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Le Parlement géorgien a adopté en première lecture mercredi un texte controversé sur l'"influence étrangère", comparé par ses détracteurs à une loi russe répressive sur les "agents de l'étranger" et à l'origine d'importantes manifestations.
Selon les manifestants, cette législation est liberticide et pourrait menacer le rapprochement de la Géorgie, une ex-république soviétique du Caucase, avec l'Union européenne.
Lors d'un vote boycotté par l'opposition, le parti du Rêve géorgien, au pouvoir, a voté à 83 voix contre zéro en faveur de ce projet de loi.
Deux autres lectures devraient suivre, un processus qui pourrait prendre des semaines, d'autant que la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, pro-européenne et en conflit avec le gouvernement, pourrait mettre ensuite son veto.
Les députés proches du pouvoir disposent cependant d'une majorité suffisante pour le surmonter.
L'UE, qui a accordé en décembre à la Géorgie le statut de candidat, a demandé l'abandon du texte, estimant qu'il va à l'encontre du programme de réformes que le pays doit entreprendre pour progresser sur la voie de l'adhésion.
Le projet de loi actuel "éloignera la Géorgie de l'UE au lieu de l'en rapprocher", a affirmé mardi sur X le président du Conseil européen, Charles Michel.
- "Non à la loi russe" -
Des milliers de personnes ont manifesté contre le texte lundi et mardi à Tbilissi, faisant redouter des violences, à quelques mois d'élections législatives test prévues en octobre.
Des policiers anti-émeute ont poursuivi mardi soir des manifestants dans des ruelles proches du Parlement où des députés étaient en train de voter sur la formulation définitive du projet de loi.
Le ministère géorgien de l'Intérieur a affirmé mardi soir qu'un agent de police avait été blessé et appelé les contestataires à "cesser leurs actions illégales".
Une nouvelle manifestation est prévue mercredi soir.
Mardi soir, des milliers de manifestants ont notamment scandé "non à la loi russe!".
Le texte est comparé à la loi russe sur les "agents de l'étranger" utilisée par le Kremlin depuis 2014 pour persécuter les voix dissidentes, ONG et médias indépendants.
Le gouvernement géorgien assure qu'il vise uniquement à plus de "transparence" dans le financement des organisations.
Pour sa part, la présidente Zourabichvili a estimé que la mesure allait contre "la volonté de la population". "Il s'agit d'une provocation directe, d'une stratégie russe de déstabilisation", a-t-elle affirmé.
La Géorgie a l'ambition depuis des années d'approfondir ses relations avec les Occidentaux mais le parti au pouvoir est accusé de vouloir, au contraire, rapprocher ce pays de 3,7 millions d'habitants de la Russie.
Lundi, des députés du pouvoir et de l'opposition en étaient venus aux mains au cours d'un échange sur le texte, provoquant une bagarre dans l'hémicycle.
Une première mouture de ce projet de loi avait été abandonnée en mars 2023 après des manifestations massives de protestation qui avaient été dispersées par la police au moyen de gaz lacrymogène et de canons à eau.
D.Smith--NZN