AEX
0.9500
Deux ennemis jurés, un président candidat contre l'avis des juges, et la droite nationaliste qui se voit en faiseuse de roi: la Croatie a commencé à voter mercredi au terme d'une campagne tendue pour des législatives qui pourraient pourtant donner un Parlement quasiment identique au précédent.
A 09h30 GMT (11h30 locales), 24% des électeurs s'étaient déplacés, contre 18% à la même heure lors du dernier scrutin, en 2020, a annoncé la commission électorale.
Premiers rôles de ces élections, le président de gauche aux accents populistes Zoran Milanovic et le Premier ministre conservateur sortant Andrej Plenkovic, deux ennemis jurés de la politique croate, n'ont cessé d'échanger des noms d'oiseaux au fil de la campagne.
Accusant Plenkovic d'être un "parrain" à la tête "du gouvernement le plus corrompu de l'histoire de la Croatie", Milanovic a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption, pointant notamment la nomination à un poste clef d'un juge soupçonné de liens avec des criminels, le tout dans un vocabulaire fleuri.
"Quand vous avez affaire à des voleurs et des sauvages qui profitent de leur pouvoir, vous devez réagir ainsi, vous devez montrer vos muscles, et je sais ça", a-t-il répondu mercredi après avoir voté.
Le président a aussi fait fi de l'avis des juges qui ont estimé sa candidature inconstitutionnelle tant qu'il ne démissionnait pas de la présidence.
Plenkovic, en poste depuis 2016, a aussi fait campagne sur la stabilité qu'il dit pouvoir offrir aux 3,8 millions d'habitants.
"Je suis tout à fait favorable à ce que les Croates optent pour une Croatie où la constitution et l'ordre constitutionnel sont respectés", a-t-il dit après avoir voté dans la capitale, Zagreb. "Compte tenu du changement du contexte géopolitique – à l’échelle mondiale, européenne et régionale – la Croatie a besoin de personnes sérieuses et responsable, pour être ainsi protégée de toutes les crises possibles qui pourraient survenir" a ajouté Plenkovic.
C'est sous son mandat que la Croatie a rejoint la zone euro et Schengen, Mais avec un salaire mensuel moyen de 1.240 euros, le pays reste l'un des plus pauvres de l'Union européenne.
-
"Le HDZ a été un peu trop longtemps au pouvoir, et ce qui dure trop longtemps n'est jamais bon", explique à l'AFP Damir Modric, un retraité de 67 ans à la sortie du bureau de vote. "Mais bon, comme toute l'Europe penche de plus en plus à droite, ici ce sera probablement la même chose".
Les sondeurs, qui ont longtemps donné le HDZ de Plenkovic grand gagnant, ont cependant été secoués par l'entrée en lice de Milanovic mi-mars.
Le président, parmi les hommes politiques les plus populaires du pays, a redonné de l'élan aux sociaux-démocrates du SDP. Sans leur permettre de prendre la tête des intentions de vote, mais en compromettant le raz-de-marée auparavant promis aux conservateurs.
Selon les derniers sondages, le HDZ pourrait recueillir 30% des voix, suivis par le SDP, avec 20% - insuffisant, dans les deux cas, pour avoir la majorité des 151 sièges du Parlement.
Le parti nationaliste de droite Mouvement patriotique se hisse à la troisième place et espère être le faiseur de roi.
Depuis 2020, le HDZ s'allie au Parlement avec les libéraux et des députés représentant les minorités pour avoir la majorité.
Les bureaux de vote ont ouvert à 05H00 GMT et fermeront 12 heures plus tard.
O.Hofer--NZN