi le port du Havre, la plus grande plateforme française pour les conteneurs, avant de se rendre à l'usine de production d'éolienne en mer Siemens Gamesa.
Il a dit vouloir "montrer la force de l'écologie. Nous sommes en train non seulement de développer des éoliennes, mais on les produit", en ajoutant: "Je vous confirme, nous on les produit, on ne les démonte pas".
Marine Le Pen s'oppose aux éoliennes, une "tâche" dans le paysage de France, préférant renforcer le nucléaire.
Dans le sud-est, terrain plutôt favorable aux thématiques de l'extrême droite sur l'immigration par exemple, la candidate devait tenir en soirée, en Avignon, son premier grand meeting de l'entre-deux tours.
Elle n'est arrivée qu'en troisième position (près de 19% des voix) dimanche dans la cité des papes, 18 points derrière le leader Insoumis et juste derrière Emmanuel Macron. Mais dans l'ensemble du département du Vaucluse, la candidate RN a pris le large avec près de 30% des suffrages.
Ici, des électeurs du "bas de la classe moyenne" ont choisi l'extrême droite comme une "défense" face à l'angoisse du déclassement, explique à l'AFP Christèle Lagier, maîtresse de conférence de sciences politiques à l'université d'Avignon.
Invitée jeudi matin de l'émission les 4 vérités sur France 2, elle a défendu sa position annoncée la veille en faveur d'un rapprochement stratégique de l'Otan avec la Russie après la guerre en Ukraine.
"L'opposition entre Otan et Russie n'a pas de raison d'être alors que la Russie n'est plus un Etat totalitaire. Aujourd'hui la Russie n'est pas l'URSS", et "tout le monde" se rapprochera de la Russie une fois la guerre finie", a estimé sur France Inter Franck Allisio, conseiller de la candidate.
Elle a aussi défendu la banalisation du référendum en souhaitant qu'il "devienne un outil classique de fonctionnement. Je ne veux pas que le référendum serve à dire oui ou non à quelqu'un mais oui ou non à quelque chose".
Comme son adversaire, elle lorgne la réserve potentielle de voix des Mélenchonistes. Si elle considère que certains Insoumis sont "islamogauchistes" et que Jean-Luc Mélenchon fait preuve de "complaisance à l'égard de l'islamisme", elle a insisté, sur France 2, sur le fait que "tous ses électeurs ne sont pas sur cette ligne-là".
A.Wyss--NZN